Orange mécanique: illusoire NPD

87e0d9072ca107184c430c2061ab0130

Les visages à deux faces du NPD





Un sondage CROP nous apprenait récemment que le NPD dominerait les intentions de vote au Québec.* Au Canada, plusieurs sondages placent désormais le NPD à égalité statistique avec les conservateurs et les libéraux. De mémoire d’homme, je ne me souviens pas d’avoir vu le NPD en meilleure position dans les sondages. Il y a bien eu la vague orange de Jack Layton en 2011, mais elle fut confinée au seul Québec.


N’empêche, certains y voient la solution pour enfin se débarrasser du gouvernement Harper, tellement impopulaire au Québec. La déferlante orange venue de l’Alberta explique en bonne partie cette montée en puissance du NPD au Québec, comme au Canada. Après tout, si les néo-démocrates ont réussi l’exploit de prendre le pouvoir dans la province la plus conservatrice au Canada, pourquoi pas au niveau fédéral?


Personnellement, je n’y crois pas du tout. Depuis 1867, les conservateurs et les libéraux ont toujours formé le gouvernement fédéral. Le NPD, jamais. On me dira que c’est un jeune parti, alors que dans sa forme actuelle, ce parti existe depuis 1961. À 54 ans, il est plus ancien que le Parti Québécois, traité de « vieux parti » tous les jours par QS et la CAQ.


Et puis, le NPD albertain a réussi à remporter les élections en bonne partie grâce à la division de la droite, qui a obtenu 52 % des voix contre 41 % pour le NPD. Au niveau fédéral, la droite est unie sous la bannière conservatrice, tandis que le centre est divisé entre libéraux et néo-démocrates. À moins d’un effondrement complet des libéraux en Ontario, la force de Mulcair favorise la division au centre, du pain béni pour les conservateurs de Stephen Harper. Au plus haut dans les sondages de toute son histoire, le NPD récolterait 95 sièges, moins que les 103 obtenus en 2011. **


Pas pour l’environnement
La plus grande partie de ces sièges proviennent du Québec, ce qui est pour le moins ironique, comme le souligne Michel Hébert. La volonté de se débarrasser des conservateurs semble en effet aveugler les Québécois, surtout les francophones, qui selon CROP voteraient à 47 % pour le NPD. Mon hypothèse, c’est que ces électeurs ont une image illusoire du parti orange et de son chef, Thomas Mulcair.


Ils ont l’impression, par exemple, que le NPD va défendre l’environnement, contrairement à Harper. Pourtant, M. Mulcair a déclaré qu’il ne souhaitait pas freiner le développement des sables bitumineux. Quant au pipeline Énergie Est, rejeté massivement par les Québécois, le chef néodémocrate semble avoir deux discours, l’un pour le Québec et l’autre pour le Canada. Pas de quoi se surprendre. Quand il était ministre de l’Environnement dans le gouvernement Charest, Thomas Mulcair avait torpillé une aide d’Hydro-Québec à la lutte contre les changements climatiques pour des rasions partisanes. 


Ni pour les intérêts économiques du Québec
On pourrait croire que le NPD serait davantage porté à défendre les intérêts économiques du Québec, surtout que le plus gros du contingent de députés provient de chez nous. C’est plutôt le contraire. Le plus gros contrat de l’histoire du Canada – 100 milliards pour des navires fédéraux – a été octroyé à deux chantiers maritimes de la Colombie-Britannique et de la Nouvelle-Écosse avec la complicité active du NPD. Soit-dit en passant, le projet de pipeline Énergie-Est ne représente pas seulement un risque pour l’environnement, le risque économique pour le Québec étant aussi très important.


Pour le reste, j’en appelle à mes lecteurs : quelle bataille pour défendre les intérêts économiques du Québec les députés oranges ont-ils menés depuis 2011?


Certainement pas pour le respect des compétences du Québec
Pour marquer des points, le NPD multiplie les promesses à saveur sociale et va jusqu’à proposer la création d’un ministère fédéral des affaires urbaines, une compétence exclusive du Québec, selon la Constitution qui nous a été imposée. Tant qu’à faire, autant proposer l’abolition des provinces!


Une mécanique illusoire
Les Québécois semblent nombreux à croire qu’un vote pour le NPD permettrait de jeter le gouvernement conservateur dehors. Comme si c’était mécanique. Mais ce n’est qu’une illusion. De la même façon, ils sont sur l’impression que Thomas Mulcair rejette les sables bitumineux, le pipeline de la discorde et qu’il a toujours été un fervent défenseur de l’environnement. Rien n’est plus faux. Les mêmes imaginent que le NPD se range du côté du Québec, pour défendre nos intérêts économiques. Le parti orange fait exactement le contraire.


Derrière une image racoleuse qui fait illusion, le NPD et Thomas Mulcair ne défendent en réalité ni les valeurs, ni les intérêts du Québec.



* Le CROP situe les intentions de vote pour le NPD à 42 %. Un sondage EKOS, plus récent mais avec un échantillon plus restreint, les met à 29 %, un grand écart.


** Selon le site d’agrégation des sondages 308.




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé