Cette manifestation de juifs ultra-orthodoxes à Jérusalem, employant des symboles de l'Holocauste, soulève la controverse en Israël. Cette manifestation de juifs ultra-orthodoxes à Jérusalem, employant des symboles de l'Holocauste, soulève la controverse en Israël. © AFP/AHMAD GHARABLI
Survivants de l'Holocauste et dirigeants politiques ont fait part de leur indignation dimanche, au lendemain d'une manifestation au cours de laquelle des juifs ultraorthodoxes ont arboré l'étoile jaune et fait porter à des enfants l'uniforme rayé des prisonniers des camps de concentration nazis.
Quelques milliers de juifs ultraorthodoxes avaient ainsi défilé samedi soir dans le quartier extrémiste de Mea Shearim à Jérusalem, pour protester contre ce qu'ils affirment être une campagne de l'Israël laïque contre leur mode de vie.
Les plus extrémistes du mouvement ultraorthodoxe, qui se qualifient eux-mêmes de « harédim » (les « craignant Dieu ») et prennent la stricte séparation des sexes. Ils sont dénoncés par l'Israël laïque pour leurs tentatives croissantes d'imposer l'interdiction de la mixité dans les bus, sur les trottoirs des villes et dans d'autres espaces publics.
Le dernier épisode de cette confrontation croissante entre les laïques et la frange la plus extrémiste de la société israélienne, très minoritaire, s'est déroulé à Beit Shemesh, ville nouvelle à l'ouest de Jérusalem, où les religieux sont les plus nombreux : c'est là qu'une petite fille de huit ans, pourtant elle-même scolarisée dans une école religieuse, s'est fait cracher dessus et insulter par des ultraorthodoxes qui la jugeaient vêtue de façon « immodeste ».
Depuis, face aux larmes de cette enfant, Israël s'est embrasé, le débat, récurrent dans le pays, a repris de plus belle, et des manifestations ont eu lieu au cours desquelles laïcs et religieux ont défilé côte à côte contre l'intolérance.
Mais samedi soir, lors de la manifestation des « ultras », des enfants, coiffés des traditionnelles longues boucles des enfants juifs religieux, avaient été vêtus de l'uniforme rayé de sinistre mémoire. L'un de ces petits garçons, défilant les mains levées, venait quant à lui rappeler cette image terrible et célébrissime d'un enfant à l'étoile jaune, photo prise lors d'une rafle dans le ghetto de Varsovie.
Yad Vashem, le mémorial de l'Holocauste, a immédiatement réagi, jugeant « détestable » l'utilisation de la symbolique de la déportation et du génocide. Une condamnation partagée par les associations de survivants et des responsables politiques.
Six millions de juifs furent exterminés par le régime nazi et ses satellites pendant la Deuxième Guerre mondiale. Quelque 200 000 survivants vivent aujourd'hui en Israël.
« Nous qui avons survécu et vécu ces crimes nazis sommes particulièrement choqués de voir les manifestants utiliser sans honte aucune des enfants dans cet outrage public. Ils ont insulté la mémoire de toutes les victimes juives, y compris celles qui étaient ultraorthodoxes », a dénoncé Elan Steinberg, vice-président du Rassemblement américain des survivants de l'Holocauste et de leurs descendants.
La chef de l'opposition Tzipi Livni a appelé les dirigeants ultraorthodoxes à condamner ces actes. « C'est une atteinte terrible à la mémoire des victimes de l'Holocauste, qui furent contraintes, laïques et ultra-orthodoxes également, de porter l'étoile jaune dans le ghetto, en route vers leur extermination. Aucune manifestation au monde ne peut justifier cela ».
Associated Press
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Manifestation controversée de juifs ultraorthodoxes évoquant l'Holocauste
Mainifestation à Beit Shemesh Ils étaient des milliers dans les rues de Beit Shemesh ce mardi 27 décembre 2011 © AFP/MENAHEM KAHANA
Des milliers de personnes ont manifesté mardi à Beit Shemesh, près de Jérusalem, pour protester contre les discriminations à l'égard des femmes imposées par les ultraorthodoxes.Les manifestants répondaient à l'appel d'organisations laïques et religieuses de défense des droits des femmes.
La police fait état de 3000 participants alors que les organisateurs avancent le chiffre de 10 000 manifestants, dont des Juifs laïques montrant du doigt les « talibans » de leur communauté, qu'ils accusent de vouloir exclure les femmes.
La dirigeante de l'opposition parlementaire, Tsipi Livni, a participé au rassemblement et a dénoncé « les extrémistes qui veulent imposer leurs vues à tous ».
Le président israélien Shimon Peres avait appelé, lui aussi, la population à se rassembler pour protester contre les pressions des juifs ultratraditionalistes.
La manifestation qui s'est déroulée dans le calme a forcé le déploiement de plusieurs centaines de policiers dans cette ville de 80 000 habitants.
Beit Shemesh a déjà été le théâtre ces derniers jours de violences entre les forces de l'ordre et une fraction de religieux radicaux, qui réclament une séparation stricte entre hommes et femmes.
Une chaîne israélienne avait diffusé la semaine dernière des images d'un zélote de Beit Shemesh qui crache sur une femme. L'agresseur a été interpellé par la police à la suite de ce reportage, qui montre aussi une fillette de huit ans se faire insulter parce qu'elle n'est pas vêtue assez « modestement ».
La police a tenté à plusieurs reprises d'enlever des pancartes exhortant à séparer les hommes des femmes dans l'artère principale de Beit Shemesh, mais elle s'est heurtée à la résistance violente de plusieurs dizaines de « harédim », des juifs ultraorthodoxes.
La ségrégation est pratiquée sur les lignes de bus fréquentées par les religieux depuis la fin des années 1980.
Des organisations féministes s'opposent à la pratique tacite de certains publicitaires, qui consiste à faire disparaître les images de femmes des affiches dans les villes fortement religieuses, notamment à Jérusalem, sous la pression de la communauté ultraorthodoxe
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