Pauvre Bloc québécois. Dix députés seulement et ça trouve encore le moyen de se payer des crises internes. Pendant qu’à quelques mois d’une élection cruciale, le Parti québécois croupit en troisième position, sept députés bloquistes tournent le dos à leur chef Martine Ouellet.
Le tout, dans la foulée de la démission de Gabriel Ste-Marie, leader parlementaire du Bloc, pour cause de bris de confiance envers Mme Ouellet. Dans cette très mauvaise piécette, il faut dire que la chef tourne aussi le dos à la majorité de ses députés.
Depuis son atterrissage à la tête du Bloc, la greffe ne prend tout simplement pas. Le « transparlementarisme » surréaliste de Mme Ouellet entre Ottawa et l’Assemblée nationale en hérissait déjà plusieurs.
S’ajoute sa demande d’un salaire annuel de 100 000 $ à un parti aux moyens limités. Sans compter l’habitude gênante qu’a prise Mme Ouellet d’admonester ses propres députés sur la place publique.
Réalité
Pour le dire crûment, 70 % du caucus bloquiste ne veulent plus de Martine Ouellet comme chef. C’est la triste réalité d’un parti qui n’a pourtant pas le luxe de se payer une situation aussi périlleuse.
Dans les faits, rien ne va plus au Bloc depuis la vague orange de 2011. À l’élection de 2015, son ex-chef Gilles Duceppe a repris du service le temps de sauver quelques meubles. Le problème est que la fondation est devenue extrêmement friable sur le plan politique.
Le dernier désaccord entre Mme Ouellet et ses troupes en est l’illustration parfaite. Selon la chef, le Bloc doit être le fer de lance de l’indépendance. Pour la majorité des députés, il doit surtout défendre les intérêts du Québec.
Or, ça fait un bail qu’il n’y a pas de combat indépendantiste au Québec. Pour qu’il reprenne, il faudrait que le PQ de Jean-François Lisée remporte deux victoires majoritaires, soit en 2018 et 2022. Vaste programme, comme dirait l’autre.
Scénario peu probable
À moins d’un revirement spectaculaire, un tel scénario est aussi peu probable qu’une démission immédiate de Gaétan Barrette et de Philippe Couillard en expiation solidaire pour l’ensemble de leur œuvre ratée.
Bref, Martine Ouellet peut toujours chanter l’avènement du « pays » grâce aux preux chevaliers du Bloc et à leur chef, la réalité est qu’au Québec – là où ce genre de choses se décide –, il n’en est rien pour le moment.
Cela dit, seuls les électeurs du Québec seront habilités à décider du sort du Bloc aux élections fédérales de 2019. En attendant, la situation est déjà suffisamment fragile au PQ pour que la chef bloquiste et le caucus de son parti « frère » se calment urgemment le pompon.
Qu’ils se prennent une belle grande tasse commune de tisane pour calmer leurs crises internes. Quitte à se boucher le nez pour le faire. Dans les circonstances actuelles, ce sont des crises tout à fait nuisibles à l’ensemble de ce qu’il reste du mouvement souverainiste.