Madame la ministre du gouvernement à genoux s'indigne

Chronique de Bernard Desgagné


La ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine Saint-Pierre, part en guerre pour défendre l'égalité des femmes et des hommes. Elle compte présenter un projet de loi affirmant la prépondérance de ce principe par rapport à la liberté religieuse. Voilà qui est peut-être utile pour redorer le blason de son parti, mais qui, sur le plan juridique, n'est rien d'autre qu'un petit cri d'indignation sans conséquence.
La ministre oublie qu'elle fait partie d'une nation asservie et soumise aux lois d'une autre nation. Cet asservissement est même le crédo de son parti. Qu'elle fasse adopter toutes les lois qu'elle veut à l'Assemblée nationale n'y changera absolument rien, puisqu'elle et ses collègues libéraux insistent pour que cette assemblée ne soit pas souveraine. La doctrine du gouvernement libéral se résume ainsi: la souveraineté de la nation est un trou noir; vive la dépendance!
Alors, Madame la Ministre aux genoux usés, dites-moi ce qui arrivera à votre loi de deuxième ordre lorsqu'un groupe religieux décidera de la contester devant les tribunaux? Il arrivera ce qui est arrivé à la Charte de la langue française. Les juges nommés par le premier ministre fédéral pour faire respecter l'ordre établi par l'autre nation la disqualifieront sur le même ton péremptoire qui a servi encore dernièrement à sermonner les Québécois, coupables de vouloir faire du Québec une société de langue française.
Le Québec tout entier devra se soumettre une fois de plus au dictat des juges d'Ottawa, qui nous diront que la loi de Mme Saint-Pierre doit être interprétée à la lumière de la Charte canadienne des droits et libertés. Ils nous répèteront que ce sont les valeurs canadiennes qui passent avant les valeurs québécoises. Le multiculturalisme et la liberté individuelle priment la volonté d'autodétermination de la nation québécoise. Les juges d'Ottawa l'emportent sur la petite ministre Saint-Pierre et ses velléités égalitaires.
Ne comprenez-vous pas, Madame la Ministre, que nous sommes dans un cul-de-sac? Vous avez beau penser que les astres sont alignés, pour reprendre l'une de vos expressions de la dernière campagne électorale, la Constitution du Canada ne risque pas de changer tout à coup simplement parce que M. Harper s'est mis en tête de courtiser l'électorat québécois. La Constitution du Canada, et en particulier la Charte canadienne des droits et libertés, est l'expression des valeurs de la nation qui nous l'a imposée. Indépendamment du parti qui se trouve au pouvoir à Ottawa, que ce soit le méchant Stéphane ou l'hypocrite Stephen, le régime fédéral canadien restera le reflet des aspirations de la nation canadienne, qui a déjà dit clairement que les accommodements raisonnables envers le Québec étaient contraires à ses valeurs.
À une certaine époque, nous nous étions donné le choix entre l'égalité et l'indépendance. Nous savons aujourd'hui que nous ne pourrons jamais avoir l'égalité au Canada. Il nous reste l'indépendance. Prenez-en donc acte une fois pour toutes et cessons de ramper.
Bernard Desgagné

Gatineau


Laissez un commentaire



5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    13 octobre 2007

    Il n'y a qu'une seule chose à faire si on comprend bien votre
    message ; le répandre et le faire lire à autant de monde de
    notre culture pour ainsi juger du comportement des valets qui
    nous gouvernent et qui se moque de nous dans toutes les campa-
    gnes électorales depuis 1960.
    Salutations
    respecteuses
    roch gosselin

  • Jean Pierre Bouchard Répondre

    11 octobre 2007

    Risible la loi de Madame Saint Pierre la "féministe" radio canadienniste.
    Voilà une pure manoeuvre symbolique et électoraliste d'un gouvernement provincial qui a dirigé comme une municipalité tout le Québec depuis 2003!
    Ce gouvernement ne "gouverne" présentement que par la division du vote francophone et du fait de la concentration du vote anglophone pour les libéraux. Qu'il ignore hypocritement avec sa loi la charte canadienne multiculturelle d'aveuglement de Trudeau est de mise.
    Rapidement le gouvernement Charest doit disparaître afin que le PLQ soit catapulté en troisième place.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 octobre 2007

    M Desgagné atout compris. La Charte du Québec ne peut avoir préséance sur celle de la Charte de Trudeau. Pour ce faire il faudrait que la Charte du Québec soit inscrite dans une Constitution du Québec qui serait adopté par l Assemblée National avec prévalance sur la Constitution Canadienne. Cela mènerait à un conflit de légitimité entre les deux Chartes qui devrait ëtre tranché par.... le peuple du Québec.Enfin l occasion d établir un rapport de force avec Ottawa sur un point précis (rien à voir avec gens du pays versus les montagnes rocheuses et le passeport de Charest). Mon opinion sur ce sujet:http://www.vigile.net/Entre-le-nous-et-le-mou

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    11 octobre 2007

    Dans la même ligne de pensée, on pourra au-moins accorder au Bloc Québécois plus de suite dans les idées lorsque M.Duceppe,annonce aux étudiants ces jours-ci qu'il présentera un projet de loi aux communes à l'effet de faire modifier la charte canadienne pour qu'elle accorde préséance à celle du Québec et proclame le français langue officielle chez-nous. Bon, belle jambe pour une loi de l'égalité, pas vraiment d'espoir non plus de voir Steve donner une suite à sa reconnaissance de la nation.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 octobre 2007

    Je suis tout à fait d'accord avec le texte de Bernard Désgagné. Non seulement il dénonce la leurre qu'est le parti Libéral du Québec, mais il décrit parfaitement la nature du régime canadien. Celle-ci dépasse encore aujourd'hui la compréhension du Québecois moyen. M. Harper aura beau être sincère envers le Québec, mais la structure du Canada fera en sorte de toujours ramener le Québec à sa place. Ce n'est qu'une ignominie que d'être au parti Libéral et prétendre servir les intérêts du Québec.