La COP15 sur la biodiversité a beau avoir lieu dans la plus grande métropole francophone des Amériques, Le Journal a constaté que la majorité de l’affichage y est... en anglais.
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«Il est tout de même incroyable de constater que la COP15 respecte si peu l’environnement culturel et linguistique du Québec», a réagi à nos observations le président d’Impératif français, Jean-Paul Perreault.
Dès le hall principal du Palais des congrès, une immense bannière qui annonce la tenue de l’événement se lit simplement «2022 UN Biodiversity» (Conférence de l’ONU sur la biodiversité 2022).
En fait, mieux vaut savoir lire l’anglais si on veut s’orienter à l’aide de pancartes comme «entrance» (entrée) et «exit» (sortie), ou consulter l’horaire exclusivement dans cette langue.
PHOTO NORA T. LAMONTAGNE
Même la grande «Place Québec» est entourée de kiosques aux noms unilingues en anglais. Pas de «Jeunesse», mais bien du «Youth», ni de «Nations Unies», mais des «United Nations».
PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY
Une ville-hôte francophone
Pourtant, la mairesse Valérie Plante et François Legault ont tôt fait de souligner l’importance du français pour Montréal dans leurs discours lors de la cérémonie d’ouverture de la veille.
«J’en profite pour rappeler à tous ceux qui viennent de l’extérieur que le Québec est le seul État en Amérique où on a une majorité de francophones», a insisté le premier ministre du Québec.
PHOTO NORA T. LAMONTAGNE
Or, si la loi 101 s’applique normalement à l’affichage public au Québec, les congrès destinés uniquement à un public spécialisé peuvent être faits uniquement dans une autre langue que le français, écrit Chantal Bouchard, porte-parole de l’Office québécois de la langue française (OQLF).
L’organisme n’a pas voulu se prononcer sur les meilleures pratiques à adopter dans le cas de la COP15 quant à la présence de la langue officielle de la province.
Des délégués habitués de ces grandes rencontres témoignent néanmoins que l’anglais fait désormais office de «lingua franca» à l’international.
Ainsi, l’affichage de la récente COP27 de Charm el-Cheikh, en Égypte, était aussi en anglais plutôt qu’en arabe.
«En règle générale, il s'est avéré impossible d'assurer les communications dans toutes les langues de l'ONU pour des raisons de coûts et de complexité», justifie David Ainsworth, du Secrétariat pour la Convention sur la diversité biologique.
Fausse impression
Cette raison est loin de satisfaire M. Perreault, qui y voit une occasion ratée de mettre en valeur la francophonie.
«L’image internationale du Québec est reflétée par ce congrès. Les délégués vont quitter avec l’image que le Québec est anglophone et très peu francophone», regrette-t-il.
«L’ONU reconnait que la biodiversité est menacée sur terre et mer, mais à quand un sommet sur la diversité linguistique menacée?», demande pour sa part Louise Harel, ancienne ministre et présidente du comité sur la langue française de Montréal.
Soulignons tout de même que les négociations entre les nations sont simultanément interprétées dans les 6 langues officielles de l’ONU (anglais, français, russe, arabe, espagnol et chinois), et que les procès-verbaux et les documents officiels sont aussi traduits.