Shields, Alexandre - Même si des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Montréal samedi afin de dénoncer ce qu'elles considèrent comme une ingérence de plus en plus grande du secteur privé dans le système de santé, le gouvernement libéral de Jean Charest se veut toujours rassurant: le recours au privé sert uniquement à rendre le système public et universel «plus fort».
«On désire conserver le système de santé public, a en effet répété hier l'attaché de presse du ministre de la Santé Philippe Couillard, Marie-Ève Bédard. Toutefois, si le privé peut apporter une contribution pour le rendre plus fort, c'est quelque chose qui est acceptable, tant et aussi longtemps que ça respecte les valeurs fondamentales de notre système de santé, qui sont l'accès aux soins pour tout le monde, peu importe les moyens financiers.» Mme Bédard a néanmoins reconnu que le gouvernement devait souvent réitérer son message afin de «rassurer» la population.
Il s'agit essentiellement de l'annonce livrée par le premier ministre Charest samedi, alors qu'il réagissait au message lancé par près de 50 000 manifestants. «De tout temps, le Parti libéral du Québec a défendu un système de santé public, universel, accessible, à l'intérieur duquel le privé peut jouer un rôle, soulignait ainsi M. Charest, tandis qu'il faisait campagne dans l'est de Montréal pour les élections complémentaires du 12 mai. Nous vivons dans une société où nous voulons que chaque citoyen ait accès à des services de santé peu importe son portefeuille. Est-ce que le privé peut être plus efficace pour livrer des services dans ce cadre public? Oui, ça peut arriver, et on a fait des ajustements récemment qui le permettent.»
Le président de la Fédération des travailleurs du Québec, Michel Arsenault, ne l'entend pas ainsi. Selon lui, le ministre Couillard a ouvert toute grande la porte au secteur privé avec la loi 33, qui pourrait permettre aux médecins de se retirer du système public pour aller dans le secteur privé. «Ça ne réglera pas le problème de la pénurie de médecins, bien au contraire. Les médecins vont aller pratiquer dans le privé, alors que les listes d'attente vont s'allonger dans le secteur public», a-t-il plaidé hier.
«Les gens se souviennent des histoires d'horreur que trop de familles ont connues avant l'assurance maladie, quand plusieurs familles étaient obligées de s'endetter pour se payer des soins essentiels. On ne veut pas revenir à cette époque, a poursuivi M. Arsenault. Il faut mieux protéger notre système public.» Selon lui, on pourrait régler plusieurs des problèmes actuels en gérant mieux les infrastructures, notamment en utilisant les salles d'opération de façon plus intensive.
La «marche pour la santé» de samedi - qui a réuni 50 000 personnes selon les organisateurs - était organisée par une coalition regroupant une cinquantaine d'organismes de la société civile issus des milieux syndical, communautaire, étudiant, féministe, universitaire, et des groupes représentant les retraités.
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