« Je suis farouchement indépendantiste, mais je ne suis pas tout à fait péquiste. Je ne suis pas libérale. Je ne suis pas conservatrice. Je n'arrive pas à trouver dans les partis politiques ce dont j'ai besoin pour continuer à avancer », a déclaré Lise Payette, ancienne ministre du gouvernement péquiste de René Lévesque, lors d'un dîner-conférence organisé par l'Institut du Nouveau Monde, samedi.
Mme Payette, qui soufflera ses 84 bougies dans quelques jours, était invitée à discuter de féminisme avec Émilie Guimond-Bélanger, jeune militante féministe et membre de Québec solidaire.
Si la femme politique a reconnu que les Québécoises se retrouvaient aujourd'hui à devoir voter pour des partis en fonction de celui qui est le « moins pire », elle a toutefois réservé la plupart de ses critiques au Parti libéral du Québec, en raison de ses mesures économiques qui touchent tout particulièrement les femmes, selon elle.
« Ça ne sert à rien d'essayer de raisonner avec eux, ils n'entendent pas. J'ai rarement vu un gouvernement aussi fermé que ça, a-t-elle dit à propos du gouvernement de Philippe Couillard. Ils copient beaucoup l'attitude du gouvernement conservateur d'Ottawa, ils ne sont plus des libéraux, ils sont des conservateurs eux aussi. »
Mme Payette a rappelé que les victoires des femmes pour l'égalité demeurent fragiles. Elle a donc proposé de tenir un sommet des femmes qui aurait lieu cet automne et qui serait non partisan. Le Collectif pour l'égalité des femmes compte rédiger un manifeste sur les façons d'atteindre l'égalité hommes-femmes. Ces revendications seront ensuite présentées aux partis politiques et le Collectif leur demandera de prendre des engagements précis. « Nous saurons pour la première fois depuis 75 ans pour qui voter. » Rappelons que cela correspond au moment où les femmes ont acquis le droit de vote au Québec.
LA LAÏCITÉ DIVISE LES GÉNÉRATIONS
Mme Payette et Mme Guimond-Bélanger ont notamment eu l'occasion d'échanger sur la délicate question de la laïcité, ce qui a permis de constater des différences de génération dans le discours féministe.
Mme Payette a rappelé un épisode vécu à l'Institut de gériatrie, quand une préposée aurait refusé de lui laver les organes génitaux en raison de ses convictions religieuses.
« J'ai eu mon voyage. Je suis prête à vivre avec toutes les religions. [...] Sauf qu'à partir du moment où une religion, quelle qu'elle soit, s'immisce dans des choses qui sont extrêmement personnelles, je ne veux pas jouer à ce jeu-là, a-t-elle déclaré. Pas plus que je n'enverrai mes petits-enfants dans une école où des femmes sont voilées, à cause de l'exemple [...]. Cette présence peut être agréable, les enfants peuvent aimer ces femmes-là, mais l'exemple qui est donné est un exemple de soumission. »
Si des participants ont applaudi la déclaration, ils ont été encore plus nombreux à acclamer la réponse de la jeune féministe. « Je ne pense pas qu'on peut détenir le droit sur quelqu'un pour affirmer : "Voici le moyen par lequel vous pouvez atteindre l'égalité, qui est de retirer votre voile, car c'est la vision que nous en avons" », a réagi Mme Guimond-Bélanger.
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