Une entreprise qui louait sa main-d’œuvre étrangère à la municipalité d’Oka pour remplir des sacs de sable ramène ses employés sur ses terres parce qu’elle aurait été menacée de représailles.
Le Journal a constaté lundi que la centaine d’ouvriers agricoles guatémaltèques qui ont rempli des dizaines de milliers de sacs de sable pour faire face aux inondations dans les deux postes de remplissage à Oka avaient soudainement disparu.
La compagnie Végibec, a-t-on appris, a cessé la location de ses employés à la municipalité.
Le Journal a appris de bonnes sources à Oka que le copropriétaire de cette compagnie a reçu des avertissements de représailles possibles parce qu’il ne respectait pas les règlements concernant les visas de travail de ses travailleurs agricoles.
Joint au téléphone lundi après-midi, le propriétaire de Végibec a refusé d’expliquer ce qui s’était passé.
«Je ne peux pas commenter, a dit Pascal Lecaux. Je ne peux pas perdre mes travailleurs agricoles.»
Son entreprise fermerait ses portes sans cette main-d’œuvre étrangère.
Le Guatemala en renfort
Ceux-ci en ont épaté plusieurs la semaine dernière lorsqu’ils ont fait leur apparition sur les terrains inondés.
Mercredi dernier, lorsque le maire Pascal Quevillon a appris que la crue des eaux pourrait être pire que celle de 2017, il a immédiatement demandé de l’aide à Pascal Lecault, copropriétaire d’une importante production maraîchère.
Celui-ci emploie une centaine de travailleurs originaires du Guatemala.
L’entreprise Végibec a tout de suite accepté de «sous-louer» sa main-d’œuvre, afin de soutenir la municipalité et les riverains d’Oka.
Lors des inondations de 2017, le maire Quevillon avait été surpris de leur efficacité lorsqu’il les avait appelés en urgence au plus fort de la crise.
L’emploi de ces travailleurs étrangers coûte un peu plus de 10 000 $ par jour.
L’entreprise Végibec ne faisait aucun profit en louant sa main-d’œuvre à Oka, assure-t-on. Le travail de ces employés étrangers se fait dans un cadre extraordinaire puisqu’il s’agissait de mesures d’urgence dans le cadre d’inondations annoncées.
Une question de visa
Plusieurs citoyens rencontrés lundi étaient consternés.
«C’est ridicule, mais ils avaient des visas pour planter des légumes et non pas pour secourir les gens», a dit avec sarcasme Mylène Laplante, une résidente du secteur de Pointe-aux-Anglais.
«Ça n’a aucun sens. C’est ridicule ! Ils étaient là pour aider des gens, pas pour voler des jobs», ajoute Chantal Pelletier, une résidente du même secteur touché par la crue des eaux.
Le maire de la municipalité d’Oka n’était pas disponible pour commenter la situation, alors que l’eau du lac des Deux-Montagnes continuait à monter, inondant une dizaine de résidences dans le secteur de Pointe-Aux-Anglais et dans le village d’Oka.
Le Journal a joint Ferme, un organisme regroupe les producteurs agricoles et qui embauche les travailleurs agricoles étrangers. L’organisme qui encadre également les compagnies qui les font travailler ne voulait pas commenter.