Comme l’aurait sûrement dit ma grand-mère, l’opération «dégustation» du ministre de la Santé Gaétan Barrette présentée hier en grandes pompes avait quelque chose de franchement «malaisant».

Pour bien «montrer» les repas améliorés servis éventuellement dans certains CHSLD du Québec, devant les caméras, le ministre et ses convives souriaient à pleines dents entre chaque bouchée. Miam, miam.

Politique-spectacle

Bravo pour celles et ceux qui, parmi les personnes âgées en CHSLD, y auront enfin droit. Cela va bien évidemment sans dire. Le problème, c’est la politique-spectacle dans laquelle l’annonce était enrobée.

Peu respectueuse des multiples aînés privés des mêmes plaisirs de la table et faisant fi des dommages concrets sur le terrain provoqués par l’austérité, l’opération infantilisait aussi les citoyens.

L’impression est qu’aux communications gouvernementales, on a voulu prémâcher l’annonce du ministre en la saucissonnant en petits morceaux visuels plus facilement digestibles aux infos du soir. Ah, le beau coq au vin – tellement plus télégénique qu’une rôtie froide emballée la veille.

Dénigrement ?

Pis encore était d’entendre le ministre réduire tout doute à du méchant «dénigrement» contre les employés dévoués des CHSLD.

À voir les tables bien mises, les serveurs avenants et le contenu appétissant des assiettes, la question est pourtant incontournable: comment pourra-t-on étendre et garantir la même qualité aux CHSLD d’ici, comme par hasard, l’élection de 2018?

Et que dire des repas servis en ressources intermédiaires privées subventionnées par les fonds publics?

De nombreux Québécois vulnérables – âgés ou handicapés intellectuels de tous âges – y résident aussi.

À quand, pour eux, une bonification «standardisée» de la qualité et de la valeur nutritive des repas qui, c’est connu, sont à géométrie hautement variable d’une ressource à l’autre?

Comme quoi, donner un bon «show» est une chose. La réalité sur le terrain, pour qui s’en préoccupe, en est une autre.