Sur fond d’amour et de haine, Au Non de la Patrie constitue l’analyse de l’historien Carl Pépin des relations entre le Québec et la France, à une époque où le monde s’entredéchirait dans l’enfer des tranchées de la Première Guerre mondiale.
Lorsqu’éclate la guerre «courte et joyeuse» d’août 1914, la France se voit rapidement envahie par les armées allemandes. Elle mobilise toutes ses ressources et lance un appel à l’aide internationale. La République se cherche des alliés dans sa lutte pour la défense du Droit, de la Liberté et de la Civilisation. Misant sur des sympathies naturelles à sa cause, la France semble persuadée que le Québec volera à son secours.
Alors que l’Angleterre représente pour les Canadiens français de l’époque leur patrie légale, la France leur est présentée comme leur patrie morale. Souhaitent-ils pour autant aller se faire tuer en son nom? Certes, l’ampleur des dévastations, la destruction des églises et le sort des réfugiés français atteints dans l’épreuve choquent et émeuvent les Canadiens français. À Montréal comme à Québec, ils sont des masses à crier Vive la France! en 1914.
Or, l’envie des Canadiens français d’aller à la guerre se détériore en 1917-1918, au point où des observateurs français de la scène québécoise écrivent avec amertume: «Il est difficile de cacher plus longtemps aux Canadiens-français la profonde déception que cause en France leur attitude à l’égard de la guerre.» Ce peuple «essentiellement casanier, replié sur son autonomie locale, sur ses libertés et privilèges», ne comprend pas «le sens de la guerre». Son antique amour «pour la France est relâché, il est attiédi.»
Le célèbre homme politique français Gabriel Hanotaux va même jusqu’à dire que la France doit user de son «droit d’ainesse» sur le Québec pour le convaincre de sortir de son égoïsme provincial. Il est évident que les Canadiens français ne comprennent pas la gravité de la situation en Europe, ni les conséquences que pourrait avoir une défaite de la France sur l’avenir du Québec.
Scandalisé, consterné, le directeur du Devoir, Henri Bourassa, écrit qu’une «erreur plus grave encore serait d’induire les Français d’Europe à venir nous donner des leçons de patriotisme à rebours et chercher à nous faire consentir pour la France des sacrifices qu’elle n’a jamais songé à s’imposer pour la défense du Canada français.»
Malgré ces tensions empreintes de propos acerbes, la guerre en Europe ne constitue-t-elle pas, pour les contemporains, une occasion extraordinaire de renouer des relations franco-québécoises quelque peu endormies depuis la Conquête? La France de 1914 cherche à vendre sa cause au Québec. Dans quelle mesure les Canadiens embarquent-ils dans l’aventure? Carl Pépin répond à ces questions dans Au Non de la Patrie: les relations franco-québécoises pendant la Grande Guerre (1914-1919).
AU SUJET DE L’AUTEUR
Carl Pépin, Ph. D.
Carl Pépin détient un doctorat en histoire de l’Université Laval et il est un spécialiste de l’histoire des pratiques de la guerre. C’est à ce titre qu’il a travaillé pour différentes institutions, dont l’Université Laval, l’Université du Québec à Montréal, le Collège militaire royal du Canada et l’Institut Historica Canada.
Ses recherches portent sur la guerre vue comme un phénomène à la fois militaire et sociétal. Pour Carl Pépin, la guerre se décode d’abord à travers ses pratiques concrètes, par une analyse poussée des combats, des batailles et des campagnes. Parallèlement, cette approche l’amène à se pencher sur une variété de thématiques liées aux rapports entre les armées et les sociétés en temps de paix et de guerre, à travers les canaux politiques, diplomatiques, économiques, culturels et mémoriels.
Son mémoire de maîtrise achevé en 2003 avait pour titre Les artistes d’avant-garde au combat: évolution et redéfinition de la pratique de l’art pendant la Grande Guerre (1914-1918). Quelques années plus tard, il récidive avec cet ouvrage issu de sa thèse de doctorat qui s’intitulait alors Les relations franco-québécoises pendant la Grande Guerre (1914-1919).
Carl Pépin travaille aussi avec le Royal 22e Régiment de l’armée canadienne. C’est avec cette unité qu’il a servi en Afghanistan en 2008. Il était mandaté pour recueillir les témoignages des combattants québécois sur le terrain. Il agit régulièrement comme conférencier et invité-expert pour les gouvernements, les universités et les organisations médiatiques afin de commenter les phénomènes passés et présents liés à la guerre et à l’histoire militaire.
Depuis le printemps 2009, il entretient un blogue contenant plus de 160 articles d’histoire militaire destinés au grand public et qui a reçu au-delà de 500,000 visiteurs.
Pour lire un extrait :
http://manuscritdepot.com/a.carl-pepin.1.htm
Au Non de la patrie
Les relations franco-québécoises pendant la Grande Guerre
Carl Pépin
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