St-Hyacinthe — À son tout premier Conseil national en tant que chef du Parti québécois, Pauline Marois a choisi de montrer pattes blanches devant ses militants, gommant les divergences entre le contenu de bon nombre de propositions soumises en fin de semaine et son ambition de rénover à la fois le parti et la social-démocratie péquiste.
«Le cahier des résolutions illustre bien le sens de la rénovation du Parti québécois : une social-démocratie ouverte, actualisée et responsable; un projet politique clair, déterminé et démocratique», a lancé d’entrée de jeu Pauline Marois.
«Plusieurs mesures du cahier traduisent la nouvelle approche du parti : une vision plus souple de l’action de l’État, dont l’objectif n’est plus de formuler des programmes “mur à mur”, mais des solutions adaptées aux différents choix des gens», a-t-elle poursuivi, appelant à «l’émergence d’un État stratège et partenaire, plus tôt que simplement “providentiel”.»
Pauline Marois n’a pas soufflé mot sur la démarche de «conversation nationale» que prône l’exécutif national. La chef péquiste a réitéré sa répugnance pour la mécanique référendaire. «Nous avons cessé de discuter de moyens et de stratégie», a-t-elle affirmé. «Nous allons entreprendre de parler aux Québécois. Pas d’un référendum, mais des raisons qui nous poussent à vouloir notre propre pays. il me semble que c’est clair ça?» Or le club politique SPQ libre (Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre) proposera aujourd’hui un amendement pour que le processus de «conversation nationale» débouche sur l’adoption d’une loi visant la tenue d’un référendum sur la souveraineté par initiative populaire. Un tel référendum pourrait ainsi être déclenché si 500 000 électeurs inscrits, ou 10 % de l’électorat, appose leur signature dans un registre. D’autres militants contestent le droit de la chef du parti de faire modifier le programme actuel sans passer par un congrès des membres, une obligation inscrite dans les statuts du parti.
Le cahier de propositions contient 242 propositions émanant du Conseil exécutif national, du Comité national des jeunes et des associations régionales. Elles font suite à une réflexion entamée à l’automne dernier autour d’un «cahier d’animation» qui évoquait, sous la forme de questions, des changements profonds en matière de santé – ticket modérateur, un plus grand rôle des assurances privées, une caisse-santé, de nouvelles formes de partenariat avec le secteur privé – ainsi que des pistes visant la création de richesse dont «la création d’un environnement d’affaires propice à l’investissement» et une «fiscalité plus efficace et compétitive».
En matière de santé, «ce qui est sorti dans les comtés, c’est tout le contraire. Ça m’a rassuré», a souligné, hier, le président du SPQ libre,, Marc Laviolette. Aucune des propositions soumises par les instances régionales ne vont dans le sens d’une ouverture au secteur privé dans la santé. L’exécutif de la Capitale-Nationale propose même d’utiliser la clause dérogatoire de la constitution canadienne pour permettre au gouvernement québécois de se soustraire au jugement Chaouli de la Cour suprême. Ce jugement, auquel la gouvernement Charest a répondu avec la Loi 33, levait l’interdiction de contracter une assurance privée pour des traitements ou des chirurgies couverts par le régime public.
Dans l’atelier sur la création de la richesse, un thème cher à Mme Marois, l’exécutif national propose qu’un gouvernement du PQ créer une environnement d’affaires propice à l’investissement par «une fiscalité compétitive», à commencer par l’élimination immédiate de la taxe sur le capital. C’est déjà la position qu’ont défendue la chef péquiste et le porte-parole en matière de finances et de développement économique, François Legault, lors des négociations sur le budget avec la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget. L’exécutif national préconise également la baisse du taux marginal d’imposition des entreprises.
Ces deux propositions suscitent l’opposition du SPQ libre qui, dans un texte diffusé cette semaine et signé par Marc Laviolette et Pierre Dubuc, accuse les tenants de ces mesures d’être des émules du ministre fédéral des Finances, le conservateur Jim Flaherty. Pour eux, le choix est simple, écrivent-ils : ou bien le partie renoue avec l’esprit de la Révolution tranquille en privilégiant l’intervention de l’État dans l’économie ou bien «nous suivons les préceptes du ministre fédéral Jim Flaherty et nous nous engageons dans la spirale des réductions de taxe sur le capital et du taux marginal effectif d’imposition des entreprises pour attirer les investissements étrangers. [...] C’est déjà le programme du Parti libéral, de l’ADQ et surtout de l’Institut économique de Montréal.»
D’autres résolutions vont aussi à l’encontre des vues de Pauline Marois et de son caucus. Il est ainsi proposé d’offrir la gratuité pour tous niveaux de l’enseignement supérieur ou encore de geler les frais de scolarité «en dollars constants» tout au long du mandat.
Conseil national du Parti québécois
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