Élections 2012

Mission commandée?

Élection Québec 2012



L’appui, cette semaine, d’un groupe de jeunes médecins de famille aux propositions de la Coalition avenir Québec en matière d’accès à un médecin de famille fournit l’occasion de revenir une dernière fois sur la question… du moins, d’ici les élections.
Tout ne va pas mal en santé, et s’il y a de quoi se montrer déçu du chemin parcouru depuis 2003 avec les libéraux, c’est que le premier ministre Jean Charest lui-même avait fait de ce thème sa « priorité » en jurant sur la tête de sa mère qu’il réglerait le problème en un rien de temps.
Neuf ans plus tard, tout le monde se rappelle cette promesse démagogique du candidat Charest. Malgré cela, c’est aussi l’approche qu’ont choisi d’adopter le chef de la CAQ, François Legault, et son candidat vedette en santé, Gaétan Barrette. Il faut croire qu’elle est politiquement rentable !
Pourtant, n’est-ce pas le même M. Legault qui était ministre de la Santé au début de la campagne électorale de 2003 ? Le même M. Legault qui avait imposé un élargissement des heures de pratique en établissements publics (hôpitaux, CHLD, etc.) pour les jeunes médecins, ce que les bureaucrates appellent les activités médicales particulières, ou AMP ?
A-t-on oublié pourquoi tous les ministres de la Santé qui se sont succédé depuis 1992 ont tour à tour confirmé la nécessité d’obliger les médecins en exercice depuis moins de 20 ans à fournir des services à l’extérieur de leur cabinet privé ? Ne se rappelle-t-on pas que les omnipraticiens du Québec, ces entrepreneurs privés rémunérés par l’État, avaient cessé de visiter leurs patients à domicile, à l’hôpital ou en CHLD parce que la mode était aux cliniques sans rendez-vous, plus payantes, moins exigeantes et sans obligation de suivi ?
De deux choses l’une : ou on inscrit 500 patients de plus à la liste actuelle de chaque médecin tout en maintenant les AMP, ce qui n’aurait aucun sens ; ou on abolit les AMP pour les 3500 jeunes médecins sur 8000 qui y sont astreints, et alors on prive ces établissements de services médicaux essentiels.
Dans un cas comme l’autre, Gaétan Barrette doit admettre qu’il faudra attendre l’ajout des 1100 médecins qui manquent au réseau québécois pour régler le problème, comme le soutiennent en choeur le Parti libéral, le Parti québécois et la Fédération des omnipraticiens.
On comprend les jeunes médecins qui n’apprécient pas cette obligation qui leur est faite de partager leur temps entre leur cabinet privé et un établissement public. Ce serait tellement plus agréable et payant de revenir à la belle époque avec, en prime, des infirmières et du personnel de soutien entièrement rémunérés par l’État pour les seconder dans leurs tâches, comme le promet M. Barrette.
Ce qu’on comprend moins bien, c’est qu’un ancien ministre de la Santé comme François Legault donne carte blanche à ce président du syndicat des médecins spécialistes en congé sans solde pour proposer des solutions aussi coûteuses sans assurance de résultats.
Pour qui travaille M. Barrette ? Pour les Québécois, ou pour la confrérie médicale, que ce soit les omnipraticiens, qu’il tente d’amadouer à coups de milliards, ou les spécialistes, à qui il vient aussi de faire miroiter une importante augmentation de leurs revenus déjà très élevés en étendant la formule des PPP à toutes les chirurgies d’un jour ?
Personne ne doute du fait qu’avec M. Barrette à la tête du ministère de la Santé, il y aurait du brasse-camarade dans le réseau. Ce qui est moins certain, c’est que les contribuables et les patients sortiraient gagnants de cet exercice d’exorcisme bureaucratique.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->