Pauline Marois ne voulait pas faire de référendum

Des révélations choc de l’ancien chef de cabinet adjoint de l’ex-première ministre

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Chronique d'un naufrage






Pauline Marois ne croyait pas à la tenue d’un référendum alors même que cette question a coulé la campagne électorale du Parti québécois en 2014.




«Je ne crois pas que nous pourrons annoncer la tenue d’un référendum dans le prochain mandat. Le contexte n’est pas là», a affirmé la première ministre de l’époque lors d’une rencontre privée en août 2013, révèle son ancien chef de cabinet adjoint Dominique Lebel dans un ouvrage publié aujourd’hui.




Le bras droit de Mme Marois, Nicole Stafford, ajoutait alors que la «peur d’un référendum» expliquait les résultats médiocres du PQ en 2012. Un mandarin a d’ailleurs prévenu Mme Marois que les libéraux imposeraient le thème référendaire lors de la prochaine campagne électorale.




 











Pauline Marois




Photo courtoisie jean-rené parenteau





L’arrivée de PKP




Cette dernière voulait s’éloigner de cette question embarrassante en promettant un «livre blanc» sur «l’avenir du Québec», et non pas sur la souveraineté. L’arrivée fracassante de Pierre Karl Péladeau – et son poing levé – a fait dérailler le train.




«On se retrouve dans la situation absurde où les péquistes pensent qu’il n’y aura pas de référendum, alors que les libéraux et les caquistes pensent qu’il y en aura un», écrit Dominique Lebel dans son livre Dans l’intimité du pouvoir, où il revient en détail sur les 18 mois de ce gouvernement minoritaire.




 











Pauline Marois




Photo courtoisie jean-rené parenteau





Des hauts et des bas




La première moitié de mandat est difficile, les crises se succèdent et les sondages sont désastreux. Puis il y a la tragédie de Lac-Mégantic. C’est là que la population voit dans Pauline Marois une première ministre pour la première fois, estime l’auteur.




Dans son livre, il n’épargne pas ceux qui sont partis: Yves-François Blanchet a «violemment réagi» lorsqu’il a su qu’il ne serait pas ministre. Marie Malavoy est poussée à la retraite par son «amie» Pauline Marois, qui lui dit: «Si tu te représentes, tu ne seras pas ministre».




Il protège toutefois l’identité de ceux qui sont toujours là. Des ministres croyaient que Pierre Karl Péladeau avait coulé la campagne électorale du PQ. L’un d’entre eux a affirmé qu’il «ne durerait pas trois mois». M. Lebel se défend: «Je n’identifie pas les intervenants lors des conseils de ministres».




Sur la charte, il pense que Bernard Drainville s’est fait prendre à son propre jeu: «Il ne voulait plus faire de compromis. Il croyait qu’il pouvait passer au travers de la CAQ.» Ce projet incommodait plusieurs ministres et près de la moitié d’entre eux y étaient défavorables, estime-t-il.





Pauline Marois


Élue le 4 septembre 2012



Parti québécois


  • 54 députés

  • 31,9 % des voix



Parti libéral 


  • 50 députés

  • 31,20 % des voix




Coalition avenir Québec


  • 19 députés

  • 27 % des voix




Battue le 7 avril 2014


 


Parti libéral 


  • 70 députés

  • 41,5 % des voix



Parti québécois


  • 30 députés

  • 25,3 % des voix




Coalition avenir Québec


  • 22 députés

  • 23 % des voix




«L’humiliation totale»


Jusqu’à la toute fin de la campagne, Pauline Marois croyait que le gouvernement serait libéral, mais minoritaire. Elle n’a jamais vu venir sa défaite dans Charlevoix. «Me faire battre dans mon comté, c’est l’humiliation totale», a-t-elle dit à ses conseillers. Le discours est immédiatement modifié. 



Ce que Dominique Lebel a dit au rédacteur de discours de Mme Marois, Stéphane Gobeil...


 


-
«Tu peux écrire qu’elle quitte ses fonctions.»


-
«Dès ce soir?»


-
«Oui, ce soir.»


 

Lebel voyait venir la vente de St-Hubert


 


Lors d’une rencontre avec Jean-Pierre Léger, président et fondateur de St-Hubert, Dominique Lebel voit que quelque chose ne tourne pas rond. «En le quittant, je m’interroge sur l’avenir de [l’entreprise]. Il ne semble pas être dans une logique de transfert intergénérationnel. Une situation qui allume toujours un feu orange dans ma tête», note-t-il. Deux ans plus tard, l’entreprise est vendue à un géant ontarien. «Quand c’est arrivé, j’ai montré le passage du livre à ma femme», confie-t-il au Journal.


 


Jean Lapierre omniprésent


 


Le chroniqueur regretté Jean Lapierre apparaît souvent dans les carnets de Dominique Lebel. Affable, souriant, influent, il dîne à quelques reprises avec lui. Son truc pour soutirer de l’information? «Il parle beaucoup» et fait des confidences. Il n’hésitait pas à donner des conseils. Juste avant les élections, il lui dit: «Votre défi sera de rester sur votre message. Les attaques personnelles seront terribles, surtout en provenance de Legault qui n’a plus rien à perdre.»


 


Loin de l’équilibre budgétaire


 



En septembre 2013, le sous-ministre aux Finances Luc Monty annonce au bureau de la première ministre que le gouvernement se dirige vers un déficit de 2 milliards et n’atteindra pas l’équilibre budgétaire. Cette information ne sera pas communiquée au public avant le 28 novembre et Nicolas Marceau continuera de dire que l’objectif est l’équilibre. Pourquoi mentir? «On continuait d’espérer, d’avoir une bonne nouvelle», dit Dominique Lebel.


 

Plan secret pour acheter des alumineries





 


Le gouvernement péquiste avait un plan secret de «plusieurs milliards» de dollars pour prendre le contrôle d’alumineries québécoises. «Le projet se cache sous un nom de code tant la question est sensible», écrit Dominique Lebel. À ce moment, le prix de l’aluminium est au plus bas et Alcoa menace en privé de fermer toutes ses usines du Québec. L’opération de «plusieurs milliards» qui comporte une «importante part de risque» n’aura finalement jamais lieu, par manque de temps: le gouvernement déclenchera des élections et sera battu.



 

Maltais furieuse contre Bédard


 


Agnès Maltais a payé un lourd prix politique pour des compressions en aide sociale qui ont durablement terni l’image du gouvernement Marois, a souligné Dominique Lebel. Il rapporte d’ailleurs qu’il y avait des frictions entre Mme Maltais et le président du Conseil du trésor, Stéphane Bédard, qui imposait les cibles budgétaires. À un moment, au Bureau de la première ministre, on a constaté que ces coupes étaient indéfendables.



 


 



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