Je tombe parfois dans le panneau de croire que j’ai tout vu et tout entendu.
Je suis ensuite estomaqué devant une situation qui repousse les limites de l’incroyable.
Le PQ vient de subir la pire raclée de son histoire, de loin, au point que sa survie n’est pas assurée.
Le naïf que je suis s’attendait donc à ce que le général de cette armée décimée fasse preuve d’un peu – non, de beaucoup, beaucoup – d’humilité.
Pas du tout.
Culot
Samedi, devant ses troupes meurtries, M. Lisée disait avoir « gagné la campagne », ne pas avoir fait d’erreurs et assumer tous ses choix.
Devant des journalistes sidérés par tant de culot, il a finalement lâché qu’on « peut toujours faire mieux ».
Quel est l’argument massue de M. Lisée pour déverser sur sa propre tête un conteneur de confettis ?
C’est qu’il a « évité le pire ».
Il s’autocongratulait d’avoir réussi à ne pas être devancé par les hurluberlus de QS !
Pincez-moi quelqu’un.
Comme le notait l’historien Frédéric Bastien, la « bonne campagne », c’est celle qui est « en phase avec l’électorat », celle qui capte, décode et traduit le sentiment populaire.
Si les gens veulent une solution de rechange au gouvernement, vous devez les convaincre que vous êtes la meilleure option.
Si les gens veulent de la stabilité, la « bonne campagne », c’est celle qui fait de vous celui qui peut assurer cela.
M. Lisée fut globalement habile et pugnace, je l’ai écrit, mais ultimement, c’est le verdict du peuple qui fait foi de tout.
Certes, les problèmes du PQ viennent de loin, et personne n’espérait des miracles.
Mais quand on sait à quel point M. Lisée se considère comme bon stratège, au point qu’on se demande à quoi pourraient lui servir des conseillers politiques, on peut être certain que cette campagne fut la sienne à 100 %.
Tous les choix de M. Lisée se plaident, tout se plaide avec lui, mais devant des résultats aussi totalement désastreux, la décence la plus élémentaire ne commande-t-elle pas une dose massive d’hormones d’humilité ?
C’est comme si un historien soutenait que la débâcle de Napoléon en Russie fut causée par les rigueurs de l’hiver russe et non par la décision d’envahir le pays.
Regrets ?
Il y a des limites à décréter que la réalité n’existe pas parce qu’on souhaiterait qu’elle soit différente.
Je me suis demandé si M. Lisée ne nous faisait pas une nouvelle démonstration de ce qu’il appelait, il n’y a pas si longtemps, son côté « givré ».
Tiens, j’entends au loin la voix la plus poignante de la chanson française, celle de Piaf, qui dit :
« Non, rien de rien, non, je ne regrette rien Ni le bien qu’on m’a fait, ni le mal
Tout ça m’est bien égal
Non, rien de rien, non, je ne regrette rien
C’est payé, balayé, oublié, je me fous du passé. »