Il se sera écrit beaucoup de choses sur le PQ, au cours des derniers jours, quant à sa conduite électorale et ses convictions profondes, en parallèle avec l’exercice bilan que sa direction s’imposait la fin de semaine dernière. Nous sommes un bon nombre d’observateurs de la scène politique, semblables à des gérants d’estrades, qui péroreront sur ce qu’ils auraient dû faire ou non comme formation politique sans pour autant en être membres.
Un tel engouement pour leur bilan reflète un certain attachement à ce vieux parti qui continue d’être, malgré tous ses déboires, le véhicule des aspirations nationales des Québécois. Sigmund Freud était convaincu de la présence de pulsions contraires chez l’être humain et expliquait en partie notre ambivalence par ces combats intérieurs qui se mènent en nous. La morosité ambiante, décrite par Vincent Marissal, tant chez les fédéralistes que les souverainistes ou l’incapacité du PQ, prédite par Joseph Facal, de pouvoir faire un choix entre le bon gouvernement ou l’indépendance reflète bien la dialectique présente depuis toujours chez les Québécois. Cela nous justifie surement de nous comporter un peu en propriétaire de ce parti et d’essayer de lui suggérer la voie pour affirmer notre fierté.
Aussi paradoxale que cela puisse paraitre, je suis plutôt d’accord avec les propos qui nous incitent à ne pas faire porter le poids de la défaite seulement sur quelques têtes dirigeantes et aussi d’accord à ne pas croire qu’en les faisant rouler, tout va rentrer dans l’ordre. Les problèmes du PQ sont à mon avis plus profonds et ce n’est pas seulement une question de commandement, même si ce dernier a généré, au fil du temps, l’affaiblissement de toutes les fondations du parti. Si la rencontre tenue à Laval, cette dernière fin de semaine, n’aura servi qu’à baisser la pression pour continuer de ronronner de la même manière par la suite, alors ils finiront par couler leur propre navire qui est un peu le nôtre.
Le flou dans la navigation du vaisseau amiral, depuis vingt ans, ressemble à un « no where » où les officiers n’ont pas eu la précaution de faire le plein de carburant et de provisions, se laissant flotter au gré des courants et se retrouvant, aujourd’hui, en panne au milieu d’un océan de conjectures qui laisse présager la catastrophe. Malgré toutes ces avaries, il en est qui voudrait continuer à naviguer de la même façon. Ce sont précisément dans ces bonzes de l’apparatchik, tant les employés permanents que les députés plus leaders du PQ, qu’il faut chercher les causes de la profonde érosion et le retard à le raviver. Les nominations unilatérales faites par le chef intérimaire à l’exécutif national, son hésitation à accepter la démission du directeur-général Tanguay ou le candidat préconisé pour le remplacer, sont autant d’indices de la négation de problèmes profonds dans la direction du parti.
Malgré la dureté pour leur chef, le PQ n’en demeure pas moins une organisation qui a évacué toutes sources de controverse au fil du temps, tuant du même coup l’originalité et la créativité de ses militants les plus enthousiastes. Depuis Lucien Bouchard, les bonzes ont vu à aseptiser le parti en éliminant les comités ou les groupes de discussion qui pouvaient être dérangeants. Les socio-démocrates se sont déplacés vers QS, les jeunes indépendantistes ont glissé vers ON, le SPQ-libre a quasi été poussé dans la clandestinité et les indépendantistes critiques sont considérés comme des ennemis. C’est un parti qui a un urgent besoin d’une direction claire et d’une doctrine renouvelée pour pouvoir reprendre la mer de façon assurée.
Les bateaux peuvent être remisés au chantier maritime pour les grandes réparations et se passer de commandants durant cette période. Il est loin d’être évident qu’il puisse en être aussi aisé avec un parti politique. Leur défi sera de remettre le navire à flot en pleine mer et de trouver le commandant qui pourra le faire rapidement.
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