Difficile d'être en accord avec la recommandation des commissaires Bouchard et Taylor à propos du port du hidjab à l'école.
Les commissaires estiment que les enseignants qui le désirent devraient avoir le droit de porter la kippa, le turban ou le hidjab en classe.
«L'interdiction de signes religieux (...) favorise ceux pour qui les convictions philosophiques, religieuses ou spirituelles n'exigent pas le port de tels signes», écrivent-ils.
Ce raisonnement est quelque peu tordu. Interdire un symbole religieux en classe ne «favorise» personne, il assure seulement que l'école, lieu de formation et d'apprentissage, demeure un espace neutre.
En outre, les commissaires ont tort de mettre dans le même sac la kippa, le crucifix, le turban et le hidjab. Le hidjab est lourdement chargé de signification pour les femmes. Il symbolise entre autres leur soumission aux hommes. Faire abstraction de ce sens relève de la naïveté.
Au cours des dernières années, le voile a été intimement associé au mouvement intégriste et, bien que toutes les femmes musulmanes qui le portent ne soient pas des fondamentalistes, on ne peut ignorer le fait que des intégristes se soient approprié ce symbole. D'ailleurs, des musulmanes refusent de le porter pour ces raisons. Au cours des dernières années, plusieurs musulmans et musulmanes ont en outre rappelé que le Coran n'obligeait pas la femme à être voilée, en totalité ou en partie.
Preuve supplémentaire que le voile est fortement lié à l'oppression des femmes: lorsque les fondamentalistes prennent le pouvoir, ils s'empressent d'imposer le port du voile. Dans ce geste, il y a la volonté de limiter les droits des femmes, de les rendre inférieures aux hommes. Il n'y aucun doute là-dessus.
Le voile ne symbolise pas uniquement la soumission à l'homme. Il est également symbole de modestie féminine. En le revêtant, la femme se soustrait au regard masculin qui ferait d'elle un être impur. Ces interprétations et les valeurs qui s'y rattachent vont à l'encontre des principes égalitaires propres à la société québécoise, principes d'ailleurs reconnus dès les premières lignes du rapport Bouchard-Taylor.
Pour toutes ces raisons, il faut interdire le port du hidjab aux enseignantes des écoles primaires. Il faut convenir que l'enseignante n'est pas une citoyenne comme les autres. Aux yeux des élèves, elle représente l'autorité. Elle est un modèle. À l'école primaire en particulier, la parole de l'enseignante a beaucoup de poids. Aux yeux d'un enfant, le professeur détient les connaissances, le savoir, la Vérité avec un grand V. D'où l'importance de s'assurer qu'elle ne véhicule aucun symbole qui peut être interprété comme un signe de soumission. Au secondaire, au collégial ou à l'université, les élèves et étudiants ont la maturité intellectuelle nécessaire pour discuter et échanger à propos du choix d'une femme à porter le voile. Pas à l'école primaire.
Dans leur rapport, les deux commissaires observent que des enfants exposés à la diversité en bas âge seront en mesure de mieux démystifier les différences. Soit. Mais il existe bien d'autres façons de développer l'ouverture d'esprit des enfants: avec leurs camarades de classe issus de communautés religieuses différentes, dans le cadre des cours de culture religieuse, par l'entremise des médias, etc. L'enseignante, elle, doit être affranchie de tout symbole qui pourrait laisser entendre qu'elle n'est pas considérée sur le même pied d'égalité que les hommes.
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