Depuis 12 ans, la Caravane de la tolérance, activité principale de La Fondation du même nom, rencontre annuellement autour de 12 000 élèves de secondaires trois à cinq, sans compter les cégeps du Québec, afin de les informer et les sensibiliser à l'importance de la tolérance dans notre société.
Cette année, depuis le début du débat public sur les accommodements raisonnables, nous constatons une augmentation de la méfiance des jeunes envers l'immigration et les enjeux de l'interculturel. Ils sont davantage sensibles aux différences culturelles souvent associées à certains groupes d'immigrants.
À l'heure des grands questionnements au sein de la société québécoise sur les enjeux reliés au pluralisme et à la multiethnicité, c'est l'impact de ces débats sur les jeunes qui nous interpelle plus particulièrement.
Nous sommes préoccupés par la montée de l'incompréhension interculturelle dans certaines écoles que nous visitons, qui se manifeste notamment entre le personnel, certains élèves et leurs parents. Cette incompréhension nourrit le sentiment de victimisation chez les jeunes des minorités immigrantes et de leurs parents par rapport à l'école et à la société québécoise en général. Ces jeunes s'identifient alors difficilement à la société québécoise qu'ils trouvent exclusive. Ils ont tendance à se replier sur leur communauté d'origine. Cela n'est pas sain pour l'avenir du Québec.
Nos propositions
C'est en ce sens que la Fondation a proposé, devant la commission Bouchard-Taylor, des recommandations qui s'articulent autour de quatre grands axes fondamentaux: éducation, action, médiation et obligations.
- L'éducation: l'ouverture à la diversité et à la tolérance du peuple québécois est réelle. Mais souvent, la diversité est perçue comme une menace pour la culture québécoise. Voilà pourquoi nous devons devancer les interrogations de la majorité. Collectivement, le gouvernement, les employeurs, et les écoles doivent être davantage proactifs et intensifier leurs efforts d'éducation sur les bienfaits de la diversité et de la tolérance.
- L'action: la Fondation de la tolérance souhaite voir adopter rapidement une vraie politique à l'issue de la consultation publique du menée par le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles en 2006. Des actions interministérielles concrètes pour lutter contre le racisme et la discrimination s'imposent.
- La médiation: pour nous, le pluralisme est d'abord le dialogue entre citoyens. Il faut donc inciter les gens à trouver d'eux-mêmes des compromis intelligents, qui leur conviennent, sans recourir systématiquement aux tribunaux. Mais lorsque ce n'est pas possible, de meilleures balises et outils sont nécessaires.
Nous proposons que la Commission étudie sérieusement la création d'institutions accessibles pouvant répondre aux demandes d'accommodements par la médiation. Ces institutions se baseraient sur la jurisprudence québécoise et canadienne existante. Ce n'est ni nécessaire ni souhaitable de réinventer la roue.
- Les obligations: il nous faut enseigner les obligations citoyennes et démocratiques aux nouveaux arrivants. Nous croyons fortement que le «vivre-ensemble» n'est pas une voie à sens unique. L'intégration ne doit jamais être uniquement le fardeau de la communauté d'accueil.
Il importe non seulement d'enseigner le français au nouvel immigrant, mais aussi de l'éduquer à la différence de la société d'accueil afin qu'il intègre et accepte ses valeurs.
Cela dit, tous les Québécois, peu importe leurs origines, doivent connaître les obligations de citoyenneté et les valeurs fondamentales qui constituent les bases de notre société. Tout commence avec nos jeunes. Il faut faire mieux et plus dans nos écoles afin que nos jeunes, futurs citoyens, soient bien préparés à contribuer à bâtir le Québec de demain.
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Marc Gold et John Parisella, Coprésidents de La Fondation de la tolérance
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