«[...] le modèle du multiculturalisme canadien ne semble pas bien adapté à la réalité québécoise [...]» (Rapport abrégé de la commission Bouchard-Taylor, p. 41)
Voilà qui est tombé. Cela fait des années que les indépendantistes le disent et que les fédéralistes le réfutent en taxant les premiers d'intolérance, voire même de racisme.
Cela aura pris la déferlante médiatique des accommodements raisonnables pour qu'enfin, la critique de l'idéologie multiculturaliste ne soit plus interprétée comme étant de la xénophobie.
Ainsi, si tout le monde a pu (ou presque) trouver quelque chose d'intéressant à se mettre sous la dent dans le fameux rapport, les indépendantistes ont matière à se réjouir dans ce simple fait: une commission menée par deux intellectuels québécois hautement respectés, l'un francophone et souverainiste, l'autre anglophone et fédéraliste, conclut que le multiculturalisme est une mauvaise chose pour le Québec, que ce soit au chapitre de la cohésion identitaire nationale ou encore de l'accueil des immigrants.
Cela est d'autant plus réjouissant que, rappelons-le d'emblée, l'idéologie multiculturaliste a été imposée aux Québécois lors du coup de force constitutionnel de 1982.
Tant mieux donc! Mais la question demeure entière: que faisons-nous maintenant? Le PQ et l'ADQ ont, à moyen terme, une approche semblable qui pourrait déboucher sur un consensus entre les deux formations politiques: l'adoption d'une constitution du Québec dans laquelle les valeurs fondamentales liées à notre identité nationale seraient confinées. Excellente idée qui aurait le mérite de faire avancer au moins un peu la nation vers une sorte de contrat social et normatif. À moyen terme toutefois, les fédéralistes pur et dur du PLQ feront tout pour que cela ne se produise pas.
Cependant, la démission constitutionnelle et identitaire du PLQ ne saurait être le seul obstacle à une véritable prise en main de l'identité nationale et des rapports avec les immigrants par les Québécois.
En effet, quand bien même les trois partis représentés à l'Assemblée Nationale s'entendraient pour une constitution québécoise satisfaisante aux vues des problèmes identitaires soulevés par le rapport Bouchard-Taylor, il demeure qu'en dernière analyse, n'importe quel zélote de l'idéologie multiculturaliste pourrait attaquer Québec devant les tribunaux, jusqu'à la Cour suprême du Canada. Et ainsi faire imposer le multiculturalisme par des moyens juridiques.
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Serge Rousselle, Montréal, le 31 mai 2008
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