Ne boudons pas notre plaisir devant les rares bonnes nouvelles en provenance de notre capitale nationale. Grâce à une sortie de récession plus vigoureuse qu'anticipée, le Québec a terminé la dernière année budgétaire avec un milliard de déficit de moins que prévu. Mais la suite est plus inquiétante.
La dernière mise à jour financière du ministre des Finances, Raymond Bachand, nous apprend que 2010-2011 s'est terminée sur une bonne note avec un déficit de 3,2 milliards au lieu des 4,2 milliards inscrits au dernier budget. Fait aussi intéressant, tout indique que les cibles pour les deux prochaines années, dont celle de l'équilibre budgétaire en 2013-2014, seront aussi respectées. À moins, bien sûr, que le ralentissement en cours se transforme en récession...
Pour expliquer ces prévisions optimistes, le ministre invoque d'abord la gestion serrée des dépenses, qui ne devront pas croître de plus de 3 % par année en moyenne. Ce qui n'est pas acquis quand on regarde en arrière puisque la performance moyenne a été de 5,5 % entre 2006 et 2010. Même pour cette année, on prévoit que la hausse sera de 3,8 % malgré les 700 millions de compressions extraordinaires commandées cet automne. Réduire le rythme à 2,4 % l'an prochain, puis à 2,2 % l'année suivante ne sera certainement pas facile!
L'autre explication du sursaut d'optimisme du ministre Bachand tient aux 2,2 milliards promis par Ottawa pour harmoniser la TPS et la TVQ. Sans cet argent, les nombreuses hausses de taxes et de tarifs entrées en vigueur depuis deux ans, dont la contribution santé de 200 $ par personne, ne suffiraient pas.
Cela dit, l'harmonisation des taxes comporte un effet pervers à retardement dont il faudra tenir compte à plus long terme. À partir de 2018, Québec devra rembourser la TVQ sur tous les intrants des grandes entreprises, ce qui le privera de 635 millions nets par année sur une base récurrente. Pour compenser cette perte, il y a la hausse des tarifs d'électricité déjà annoncée pour 2015, mais les libéraux ont promis que les revenus iraient au remboursement de la dette.
À propos de cette dette, la mise à jour nous apprend qu'elle augmentera de 10,5 milliards cette année pour atteindre 55 % du PIB, surtout à cause des infrastructures. À elle seule, cette hausse coûtera près de 400 millions en intérêts supplémentaires par année pour les décennies à avenir...
Il n'est donc pas nécessaire de regarder très loin devant pour réaliser que nous ne sommes pas sortis de l'auberge! Comme aime le répéter M. Bachand, le Québec «n'est pas la Grèce»... mais ce n'est pas non plus l'Alberta!
Dès 2014, année qui suivra les élections, le gouvernement devra s'atteler à trouver au moins un milliard de plus par année sur une base récurrente. Un manque à gagner qui pourrait gonfler comme un ballon d'hélium si Ottawa refuse de reconduire les actuels transferts aux provinces à l'échéance des ententes, en 2013.
En somme, qu'on le veuille ou non, à moins d'une croissance économique exceptionnellement forte, il faudra trouver d'autres sources de revenus dès 2013. Alors, pourquoi ne pas jeter un oeil du côté des entreprises dont le fardeau fiscal a été beaucoup allégé depuis des années contrairement à celui des particuliers? Beau thème électoral pour nos politiciens!
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