Troisième dans les sondages, le chef du Parti québécois Jean-François Lisée est bien conscient qu’il aura des démonstrations à faire aux Québécois au cours des prochaines semaines.
Mais le vétéran de la politique provinciale en a vu d’autres. Simplement lors de la course à la direction de son parti, M. Lisée avait dû revenir de l’arrière pour obtenir la confiance des militants péquistes.
«Les “underdogs”, dans les campagnes récentes ont été très favorisés. Passer de troisième à premier dans une campagne électorale, ce n’est pas la norme, mais ça arrive assez souvent», a-t-il rappelé lors d’une entrevue de fond avec Mario Dumont, lundi.
Et pour y parvenir, Jean-François Lisée compte isoler le PQ des deux autres grands partis, devant lui dans les sondages, sur plusieurs thèmes fondamentaux de la prochaine campagne électorale.
La souveraineté «chaque jour»
Bien que le PQ, s’il est élu, ne fera pas de référendum sur l’indépendance du Québec au cours d’un premier mandat, Jean-François Lisée entend parler de souveraineté «tous les jours» au cours de la campagne.
«On va en parler tous les jours parce qu’il y a une série de problèmes qu’on a présentement qui sont dus au fait que nous ne sommes pas indépendants», martèle le chef péquiste, soulevant l’exemple du chantier de la Davie qui, selon lui, est sous-exploité par rapport à d’autres grands chantiers navals au Canada comme ceux d’Halifax et de Vancouver.
M. Lisée compte donc demander aux Québécois un mandat afin de gouverner à l’intérieur du Canada durant quatre ans et ainsi «redonner confiance en la nation», pour ensuite remporter l’élection subséquente sur le thème de la souveraineté.
«Après 15 ans de régime libéral, les Québécois ont honte de leur système de santé et de leur système d’éducation, voient que le français décline dans la région de Montréal et même la justice, avec les délais, pose problème, énumère-t-il. Quand tu n’as pas confiance en tes fondamentaux, c’est difficile de demander aux gens de faire le pas suivant, qui est l’indépendance.»
La santé et l’entente avec les spécialistes
La santé s’impose déjà comme un thème central sur lequel les quatre partis débattront âprement au cours de la campagne. Jean-François Lisée promet de «suspendre le versement des sommes supplémentaires que les libéraux ont signé» dans la récente entente avec les médecins spécialistes, quitte à en arriver à un «moment de vérité», parce que le Québec a «besoin de cet argent maintenant», dit-il.
«Je mise sur la négociation, mais je sais qu’il faut envisager toutes les options, parce qu’il faut que ça marche, tranche Lisée. J’ai moins peur de ça [un affrontement avec les spécialistes] que de ne pas avoir l’argent nécessaire pour les aînés et les handicapés dans les soins à domicile et de ne pas avoir l’argent pour que les gens retrouvent confiance en leur système de santé.»
Outre cette promesse vis-à-vis des spécialistes, le PQ s’engage également à donner plus de responsabilités aux infirmières, aux paramédics, aux pharmaciens et à 200 000 professionnels de la santé afin qu’ils puissent exécuter des actes cliniques. Le tout, dans le but de désengorger le système de santé.
Immigration : le succès avant les seuils
Autre promesse de Jean-François Lisée : ne pas maintenir les seuils d’immigration – autour de 50 000 par année – prévus par les libéraux. Contrairement à la CAQ et au PLQ, M. Lisée refuse de s’avancer sur un nombre précis d’immigrants à accueillir au Québec. Il dit plutôt vouloir s’assurer que tous ceux qui choisissent de s’établir dans la province y connaissent du succès.
«Apprenez notre langue, signez une déclaration disant que vous allez vous conformer à nos valeurs – égalité homme femme, laïcité de l’État, etc. – et on va donner priorité à celui qui a une offre d’emploi et on va en placer un sur quatre en régions, explique-t-il. Combien en aura, on ne le sait pas, mais l’important c’est qu’ils aient du succès.»
Le PQ promet également une loi sur les règles du vivre ensemble qui interdira entre autres le port de signe religieux ou politique pour les policiers, les gardiens de prison, les procureurs, les juges et les nouvelles embauches dans l’éducation primaire et secondaire de même que dans les garderies.