RICHMOND, Va. — Des milliers de partisans des armes à feu, certains brandissant des fusils de style militaire, ont envahi la capitale de la Virginie, lundi, pour protester contre l’intention des dirigeants démocrates de l’État de resserrer le contrôle des armes.
Le gouverneur Ralph Northam a déclaré l’état d’urgence temporaire et a interdit toutes les armes à feu dans le rassemblement autour du capitole de Richmond. La participation annoncée de milices et de suprémacistes blancs a fait craindre une répétition des violences qui avaient émaillé un rassemblement de suprémacistes à Charlottesville en 2017.
La police fédérale américaine (FBI) a d’ailleurs arrêté la semaine dernière un ancien réserviste de l’armée canadienne soupçonné d’entretenir des liens avec les néonazis qui aurait eu l’intention de participer à ce rassemblement. Patrik Mathews, qui était porté disparu depuis le mois d’août au Canada, est accusé d’avoir transporté une arme à feu et des munitions avec l’intention de commettre un crime.
Les manifestants de Richmond, qui étaient majoritairement des hommes blancs, se sont déployés en grand nombre malgré la température froide pour envoyer un message aux élus, ont-ils dit.
« Le gouvernement ne nous dirige pas, nous dirigeons le gouvernement », a déclaré Kem Regik, un agent de sécurité du nord de la Virginie âgé de 20 ans, qui portait un drapeau blanc orné de la photo d’un fusil avec la mention « Venez le prendre ».
Le gouverneur Northam a été pris à partie par plusieurs manifestants. Sur une affiche, on pouvait voir son visage superposé au corps d’Adolf Hitler.
De nombreux manifestants portaient des tenues de camouflage. Certains brandissaient des banderoles avec des messages de soutien au président Donald Trump.
M. Trump, en retour, a exprimé sur Twitter son soutien à leurs objectifs. Comme les manifestants, il a accusé le Parti démocrate de la Virginie de vouloir les priver de leur droit de porter des armes.
The Democrat Party in the Great Commonwealth of Virginia are working hard to take away your 2nd Amendment rights. This is just the beginning. Don’t let it happen, VOTE REPUBLICAN in 2020!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 20, 2020
« Ce n’est que le début. Ne laissez pas cela se produire, VOTEZ RÉPUBLICAIN en 2020 ! », a-t-il écrit.
« Un Super Bowl du deuxième amendement »
Les forces de l’ordre avaient été déployées en grand nombre. Des agents étaient postés sur les toits, tandis que d’autres patrouillaient en voiture ou à vélo.
Contrairement à la manifestation de Charlottesville, il n’y a pas eu de contre-manifestants cette fois-ci. La police contrôlait strictement le périmètre de la manifestation autour du capitole. Une longue file de protestataires s’est formée devant la seule entrée permettant d’y accéder. Des milliers d’autres personnes se tenaient à l’extérieur du périmètre, dans les rues voisines, où l’interdiction de porter des armes à feu ne s’appliquait pas.
Un chauffeur de camion de 31 ans, qui s’est présenté sous le nom de PJ Hudson, portait un AR-15 et prenait la pose pour des photos.
« J’aime ça. C’est comme un Super Bowl du deuxième amendement ici », a lancé le jeune homme.
Des militants des armes ont également afflué dans les couloirs du bâtiment qui abrite les bureaux des élus de l’État. Jared et Marie March ont fait plus de trois heures de route pour rencontrer leurs représentants.
« Les armes à feu sont un mode de vie chez nous », a dit Mme March, qui craint que des citoyens soient dépouillés de leurs armes en fonction de « critères subjectifs ».
Le rassemblement coïncidait avec la journée Martin Luther King aux États-Unis, qui est généralement l’occasion pour les citoyens d’entrer en contact avec leurs élus pour défendre les causes auxquelles ils croient.