L'ex-premier ministre Jacques Parizeau soutient que la direction du Parti québécois fait preuve d'un « zèle intempestif » pour empêcher tout débat sur les préparatifs référendaires lors de son congrès, qui se tiendra du 15 au 17 avril.
Dans une lettre publiée par le quotidien Le Devoir, il déplore que l'article 1 de la proposition principale qui sera débattue au congrès « est muet à la fois quant à la préparation du référendum et quant à l'utilisation des fonds publics » que ferait un gouvernement péquiste porté au pouvoir.
Selon lui, l'actuelle proposition consacre un « flou artistique » dont les militants ne veulent plus, et qui pourrait empêcher un gouvernement péquiste de passer à l'action advenant sa victoire aux prochaines élections.
M. Parizeau déplore que la proposition Crémazie, défendue par sa femme, la députée Lisette Lapointe, ait été récemment rejetée par les instances du parti. « Cela n'est pas raisonnable. On doit transformer le projet en chantier, puis le chantier en projet », écrit-il.Il faut se ressaisir. Le pouvoir semble être à portée de la main. Il faut être clair quant à ce qu'on veut en faire.
— Jacques Parizeau
L'amendement Crémazie proposait de créer immédiatement une commission de préparation à la réalisation de la souveraineté et décrétait qu'une fois arrivé au pouvoir, le Parti québécois prendrait « les moyens techniques et juridiques nécessaires pour parachever les études [sur la souveraineté], préciser les projets et en assurer la diffusion dans le public ».
« Avec un zèle intempestif, on fait pression à travers l'organisation pour que tout amendement à l'article 1 soit considéré comme attentatoire à l'autorité de la chef », écrit celui qui a dirigé le Québec de septembre 1994 à janvier 1996. « On voulait leur interdire de discuter de ce qui, pour la plupart, est la principale motivation de leur militantisme. »
La proposition Crémazie a été jugée non recevable par le comité directeur du congrès. Cette décision a été portée en appel. Le verdict final revient cependant au même comité directeur qui a pris la décision d'écarter la proposition défendue par Mme Lapointe.
Selon M. Parizeau, le Parti québécois doit au contraire se préparer à répondre à une « très longue » liste de questions au sujet du projet souverainiste. Il soutient que, parce qu'il était bien préparé, son gouvernement était prêt à passer à l'action lorsqu'il a été élu en 1994.
« La préparation a coûté cher. Et la prochaine fois, ce sera cher aussi. Si, cependant, on s'est fait élire pour procéder et qu'on a rien caché, on procède. C'est le sens de la démocratie », plaide-t-il.
À défaut d'annoncer clairement ses couleurs, explique M. Parizeau, le Parti québécois pourra difficilement engager des fonds publics pour réaliser ses objectifs. C'est ce qui s'est produit « à partir de 1996 », précise M. Parizeau, faisant référence au gouvernement de Lucien Bouchard.
Selon Le Devoir, Lisette Lapointe s'est dite « assez atterrée » par la décision du comité, tout en gardant espoir pour l'appel.
L'ex-député péquiste Daniel Turp, qui brigue la présidence du parti, a également fait par de son désaccord. « Je ne suis vraiment pas heureux de la tournure des événements, parce que je crois que les gens ont le droit de débattre », a dit M. Turp, qui affirme s'être plaint « à qui de droit ».
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