Guy Ouellette a raison de dire que l’allocution qu’il s’apprête à prononcer aujourd’hui à l’Assemblée nationale sera « le discours de sa vie ».
Il y joue rien de moins que sa crédibilité, chèrement acquise au cours d’une carrière policière remarquable et d’un parcours de parlementaire studieux.
On peut comprendre sa rage d’avoir été arrêté sans mandat par l’UPAC, lui, un des fondateurs de l’escouade Carcajou, après avoir été piégé et alors que, six jours plus tard, aucune accusation n’a encore été déposée.
Heureusement, la solidarité des parlementaires, au-delà des lignes partisanes, lui garantit de pouvoir s’exprimer publiquement sur le sort que les autorités policières, de manière manifestement cavalière et improvisée, lui ont réservé.
Méthodes de « cow-boy », « manque de professionnalisme », « on ne s’attend pas à ce que des corps policiers travaillent de cette façon-là », a pesté le libéral Raymond Bernier.
S’il y a un élément de réconfort dans le triste feuilleton qui se déroule devant nous depuis mercredi, c’est celui-là.
Le législatif est une branche faible dans notre régime, où l’exécutif issu d’un parti majoritaire en Chambre règne en maître. Où la partisanerie tue l’intelligence.
Il fait bon que les parlementaires montrent, à l’inverse, de la hauteur.
Excessif
L’arrestation de Guy Ouellette par l’UPAC semble un geste excessif et, à plusieurs égards, suspect. Les mêmes qualificatifs peuvent toutefois s’appliquer à la charge développée par le député de Chomedey et son acolyte Annie Trudel.
À la bombe atomique de l’arrestation sommaire, inexpliquée, à la filature par l’UPAC, les deux sonneurs d’alertes ont semblé vouloir répliquer par une bombe thermonucléaire.
À les écouter, la maléfique Unité permanente anticorruption, dénuée de tout scrupule, les aurait arrêtés sous de faux prétextes.
Cela se plaide peut-être. Mais M. Ouellette et Mme Trudel vont beaucoup plus loin : ils affirment que l’UPAC et l’Autorité des marchés financiers, au profit d’une firme de consultants, se livreraient à des pratiques d’extorsion, de chantage à l’endroit des entreprises qui souhaitent obtenir un certificat de bonne conduite.
Et qu’ils ont été arrêtés parce qu’ils allaient dénoncer cette tricherie. Rien de moins.
La crainte que peut susciter l’État dans l’État que l’UPAC semble devenir ou vouloir devenir s’explique.
Mais d’imaginer qu’existe un complot aussi élaboré, dans le cadre d’un processus de certification d’entreprises visant précisément à éviter la corruption, laisse pantois.
On écoute Mme Trudel et M. Ouellette et on se demande comment il peut être possible d’apporter des preuves solides d’un tel noir dessein.
Me revient en tête un discours de Guy Ouellette de novembre 2010, en Chambre, alors qu’il s’opposait au déclenchement d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction.