Un jour nouveau se lève sur mon pays. Dans Le Devoir de mardi dernier, 125 « hommes de gauche » ont ouvert une fenêtre en mettant collectivement un peu de chair autour de la notion d’« égalité des femmes ». Par leur appui fort sympathique, ils nous offrent de percer enfin le fameux plafond de verre que les femmes n’arrivent pas à franchir.
Il faut les remercier de leur appui bien généreux, mais à 125, ils pourront percer un tout petit coin d’un plafond immense qui recouvre des pans entiers de la planète. Reconnaissons-le, leurs paroles nous ont fait du bien. Mais les femmes doivent rester mobilisées. Ne serait-ce que contre les « hommes de droite » comme les Harper, Charest et Legault… Les conservateurs de droite qui ne se demandent jamais si leurs politiques, leurs coupes, en particulier, qu’ils trouvent si brillantes, ne seront pas les clous du cercueil de l’égalité des femmes, qui restent des citoyennes bien vulnérables. Faire le ménage sur le dos des femmes ? Quelle mauvaise idée !
Mardi soir prochain, le 4 septembre, les jeux seront faits. Nous vivrons pendant au plus les quatre prochaines années avec les décisions que nous aurons prises. La campagne électorale la plus débridée, la plus disjonctée et la moins civilisée que nous ayons jamais connue entrera en gare. Qui sera dans le wagon de tête ? Impossible vraiment de le dire, car le vent de la tempête a décoiffé tout le monde et ceux et celles qui franchiront le fil d’arrivée le feront à genoux, en essayant de reprendre leur souffle.
Nous aurons pu prendre la mesure des chefs en présence, apprécier le degré de respect qu’ils éprouvent les uns envers les autres d’abord et envers nous ensuite, faire l’inventaire de leurs bons mots et de leurs mauvaises plaisanteries, et, peut-être, à travers tous ces débats décousus qui ressemblaient davantage à un combat de lutte qu’à un débat d’idées, peut-être aurons-nous compris qu’il faudrait mettre tout ce beau monde à l’« école de réforme » pour que la politique change de ton.
Pauline Marois n’a jamais prétendu qu’elle était parfaite. Elle a cependant prouvé souvent qu’elle était humaine. Ce que je préfère nettement. À la fin de cette campagne, on peut affirmer, en plus, qu’elle est patiente. Beaucoup plus que moi, je l’avoue. Jamais elle ne se plaint de la fatigue ou de la chaleur, car ce serait mal vu et on ne manquerait pas de dire qu’elle n’a pas ce qu’il faut pour prétendre au poste de première ministre.
Un organisateur libéral que je connais depuis 40 ans a même senti le besoin de me téléphoner pour me raconter la dernière blague qui faisait rire les libéraux, il y a encore quelques jours. La question était : « Qu’est-ce qui manque à Pauline Marois pour l’empêcher d’être première ministre du Québec ? » La réponse, qu’il trouvait très drôle, était : « Une braguette dans son pantalon ! » Je ne vous dirai pas ce que je lui ai répondu.
Des extraits des attaques parfaitement déplacées des Charest et Legault face à Mme Marois, pendant ce qu’on a appelé des débats, resteront des pièces d’anthologie de la télévision. Le ton était souvent celui des tavernes d’autrefois ou, pire, celui du mari qui rentre à la maison complètement ivre et qui attaque avec agressivité pour bien montrer qu’il est le maître. Un vieux fond de machisme mal assumé.
Mme Marois a réussi à garder son calme devant ses adversaires hargneux comme des roquets. Elle a montré du caractère et une sorte de dignité qui font foncièrement partie de ce qu’elle est en permanence et que certains voudraient bien nous faire prendre pour de la prétention.
Une femme, dans la fosse aux lions, malgré les bons mots de ces 125 hommes qui appuient l’égalité des femmes et l’ont écrit, n’a ni les mêmes droits ni les mêmes privilèges que les lions qui l’entourent. En politique, en plus, les lions sont toujours propriétaires de la cage. On attend des femmes qu’elles filent doux…
Si les femmes québécoises avaient besoin d’en mesurer l’effet, la campagne électorale qui s’achève leur aura permis de mieux évaluer le chemin qu’il leur reste à parcourir. Mme Marois aura joué le jeu sans tricher, acceptant les règles comme elles existent, sans demander de privilèges ou de traitement de faveur. J’ai l’absolue certitude qu’elle sera toujours soucieuse de savoir ce que ses décisions, dans tous les domaines, représenteront de bouleversement dans la vie des femmes. Et elle en tiendra compte. Je le dis à sa place parce que nous en avons parlé souvent et qu’elle ne peut pas le dire elle-même dans le combat qu’elle mène en ce moment.
* Paroles de Gilles Vigneault.
«Le temps qu’il fait sur mon pays*…»
La campagne électorale la plus débridée, la plus disjonctée et la moins civilisée que nous ayons jamais connue entrera en gare
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