Les quatre défis de l’énergie

La prochaine politique énergétique du Québec nous coûtera cher collectivement, si les bons choix ne sont pas faits

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Une seule solution : Maîtres chez nous!

Respectivement économiste et physicien, les auteurs ont coprésidé la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec 2013-2014 Le gouvernement du Québec prépare sa politique énergétique. Ses premières consultations montrent qu’il n’a pas intégré les changements qui se sont produits dans le domaine depuis 2006. Cette myopie volontaire nous coûte des milliards de dollars par année et la facture risque d’augmenter avec le temps.
C’est pourquoi il est urgent de casser notre fixation collective sur la construction de nouveaux moyens de production et de considérer plutôt les avantages économiques et environnementaux d’une meilleure maîtrise de l’énergie qui vise prioritairement les hydrocarbures.
Voici quatre défis qui devraient être relevés dans la prochaine politique énergétique du Québec.
Arrêter de s’appauvrir
Les marchés nord-américain et mondial de l’énergie ont changé, mais le Québec s’entête à ne réfléchir qu’en termes d’approvisionnement, à construire des centrales électriques inutiles et à importer des hydrocarbures coûteux, dans un contexte où nous avons aujourd’hui et pour longtemps des surplus en électricité, en gaz naturel et parfois en pétrole! Cela coûtera cher aux Québécois et n’apportera aucune retombée en nouvelles industries, en compétitivité ou en qualité de vie.
On parle aujourd’hui d’augmenter les tarifs d’électricité pour les Québécois afin d’économiser des kilowattheures qu’on vendra à perte à nos voisins. Or, en 2015, les Québécois dépenseront plus de 1 milliard afin de subventionner l’exportation d’électricité vers le Nord-Est américain; il s’agit d’une taxe directe cachée dans des hausses mineures des tarifs et des profits moindres pour Hydro-Québec. Construire des centrales en perdant 200 000$ annuellement par emploi/ année ne cadre pourtant pas avec rigueur et austérité!
Choisir l’énergie qui enrichit
Alors qu’on semble obnubilé par une production très incertaine de pétrole, on agit très peu sur nos modes de consommation: nos bâtiments sont moins performants que dans plusieurs pays et notre mode de développement urbain vise à «rendre les autos heureuses». Bref, on gaspille!
Les dépenses directes du Québec en énergie dépassent 30 milliards annuellement. Il s’agit d’un levier économique majeur pour structurer l’économie à long terme, s’il est bien utilisé en terme d’efficacité et d’innovation énergétique.
Pour gagner, il faut renverser l’approche actuelle et agir pour créer de nouvelles industries et des emplois ici – plutôt qu’exporter des milliards en achat de pétrole – en substituant le mazout par la biomasse pour chauffer, en favorisant le transport en commun, en construisant nos bâtiments pour le long terme, etc. Ces mesures maximiseront les retombées locales.
GES: semettre enfin à l’heure de la planète
Dans les pays développés – et même en Chine –, les changements climatiques sont au coeur des préoccupations. L’énergie représente près des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec, et encore plus ailleurs. Pourtant, le Québec prépare une politique énergétique jusqu’en 2025, sans avoir décidé de la cible de réduction de GES sur cette période (la cible actuelle porte sur 2020), ni intégré les effets de son marché du carbone sur la structure énergétique de la province.
Alors que l’énergie renouvelable est difficilement valorisée et que le pétrole reste coûteux, il est essentiel d’intégrer les objectifs en GES à la réflexion énergétique. Ils sont malheureusement complètement absents présentement.
Maîtres chez nous
Si s’approvisionner par efficacité énergétique fut une approche originale et forte il y a 20 ans lorsqu’on craignait la pénurie, il faut privilégier aujourd’hui la maîtrise de la consommation et l’utilisation de l’énergie en vue de maximiser les retombées économiques tout en atteignant les cibles de réduction des GES.
Dans cette logique, maîtriser la performance énergétique des bâtiments consommant des hydrocarbures et viser l’efficacité énergétique dans le transport des personnes et des marchandises deviennent prioritaire. Si la biomasse est énergétiquement moins efficace que le mazout, les retombées économiques et environnementales en font un choix éclairé. En électricité, utiliser la valeur marchande marginale – le prix à l’exportation hors pointe – faciliterait la détermination des priorités de développement et des tarifs industriels.
Les dépenses directes du Québec en énergie dépassent 30 milliards annuellement.


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