Il me désespère, parfois, ce petit Québec.
Je ne parle pas du fromage, mais plutôt de ce Québec mesquin, qui rapetisse tout, qui nous ramène constamment au ras du sol.
C'est par exemple la tonne d'encre qui a coulé cette semaine à propos des émoluments réservés aux anciens premiers ministres. Je me souviens, il y a quelques années de cela, être allé rencontrer M. Parizeau installé dans un édifice désert, lui qui se débattait avec son fax et un seul employé pour l'aider. Un ancien premier ministre, un homme d'État qui a contribué à nous donner une institution aussi incroyable que la Caisse de dépôt et placement, qui fête son 50e cette année. Il était traité petitement. Jean Charest et Pauline Marois ne reçoivent pas des fonds extravagants, eux non plus, mais l'utilisation qu'ils en font rapetissent leur fonction. Le petit Québec, c'est François Legault qui en fait son cheval de bataille pour marquer des points dans les élections partielles, comme s'il n'y avait pas des questions plus urgentes à débattre. Où est donc passé l'homme qui, en fondant un nouveau parti, voulait remettre l'éducation au centre des priorités?
Le petit Québec, c'est la mise en vente de l'édifice de la bibliothèque Saint-Sulpice à Montréal, ou des édifices que le Québec possède dans les capitales mondiales pour faire des économies de bout de chandelle. Même chose pour le rapetissement de notre réseau diplomatique international, même si l'on sait que ça rapporte à moyen et long terme. Laissons ces affaires-là aux mains du fédéral, ils connaissent ça, eux. La preuve: Maxime Bernier qui en son temps a inventé la diplomatie des Jos Louis. Le Canada peut bien parler en notre nom, de toute façon quand le premier ministre du Québec va à l'international, il parle juste en anglais. Tant qu'à faire...
Le petit Québec, ce sont ces compressions en éducation que j'ai vivement dénoncées dans ce billet et Patrick Lagacé dans ces chroniques. Petite hypocrisie ordinaire dont sont responsables les trois grands partis, les médias et l'apathie de notre société aveugle, qui n'en a que pour d'illusoires baisses de taxe. Comme si l'éducation n'était pas le principal facteur de richesse d'une société. Qui s'instruit s'enrichit? Voyons-donc! Dépenser en éducation, ça coûte bien trop cher.
Le petit Québec, c'est également celui qui encaisse toutes les décisions fédérales sans broncher ou presque. On peut bien nous imposer une Constitution. Bof...Ottawa peut bien donner des contrats de 100 milliards aux chantiers navals d'Halifax et de Vancouver et rien à la Davie de Québec. Le petit Québec va payer 20 milliards pour enrichir les autres, mais nous, on va passer notre temps à déplorer notre dépendance à la péréquation. Bof...Une Constitution, 20 milliards, on a d'autres chats à fouetter. Eille! Il va y avoir un comptoir Ikéa à Québec. Ça c'est majeur pour le petit Québec! La preuve? Le maire de Québec, un géant parmi les géants, l'a annoncé en grande pompe, transformant l'hôtel de ville en placard publicitaire d'Ikéa.
Je vous parlerai une autre fois du petit Canada ramené à un gros Tim Horton par les faiseurs d'image de Stephen Harper, eux qui ont créé 24/7, sans doute l'objet de propagande le plus médiocre et le plus risible de l'histoire encore jeune du 21e siècle. Mais laissez-moi vous dire que notre petit Québec haït pas ça, cette simplicité en forme de médiocrité. Un grand héros du petit Québec, le maire Jean "là,là" Tremblay de Saguenay n'a-t-il pas mené la charge contre les intellectuels, ces empêcheurs de rapetisser en rond?
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