Comment et pourquoi l’UQAM est en train de s’effondrer

A9779a99abc68baaf2e02e32c4b1d98a

Une dimension du « suicide collectif »

Frédéric Lacroix s’est imposé ces dernières années comme un chercheur indépendant indispensable quand vient le temps d’analyser la situation du français au Québec. L’Assemblée nationale a même récompensé d’un très beau prix son ouvrage Pourquoi la loi 101 est un échec.


Et il signe, dans la revue L’Action nationale de mars, un dossier exceptionnel et remarquablement documenté consacré à ce qu’il appelle « la chute de la maison UQAM ».


Il montre comment et pourquoi l’UQAM, qui était une des grandes réussites de la Révolution tranquille, et qui était le symbole de la démocratisation de l’éducation supérieure pour les francophones, s’effondre aujourd’hui. Et s’effondre avec l’UQAM une partie du Montréal francophone, comme en témoigne la situation catastrophique du Quartier latin.


Lacroix


Ce déclin de l’UQAM s’accompagne d’une montée spectaculaire de Concordia, sa rivale anglophone, qui la remplace. Il s’agit d’une tendance lourde. Rien ne laisse croire qu’elle pourrait s’inverser à court ou moyen terme. D’autant qu’on ne renverse pas des tendances démographiques et sociologiques lourdes avec des campagnes de publicité.


On y verra à la fois un symbole du déclin du prestige du français au Québec ainsi qu’un effet direct des changements démographiques entraînés par l’immigration massive. On y verra aussi l’effet d’un système de financement des universités qui désavantage les universités francophones au profit des universités anglophones.


L’enseignement supérieur devient ainsi un instrument d’anglicisation de la métropole. C’est une trahison intégrale de la mission que lui prêtait autrefois le rapport Parent.



Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.




Parlons franchement : le Québec finance sa propre anglicisation, sa propre assimilation, dans les études supérieures.


À l’échelle de l’histoire, on y verra une tentative de suicide collectif qui ne dit pas son nom.




Peut-on encore sauver le système universitaire québécois, et plus particulièrement, l’enseignement supérieur francophone à Montréal ? Peut-on encore prendre les moyens nécessaires pour refaire de Montréal une ville française ?


Est-il simplement trop tard ?


À lire Lacroix, on pourrait le penser, mais il veut manifestement croire le contraire, et plaide pour la création d’une nouvelle commission Parent et lui confierait le mandat suivant.


Recommandations


Qu’on me permette de le citer longuement.


« 1) examiner les conséquences actuelles et à venir du maintien de l’idéologie du libre-choix au postsecondaire


2) examiner les conséquences de l’actuel modèle de financement des universités


3) examiner les conséquences du financement fédéral dans les universités (orientation idéologique, imposition des critères « Équité Diversité Inclusion », surfinancement des universités anglaises)


4) examiner les conséquences actuelles et futures de la canalisation des allophones et francophones vers les études en anglais au cégep et à l’université.




5) Déterminer si le Québec a encore les moyens de financer un système dual au postsecondaire.


On comprend ce qu’il souhaite : franciser le plus possible l’enseignement supérieur à Montréal, ce qui passe au moins par une renaissance de l’UQAM, ne consentant plus à son déclassement par Concordia.


Le gouvernement du Québec, qui se dit nationaliste et prétend lutter contre le déclin du français, l’entendra-t-il ?