Tenir un référendum «le plus tôt possible après la prise du pouvoir» (http://vigile.net/Independance-s-unir-et-agir) continue de susciter bien des émois chez les indépendantistes. Pour PKP, marchant dans les pas de Jacques Parizeau, le référendum serait la seule voie de la légitimité. Une orthodoxie que rejette parmi d'autres Claude Bariteau qui, en regard de la loi sur la Clarté, soutient que l'absence d'un accord avec le Canada sur l'environnement référendaire ferait de l'élection le seul choix possible du Québec pour décider de son destin, citant en appui les cas de la Namibie et des pays baltes. (http://vigile.net/Nouvel-article-No-65897).
Pas en reste, Alain Raby ( http://vigile.net/Le-mouvement-declarationniste défendait récemment le recours à la Déclaration unilatérale d'indépendance (DUI), arguant qu'une quinzaine de pays membres des Nations-Unies ont accédé à leur indépendance de cette façon depuis 1991. Il fournit en complément une liste (partielle) de pays devenus indépendants sans référendum préalable, nuançant que cela n'exclue pas un référendum de ratification après. La DUI a déjà fait l'objet d'éloquentes prises de position (http://vigile.net/Declaration-unilaterale-d-42268?t=22 ) et constituait d'ailleurs la voie que retenait Option nationale, jusqu'à ce que l'on revienne à une position plus orthodoxe. Campé dans sa priorité sociale, Québec solidaire préconise la convocation d'une assemblée constituante populaire pour jeter les bases d'une constitution souveraine, une position reçue avec scepticisme dans les rangs péquistes mais qui se défend face à la fragilité de l'argumentaire référendaire.
L'indépendance dans le monde, une diversité d'approche
La diversité des approches indépendantistes en vogue dans le Québec d'aujourd'hui se situe dans la diversité plus large des approches qui ont réussi à travers le monde, et l'on se prend à se demander pourquoi les indépendances ne font pas l'objet de plus études, dont une classification de leurs processus et de leurs fondements. À ma connaissance, l'inventaire des processus employés dans l'histoire moderne pour accéder à l'indépendance ne se trouve nulle part. Certes, dresser la typologie des indépendances pose plusieurs difficultés dû au fait que chaque passage à l'indépendance (plusieurs centaines de nouveaux pays depuis 200 ans) se présente rarement comme appartenant à un seul type. Par conséquent, tenter de construire une typologie serait forcément un projet perfectible mais déjà utile si le résultat permet d'introduire certaines distinctions dans un classement susceptible de regrouper tous les événements d'indépendance. En ce sens, une meilleure connaissance du phénomène peut servir d'outil de réflexion et de mise en perspective, aider à situer plus correctement le cas du Québec dans l'ensemble mondial.
Dans la foulée, il ne fait pas de doute que les militants et les cadres indépendantistes devraient acquérir une expertise mondiale sur toutes les dimensions de l'indépendantisme. Il faudrait favoriser l'émergence d'une ample culture en rapport avec l'indépendance légitime, de son maintien et de sa défense en présence d'un mondialisme idéologique au tropisme prédateur de nations. Il est vrai que pour y arriver, compter sur nos propres forces est un choix qui s'impose naturellement puisqu'il est pratiquement exclu que les universités, devenues les obligées des chaires de recherche du Canada, s'engagent sérieusement dans ce créneau comme elles le feraient si elles étaient libres de travailler pour le Québec. En contre partie, un futur institut de recherche sur l'indépendance promis par PKP pourrait s'y intéresser sans restriction, même si rien ne semble acquis à cet égard. En attendant je vous livre ma modeste contribution.
Classification des indépendances
Je tenterai de dresser une classification des indépendances en tâchant de montrer les modes par lesquelles elles sont advenues et je donnerai des exemples parfois commentés. Dans un deuxième temps, j'aborderai la question des événements déclencheurs d'indépendance pour finir avec des remarques en ce qui concerne les référendums et la fixation particulière du mouvement indépendantiste québécois, surtout péquiste, sur cette question.
Types d'indépendance
1- Accord de gré à gré ou accord négocié en présence d'un rapport de force établi et de deux États concurrents
Cas de l'indépendance octroyée par la Grande-Bretagne à l'Égypte en 1922
Cas de la Norvège, indépendance obtenue de la Suède
2- Déclaration unilatérale d'indépendance (DUI) avec derrière, pour les cas les plus réussis, une forte volonté populaire, parfois organisée, pour que cède l'État colonial;
Cas des États-Unis d'Amérique – déclarée en 1776, État de facto qui obtint sa reconnaissance internationale (de jure) sept ans plus tard, de manière essentielle de la Grande-Bretagne, en 1783
Cas de la Déclaration d'indépendance du Bas-Canada en 1838 par Robert Nelson à Noyan, accompagné de 300 Canadiens en armes (http://www.1837.qc.ca/1837.pl?out=article&pno=document62)
Cas (autres) : Philippines (Espagne 1898); Bangladesh (Pakistan 1971); Slovénie et Croatie (Yougoslavie 1991);
Cas d'échecs : Biafra, sécession ratée du Nigeria (1967); Rhodésie (1965) scession de la Grande-Bretagne pour instituer un État officiellement ségrégationniste devenu depuis le Zimbabwé.
3- Délestage colonial La volonté de l'État colonial de se départir d'une colonie devenue une charge tout en cherchant à préserver ses intérêts, en présence de pressions populaires inscrites dans le cadre général du recul colonial européen de première génération.
Cas des colonies britanniques dont les rapports avec la métropole seront restructurés au sein du Commonwealth et par le biais de relations bilatérales privilégiées. Concerne le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande ainsi que les colonies africaines et asiatiques du domaine colonial britannique.
Cas de la France en Afrique avec le franc CFA, etc.
Cas général du domaine colonial espagnol
4- Démembrement extérieur Il s'agit d'accessions à l'indépendance qui ne se produiraient pas sans la volonté de démembrement de pays existants par des puissances étrangères pour servir des intérêts géo-politiques globaux (cas des États-Unis avec ou sans l'OTAN). Ce redécoupage des cartes peut prendre des accents néo-coloniaux. C'est un processus moderne qui fait largement appel à «l'idéologie de l'humanitaire» ou «sécuritaire», c'est selon et s'accompagne souvent de l'exacerbation délibérée des tensions ethniques, religieuses ou territoriales.
Cas d'Israel, cas tardif d'une implantation coloniale de peuplement sur le territoire d'une population déplacée ou superposée sur elle, opération parrainé par la Grande-Bretagne.
Cas du Kosovo dans le cadre du démembrement de la Serbie par l'OTAN,
Cas du Soudan / Soudan du Sud ?
Cas des républiques auto proclamées (voir DUI précédée d'un référendum) de facto (voir plus bas) des républiques de Donetsk et de Lugansk, poussées hors de l'Ukraine par l'expansionnisme de l'OTAN (coup d'État, encouragement de la russophobie et de l'ukro-nazisme).
Cas de la France de de Gaulle, celle du «Vive le Québec libre», qui sans pouvoir prétendre au démembrement du Canada de l'extérieur, intervint comme l'expression d'une volonté (restée sans suite) de contenir l'essor de la projection de puissance anglo-saxonne dans le monde.
Cas anticipés aujourd'hui de menaces sur l'intégrité territoriale de l'Irak, de la Libye et de la Syrie.
NOTE IMPORTANTE : À l'instar de l'Écosse et de la Catalogne respectivement intégrés dans l'OTAN par la Grande-Bretagne et l'Espagne, il faut considérer le Québec comme un cas pour lequel ne joue en sa faveur aucune force de démembrement du Canada. Malgré le commerce important du Canada avec la Chine, celle-ci n'a aucune influence sur le Canada. La Russie est totalement discréditée dans l'opinion publique par une médiacratie aux ordres et n'a pas davantage d'influence. La France est entièrement sous la domination de l'OTAN et ne pourrait retrouver certaines sympathies en faveur de l'indépendance du Québec que dans le cas de l'élection d'un gouvernement du Front national, ce que voit d'un mauvais œil Sol Zanetti (Option nationale), adoptant ainsi une position «trotskyste» qui donne la préséance à la politique du «bien dans le monde» plutôt qu'aux intérêts bien compris du Québec. Peu lui chaut que la seule présidentiable (Marine Le Pen) qui défend un tant soit peu l'indépendance de la France soit la seule à pouvoir éventuellement sympathiser avec notre cause.
Par conséquent, le Québec est seul comme une barque en mer et ne peut se laisser séduire par le nombre de pays qui accèdent à leur indépendance car, comme on le voit, au nombre des indépendances récentes, il s'en trouve de nombreuses qui sont des indépendances fabriquées en tout ou en partie de l'étranger.
Quel chance reste-t-il aux nations subordonnées comme le Québec, ces cas ou aucune puissance étrangère ne veut briser le Canada? Le Canada étant déjà membre de l'OTAN et soumis à son leader étatsunien, «la puissance indispensable» ? Il faudra y réfléchir! Entre temps, la tentation est grande de penser qu'une éventuelle indépendance serait une souveraineté limitée (culturelle, représentation internationale, etc.), réalisable uniquement après avoir donné des gages à l'OTAN.
5- Indépendance de facto Ces territoires dont le statut définitif n'est pas encore fixé. Généralement absents de l'ONU, reconnus par quelques pays, parfois plusieurs, mais pas universellement reconnus. Ils disposent du rapport de force nécessaire pour jouir d'une certaine indépendance pratique mais n'ont pas la capacité de déclarer leur indépendance légale, de jure, sans risquer que leur existence soit menacée ou provoquer le déclenchement d'hostilités. À comparer, avec 240 ans d'écart, au cas des États-Unies entre 1776 et 1783!
Cas du Kosovo, reconnu par plus de 100 pays
Cas de la Transnistrie, du Somaliland, du Haut-Karabagh, de l'Abkazie et de l'Ossétie du Sud
Cas de la Palestine
Pour explorer la question : http://www.egaliteetreconciliation.fr/Palestine-Transnistrie-Somaliland-Haut-Karabagh-les-Etats-de-facto-et-la-communaute-internationale-29726.html
6- Guerre de libération L'indépendance accordée par l'État colonial à l'issue d'une guerre de libération nationale. Se résout rarement (jamais?) par un référendum mais par la négociation qui conduit à la reconnaissance de la souveraineté, qu'il devient superflu de ratifier par référendum.
Cas de l'Algérie, cas des colonies portugaises d'Afrique (Mozambique, Angola, Guinée Bisau) du Vietnam, de l'Afrique du Sud et du Zimbabwe (Rhodésie), notamment. Dans la plupart des cas, il y absence de structure étatique et institutionnelle permettant de faire avancer les intérêts nationaux. Une situation qu'il importe de distinguer ici de celle du Québec.
7- Lutte de libération pacifique ou principalement pacifique.
Cas du Raj de l'Inde (Grande-Bretagne) qui conduisit aux indépendances de l'Inde et du Pakistan. Comme dans le cas de la guerre de libération, l'absence d'une structure étatique est remplacée par la vigueur de la résistance populaire.
Les déclencheurs /accélérateurs de l'indépendance
L'indépendance, le passage du pouvoir d'un État à un autre, peut se faire de gré à gré mais il est rare qu'il se fasse sans une montée des tensions. Dans la période qui précède le dénouement politique de la question nationale le rapport de force entre les parties s'exacerbe et prend la forme d'une crise suscitée et nourrie par deux types de déclencheurs /accélérateurs que j'ai pu distinguer et que j'illustre par des exemples du Canada-Québec.
1- Une affaire litigieuse devant le parlement qui, si l'affaire est menée sans flancher, peut évoluer pour atteindre le point de rupture.
a) Ce qui fut le cas en 1834-1837-38 – si on admet que la rébellion a été provoquée pour être écrasée dans l'oeuf – on peut poser raisonnablement l'hypothèse que sans la répression qui a suivie la lutte parlementaire entamée en 1834 aurait fini par aboutir
b) Plus récemment le cas de l'échec de l'accord du lac Meech qui a fourni la meilleure occasion au Québec de déclarer unilatéralement son indépendance (par Bourassa, en 1990, qui l'a presque fait d'ailleurs...) et de tenir immédiatement après un référendum de ratification que tous les sondages donnaient gagnant.
2- Des événements extérieurs qui ont un effet catalytique sur les conditions internes : guerre, crise...
a) Cas de la pendaison de Louis Riel en 1885 à Régina, qui fut l'occasion de soulèvements importants au Québec pendant une semaine avec en pointe 50 000 montréalais dans la rue.
b) Cas la crise de la conscription de 1918 ponctuée de troubles dans la ville de Québec avec présence des forces armées. Une partie de l'élite canadienne-française derrière la cause, Henri Bourassa et une partie du clergé.
c) Faut-il anticiper l'effondrement économique du Canada ou des États-Unis ?
Référendum – sa pertinence (rarement) et ses mirages (souvent)
Les deux référendums tenus au Québec le furent pour signifier au fédéral la volonté du Québec de s'asseoir à la table de négociation. L'histoire des indépendances tend à montrer que lorsqu'un État offre la possibilité d'un gouvernement fort, comme le Québec, il ne devrait pas y avoir de référendum sur un tel enjeu. L'obligation de négocier tient davantage de facteurs comme la légitimité, de la pugnacité du gouvernement provincial, de l'avancement de certains dossiers ainsi que de l'expression de la volonté populaire. En d'autres termes, elle tient du rapport de force qui évolue entre deux entités séparées par un litige, la partie demanderesse s'efforçant d'amener l'autre à négocier. Ce qui nous amène à pousser les distinctions sur la question référendaire.
Référendum de ratification de l'indépendance
Si un référendum peut constituer en temps opportun un instrument souhaitable, il n'apparaît pas comme un passage obligatoire dans le processus d'accession à l'indépendance de la majorité des pays. Pour le cas particulier du Québec, des attentes référendaires fortes ont été créées dans l'histoire récente sous l'influence de Claude Morin. Il aura fait du référendum un point de doctrine alors que celui-ci aurait dû demeurer un moyen d'action politique asservi à la stratégie et à la tactique. Or, il appert que la doctrine référendaire de Claude Morin a été vite avalisée par la direction du PQ qui ne disposait pas d'une volonté claire d'opérer un changement de statut pour le Québec. Le résultat est que cette confusion des genres n'a jamais été combattue adéquatement par le caucus et les intellectuels de la mouvance péquiste. Ces années Morin ont eu pour effet de ramener le large boulevard de l'accession à l'indépendance à un étroit sentier. Encore aujourd'hui, le Québec reste largement captif de ce que j'appelle la «fixette» référendaire, laquelle ne pourra être renversée que par une meilleure éducation politique. Entre temps, le «référendisme» en 2015 constitue toujours la doctrine officielle du Parti Québécois.
Un institut pour mettre le référendum à sa place (entre autres)
Il nous faut anticiper sur l'Institut de recherche scientifique sur l'indépendance. Comme plusieurs, j'aurais souhaité que l'Institut surgisse rapidement, rappelant la vigueur d'un poing fermé au bout d'un bras levé. Force est de constater qu'il y a ici une lenteur que l'on peut redouter comme annonciatrice de lourdeur... L'avenir le dira.
Chose certaine, la nécessité d'aérer la question référendaire est claire. Il faut replacer les référendums dans un contexte élargi, en relativiser l'importance en se rappelant la diversité des expériences nationales à travers le monde. L'utilisation du référendum ne se situe pas tant dans le cadre d'une problématique du pour ou du contre. Cet outil s'inscrit dans le cadre d'une lutte où tous les moyens sont possibles et aucun n'est exclu. Il suffit de redonner à l'esprit la souplesse stratégique qui permet de choisir et de doser les éléments de la lutte politique intégrale, sans a-priori.
Un référendum gagné par la peau des dents en 1995 aurait été difficilement gérable. Un référendum gagné de peu dans quelques années (supposant que cela soit possible) le sera encore moins. Toute la haute fonction publique est occupée par des libéraux, il en va de même de l'appareil judiciaire et des sociétés d'État, comme la Caisse de dépôt et de placement, les missions étrangères, et autres dépendances de l'État. Tout cet État profond, mis en place de longue date par les libéraux, allant des notables jusqu'aux malfrats, se fera fort de se constituer en pouvoir parallèle pour résister sourdement aux changements, voir saboter toutes les initiatives gouvernementales post-référendaires. Quant au PQ ? Il est toujours composé de militants et de dirigeants d'une persistante candeur politique qui n'ont pas voulu prévoir de plan B en cas de courte défaite en 1995, misant tout sur l'absolutisme référendaire, et de ces politiciens «apatrides» qui ont rejeté de leur propre corps un patriote et membre émérite de leur parti, Yves Michaud, dans la plus grande confusion politique, pour attendre ensuite quatre longues années avant de commencer à exprimer de molles excuses. Une situation qui divise toujours le PQ. Voudriez-vous aller au front, jouer un autre va tout référendaire, avec de telles troupes pour affronter un tel redoutable adversaire planqué dans tout l'appareil d'État?
Si vous répondez oui, je ne donnerais pas cher de votre peau.
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11 commentaires
Peter Benoit Répondre
3 janvier 2016"Nous, les Libéraux du Québec, Nous sommes le parti de l'économie...". Voilà la phrase qui m'irrite le plus.
Le PQ doit comprendre que le développement d'une nation est un vecteur à deux axes: le développement économique et le développement social, dont un juste équilibre est la social-démocratie. Je ne suis même pas certain qu'on s'approprie de façon adéquate de la question sociale.
Il faut expliquer et marteler pourquoi on veut faire l'indépendance et identifier tous les leviers qui nous manquent afin d'être prospères. Et mettre en lumière tous les obstacles et inconvénients de l'état fédéral. Il faut faire ce travail dans le cadre de l'Institut.
Il faut déboulonner le mythe de la péréquation et préparer un budget d'un Québec indépendant avec tous les autres revenus qu'il pourra dorénavant percevoir. Il faut se positionner clairement sur un enjeu fondamental et névralgique: Quelle monnaie adopterons-nous ? Il faut le faire de façon rigoureuse et lucide.
Ce qui nuit à la démarche indépendantiste, c'est de dire "Faisons un référendum et on verra..." et, si on perd, on aura qu'à recommencer...
Il faut se préparer, chiffrer un Québec indépendant, bâtir l'argumentaire qui va avec et, surtout, toujours l'actualiser et le raffiner si nécessaire. Avec les moyens modernes dont nous disposons, il faut que la population puisse avoir un mot à dire et apporter des suggestions afin de créer un consensus national. Ce consensus va favoriser une mobilisation accrue.
Avec cet argumentaire détaillé, il servira aussi à contrer les Libéraux provinciaux qui ne vont nulle part.
Bruno Deshaies Répondre
3 janvier 2016Une politique publique telle celle de l’indépendance politique d’une nation exige nécessairement une participation nationale hors du commun envers la finalité-en-vue.
Je crois sincèrement que messieurs Pomerleau et Verrier le savent et le ressentent profondément.
Pour Jean-Claude Pomerleau :
Pour Gilles Verrier :
Ces deux constats que formulent nos collègues Pomerleau et Verrier sont incontestables. Ils reflètent de nombreuses tribunes libres de la part de Nestor Turcotte sur l’évolution du Parti québécois et celles de Pierre Daviau ainsi que de L’Engagé ou de John Metcalfe (cf. infra DOCUMENTS). J’oserais avancer l’idée que le Chef du Parti québécois aurait grand intérêt à les lire attentivement. Car le PQ tourne en rond par son absence de sensibilité envers toutes celles et tous ceux qui ont porté ce parti depuis sa naissance jusqu’aujourd’hui contre vent et marées.
Trop d’équivoques et d’ambiguïtés perdurent dans les discours péquisto-souverainistes. Peut-on affirmer que les ex-candidats de la course à la chefferie du parti québécois comprennent tous de la même manière l’objectif fondamental de leur parti ? Et que dire de tous les ex-premiers ministres, ministres et député(e)s du PQ qui s’affichent sur les tribunes publiques sont-ils plus clairs qu’ils ne l’étaient avant ? Les ex de la politique semblent surtout couvrir la nouvelle. Fort en analyse, perdraient-ils le goût du combat ?
Depuis sa création, le PQ met la charrue avant les bœufs. Il discute de «référendisme-datiste» au lieu d’instruire le public des fondements de l’indépendance POLITIQUE du Québec. Cette orientation exige une vision nationaliste sereine et éclairée de l’agir par soi collectif pour une société nationale qui se dit distincte et prête à assumer son self-government complet comme nation dont la fin-en-vue est son indépendance, soit le contraire de la dépendance et du remplacement par son annexion à une autre nation majoritaire.
En ce moment, notre élite souverainiste s’embourbe dans le marécage de la nation au sens étatique, juridique (l’État-nation) tandis que d’autres font le combat autour de la nation au sens sociologique, culturel surtout – sans compter les débats autour de nation ethnique vs nation civique et autres concepts de multiculturalisme, d’interculturalisme, de pluralisme et de l’absolu du «vivre ensemble» même sans l’accord des Québécois au sujet de la constitution canadienne. Ne serait-ce que sur ces questions, l’Institut a un bon casse-tête à régler.
Au Canada, pour les Québécois, le combat est inégal. C’est en-dehors de ce système pancanadien que l’État du Québec souverain pourra agir d’égal à égal. Autrement, c’est la provincialisation à perpétuité. Quel beau sort pour une nation qui se dit si fiers ! B-â-t-i-r un Pays… dont il est toujours impossible de le rendre indépendant politiquement.
La «force» du politique dans la dynamique intégrale (interne) de la société pour une nation indépendante exige la présence et la possession de facto d’un État indépendant. Compte tenu de l’ampleur du problème, j’ai déjà proposé que soit créé rapidement un atelier de réflexion pour mettre enfin au monde l’Institut de recherche sur l’indépendance du Québec.
Ce moment de réflexion, préalable à la création de l’Institut, devrait permettre aux membres de cet atelier de se pencher sur tous les enjeux qui touchent l’avancement de la cause indépendantiste – incluant l’Affaire Michaud. Cette réflexion devra mettre en ordre les idées qui alimenteront l’optique indépendantiste dans l’esprit d’une conception de la nation au sens intégral. Après ce travail de clarification des idées et des orientations dans l’action, l’Institut pourra voir le jour avec une équipe de personnes aguerries et déterminées à édifier le discours indépendantiste.
Pour éviter les dérapages, il faut que la souveraineté de l’État québécois devienne une condition sine qua non de l’action idéologique auprès du public. «Agir en toute liberté, et travailler à éveiller les consciences» devraient être le leitmotiv des membres de l’Institut. «La prochaine fois sera la bonne» à cette seule condition. Et nous pourrons enfin chanter «L’Hymne au printemps » de Félix Leclerc :
DOCUMENTS
Le rapport à l'histoire
Vigile.Québec, Page d’accueil 2 janvier 2016
Lisette Lapointe, «La prochaine fois sera la bonne ! » Tout vient à point à qui sait attendre. Dans
Journal de Montréal, lundi 26 octobre 2015. http://vigile.quebec/La-prochaine-fois-sera-la-bonne
Et si, pour relancer la discussion, on imaginait un chemin différent ? Si, par exemple, tous les partis souverainistes s’unissaient pour former une Alliance pour le Oui et demandaient clairement aux Québécois de leur donner le mandat de réaliser l’indépendance ? C’est vrai que depuis 40 ans, le moyen privilégié a été le référendum, mais ce pourrait aussi être une élection référendaire. Avec une majorité de députés élus sous cette bannière souverainiste et plus de 50 % des voix, le nouveau gouvernement pourrait légitimement amorcer le processus d’indépendance. Ce ne serait pas un sacrilège : le Québec est bien entré dans le Canada sans référendum ou élection sur cette question, pourtant fondamentale...
Il le croyait profondément : « La prochaine fois sera la bonne ! »
***
John Metcalfe, «Élections 2011, un commentaire.» Dans Tribune libre de Vigile, mardi 10 mai 2011.
Parlons Québec, mais, dans une optique de long terme. Un travail de résistance, un travail de patience, avec une idée la plus claire possible de ce qui cloche et de ce que l’on désire.
Quand on y pense, ne jamais abandonner, y travailler, sans être achalant saisir les opportunités et en parler avec gentillesse et clarté.
Être gouverné par un autre (par une autre nation), c’est la subordination ; c’est une diminution d’être. Être gouverné par un autre (même dans le cas d’une bonne administration) n’est pas à désirer.
À l’intérieur et à l’extérieur, agir (individuellement, collectivement et majoritairement) par soi-même, tel doit être notre objectif, tel doit être notre but, et tel doit être notre travail d’explication. Agir en toute liberté, et travailler à éveiller les consciences pour que dans dix ans ou quinze ans nous soyons préparés et prêts lorsque viendra le véritable temps du changement.
P.-S. John Metcalfe est un pseudonyme.
Jean-Claude Pomerleau Répondre
2 janvier 2016Il est temps de sortir les idéalistes de la War room
«Il n'y a pas de politique qui vaille en dehors de la réalité. » (De Gaule)
M Verrier :
« Il faut en effet pratiquement remonter à Jean Lesage et René Lévesque pour trouver une tranche d’histoire où l’État s’affirme stratège, organisateur et quelque peu visionnaire. Que l’Institut se penche sur la façon de renouveler la centralité de l’État du Québec, je n’ai rien à redire et je le souhaite. Or rien ne l’annonce à ce stade et tout avance au ralenti.»
Vous avez identifiez exactement le moment où la monté en puissance de l'État du Québec vers son émancipation achoppe. Le moment où nous sommes passé de l'agir (en acte d'État) au dire (magnifier le pays dans le verbe pour le faire advenir).
Comment explique que ceux qui ont découvert que l'État (du Québec) pouvait agir avec envergure : nationalisation de l’hydroélectricité, Caisse de dépôt, projection du Québec à l'international : doctrine Gérin Lajoie) aient à un moment donné abandonné l'État (qui se nomme dans l'agir) qui se dirigeait vers la rupture du cadre constitutionnel, pour partir à la quête d'un pays fantasmé ? Qui tient la réponse à cette question tient la clé qui ouvre les perspectives (un bon sujet pour l'IRIQ).(*)
Mon hypothèse est que les penseurs du projet souverainiste ont fait la même erreur que les penseurs du mouvement patriote de 1837-38 : inscrire un projet radicale dans le registre de l'idéal (la Couronne britannique bienveillante envers les 92 résolutions ; et, le Canada est un État démocratique exemplaire ; alors que sa position est de ne pas reconnaître le référendum).
Et avec les même résultats : l'objectif de récupération de compétences a mené au contraire, à une pertes de compétence : l'Acte d'Union et la Constitution de 1982.À deux reprises la démarche idéale a placer la nation dans une situation extrêmement préjudiciable à son existence (en 1840, nous avions l'Église de Rome et ses institutions pour nous ramasser, ce n'est plus le cas aujourd'hui, d'où le déclin de la nation).
Deux statuts (1840-1982) qui visent le même objectif : l'assimilation de la nation.
Un dur rappel à la réalité pour les idéalistes : le changement de statut résulte d'un rapport de force.
Et je le répète : les statuts résument et portent l'histoire.
On voit avec ce rappel à l'histoire, que le défi de l'IRIQ sera de sortir le projet du registre de l'idéal et le ramener dans le champs de la realpolitik. Et il importe de comprendre que cet enjeu est existentiel.
Un défi qui risque de faire éclater le Parti Québécois. D'où aussi l'importance d'en débattre avec rigueur.
JCPomerleau
(*) Imaginons que dans la foulée de la Révolution tranquille le Québec se soit doter d'une Constitution d'État ? Avec le statut du français comme langue d'État (ce qu'elle est depuis 1663, sans que le statut soit abrogé ou modifié).
Le Québec aurait eu à opposer au nom du principe d'équivalence (géopolitique) une constitution du Québec (largement appuyée) à celle proposée par Trudeau.
Un rapport de force favorable qui aurait préserver les intérêts supérieurs de la nation. Et nourrit une dynamique politique autrement plus porteuse pour la suite de l'histoire.
Archives de Vigile Répondre
31 décembre 2015@ JC Pomerleau qui écrit : «La mission de l’Institut de recherche sur l’indépendance sera de dégager des stratégies ayant pour objectif le changement de statut de l’État du Québec, de province à État souverain.»
Je partage cet avis qui prend l'État pour instrument décisif du passage d'un statut à un autre, utilisant tous les moyens permis qui sont à sa disposition. Et ces moyens sont nombreux. Or, si l'argument est sans équivoque du point de vue de la raison, ce qui rejoint Bruno Deshaies, il est difficile de trouver dans l'histoire récente des exemples qui permettraient de justifier une telle position. Ce qui donne beau jeu à ceux que vous appelez les «référendistes-datistes», qui sont aussi ceux qui manquent de confiance dans la capacité d'un gouvernement du Parti québécois de faire autre chose que du provincialisme routinier, d'où leur exigence d'un engagement référendaire contraignant. Comment leur donner tort ? Il faut en effet pratiquement remonter à Jean Lesage et René Lévesque pour trouver une tranche d'histoire où l'État s'affirme stratège, organisateur et quelque peu visionnaire. Que l'Institut se penche sur la façon de renouveler la centralité de l'État du Québec, je n'ai rien à redire et je le souhaite. Or rien ne l'annonce à ce stade et tout avance au ralenti. Le Parti québécois traîne avec lui un lourd boulet en raison de son incapacité de régler ses problèmes, qu'il pousse en avant, et de démêler quelque peu l'écheveau de contradictions qui le traverse. Je pense à l'affaire Michaud, devenue emblématique des divisions qui le drainent, mais il y en a d'autres sur à peu près tous les enjeux fondamentaux.
Cordialement et bonne année 2016
Jean-Claude Pomerleau Répondre
30 décembre 2015Bossuet : « le plus grand dérèglement de l’esprit consiste à voir les choses telles qu’on le veut et non pas telles qu’elles sont ».
L'actuel débat est important en vue du Congrès du PQ en 2016, au cours duquel les membres auront à statuer sur l'article 1. Débat qui risque de diviser le parti en 2 camps : référendiste-datiste contre, option ouverte sur la date du référendum, (laissé au Chef le choix stratégique d'en promette un, ou non au cour du prochain mandat).
...
La souveraineté : le changement de statut d'un État. Il survient quand les forces du statu quo ne peuvent le contenir..
M Deshaies amène dans le débat la référence très pertinente de Maurice Séguin.
Pourquoi Maurice Séguin est devenu l'historien de référence pour la cause souverainiste ?
Parce que son postulat part d'un changement de statut (l'annexion) pour en tiré toutes les conséquences, au final : « l'annexion mène à l'assimilation.». Et a fait de l'enjeu de la souveraineté un défi existentiel pour notre nation, alors que d'autres historiens se cantonnent dans un débat académique.Les statuts résument et portent l'histoire.
On peut résumer l'œuvre de Séguin à l'appréciation correct des rapports de force en présence ; et, la symptomatique qui en découle : politique, économique, sociale, culturelle.
Comment reprendre là où Séguin a laissé. Suffit de comprendre que les deux nations (Les deux Canada) qui se confrontent reposent sur les assises de deux États. Comprendre que la nation repose sur les assises d'un État, qui est donc le levier de l'unité politique :
"Nation : un peuple en possession d'un État" (Karl Deutsch)
« Le peuple, conçu comme communauté politique, n’a pas d’existence en dehors de l’État et de la Nation » (Jacques Sapir)
« L’histoire mondiale ne retient que les Nations qui se sont constituées en États » F.W. Hegel
Pourquoi la doctrine souverainiste doit-elle se centrer sur l'État. Parce que la souveraineté c'est fondamentalement le changement de statut d'un État. Pour le Québec, de province à État souverain. L'État est donc le véhicule du projet et par conséquent l'enjeu de ce projet politique.
Les assises de l'État c'est ce qui porte la trame nationale.
La genèse de l'État du Québec résulte de 400 ans d'investissement, de peuplement et de mise en valeur du territoire. Au bout de ce parcours l'État pointe son nez (1937), et se nomme dans l'agir (1960) :
1937 : L’abbé Lionel Groulx y prononce, le 29 juin, sa célèbre conférence intitulée «Histoire gardienne des traditions», où il déclare : «Qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas, notre État français, nous l’aurons jeune, fort, rayonnant et beau, foyer spirituel, pôle dynamique pour toute l’Amérique française
1960 : Lors de la révolution tranquille « L'état devenait se qu'il faisait » et «se dressait devant l'État fédéral » (Gérard Bergeron). Nous avions donc un État de facto. Et un rapport de force qui se cristallisait.
Ce à quoi va répondre P E Trdueau : « Finie les folies » (la folie étant la souveraineté au bout du parcours de cette dynamique politique d'un État qui se nommait dans l'agir ).
l'État du Québec, c'est exactement ce que les stratèges du mouvement souverainiste ont abandonnés pour partir en quête d'un pays fantasmé. Faisant de ce changement de statut de l'État, un souhait alors qu'il s'agit en réalité d'une sommes, ce que Trudeau et Chrétien avaient bien compris.
Le défi actuel est celui de sortir le projet souverainisme de l'idéal et de le ramener dans le champs de la réalité. Première étape, apprécier correctement les rapport de forces en présence. À chaque fois que j'évoque cette exigence de rigueur, certains ont l'impression que j'annonce le deuil du rêve. En fait, j'espère plutôt sonner le réveil du dormeur.
L'année 2016 sera une année critique pour se doter d'une doctrine politique claire, sans laquelle la confusion consacrera notre impuissance...
À suivre ...
...
JCPomerleau
Bruno Deshaies Répondre
30 décembre 2015Les souverainistes doivent être vigilants. Au-delà des argumentaires des souverainistes, le Canada établit ses politiques en fonction de ses intérêts comme État central de la fédération avec tous les pouvoirs que lui accorde la constitution canadienne. Le Québec peut être considéré comme un gouvernement hostile sans distinction de partis politiques au pouvoir à Ottawa. Les souverainistes doivent mettre cette hypothèse dans leur analyse politique.
En ce sens, le point de vue de Gaston Carmichael est juste et réaliste. J'irai plus loin, la difficulté fondamentale des péquistes est de considérer que l'État du Québec est suffisamment "autonome" pour agir impunément à sa guise. La défense de l'indépendance du Québec va exiger beaucoup plus que des discours ronflants sur nos acquis (!) de la Révolution tranquille. Le Québec demeure toujours une nation annexée avec un demi-État (cf. NOTE). Pour sortir de l'annexion, le Québec doit quitter le Canada.
Le slogan "Nous irons plus loin" ne veut rien dire. Le vrai slogan doit être : "L'indépendance POLITIQUE d'abord." Que le parti québécois s'affiche clairement et qu'il nous le fasse comprendre.
NOTE
Le problème majeur de la pensée péquiste depuis la création du PQ consiste à occulter cette conclusion de l’évolution historique des Canadiens-Français et des Québécois-français d’aujourd’hui.
Source : Maurice Séguin, Histoire de deux nationalismes au Canada, p. 388-389.
Archives de Vigile Répondre
29 décembre 2015Si la stratégie des petits pas a donné des résultats intéressants jusqu'en 1995 (entre autres, gain en crédibilité), je ne crois pas que cela soit encore valable aujourd'hui.
Vous citez Jean Chrétien qui reconnaît que cette stratégie a mis en danger le Canada. Il ne faut donc plus s'attendre à ce qu'Ottawa regarde passer le train sans réagir, comme il l'a fait avant 1995.
Ottawa a tout les outils en main pour discréditer un éventuel gouvernement provincial. On en a eu une spectaculaire démonstration quand le couple Chrétien-Martin a décidé qu'il était urgent d'assainir les finances du Fédéral. On a drastiquement coupé dans les transferts aux provinces pour combler le déficit fédéral. Bouchard a dû combler ce manque à gagner en gonflant le propre déficit du Québec. Les firmes de notation ont alors rapidement menacé le Québec d'une décote.
Bouchard a capitulé, et il a sorti la hache pour atteindre le déficit zéro. Le PQ a alors perdu toute la crédibilité acquise de haute lutte jusqu'en 1995.
Le PLQ de Charest a remporté les trois élections suivantes en surfant simplement sur la vague initié par le couple Chrétien-Martin. Le PQ n'a jamais été capable d'expliquer aux québécois que leurs problèmes économiques prenaient leur source à Ottawa. Ont-ils seulement essayé?
Bruno Deshaies Répondre
29 décembre 20152015-12-29 15:52
«Chose certaine, la nécessité d'aérer la question référendaire est claire.» (Gilles Verrier)
Je félicite Gilles Verrier de s’être joint aux différents auteurs qui participent au maintien de la rubrique «Chroniques». Ce texte nous montre qu’il est possible de présenter l’indépendance comme une réalité en soi et non par le biais de discussions tordues sur les fédéralismes et les projets de société à répétition. Un péquiste, un souverainiste ou un indépendantiste doit endosser l’optique indépendantiste s’il veut vraiment faire pénétrer dans la conscience publique au Québec et même ailleurs pour faire entendre leur conviction qui porte sur l’indépendance politique du Québec (1).
Le constat que Gilles Verrier fait est clair : des processus d’indépendance sont possibles. Puis, par ailleurs, il lève le voile sur l'hypothèque du référendisme sur la pensée politique des péquistes, des souverainistes et même des indépendantistes. La diversité des approches est évidente. Cependant, il n’y a pas que cela. Il faut aussi s’arrêter aux fondements.
Pour la discussion, j'aimerais retenir les passages suivants :
* * *
Un combat à préparer, à faire et à gagner
Quelque parti politique qu’il soit, il est évident qu’aucun ne parviendra à contrer les messages et le travail d’une pléiade de jeunes chercheurs et universitaires qui se consacrent à vivre sous la tutelle idéologique du fédéralisme compte tenu de l’existence d’une superstructure fédérale qui supervise, par les pairs, toutes les chaires du Canada soumises aux règles du pancanadianisme.
En outre, le Parti québécois ne doit pas sous-estimer la capacité de réaction du gouvernement fédéral et du Canada-Anglais face aux péquistes et à la société québécoise. L’argumentaire indépendantiste aura fort à faire contre l’argumentaire fédéraliste et du pouvoir d’influence du gouvernement central sur toute la société canadienne. Les indépendantistes ne devraient pas se perdre dans l’argumentaire, car ce débat sera continuellement et massivement biaisé par tous les défenseurs de l’intégrité du CANADA.
Les indépendantistes doivent s’atteler à la tâche pour démontrer que l’indépendance POLITIQUE du Québec d’abord est la solution à la question québécoise. Sur cette base, tout le discours péquiste doit être transformé. Ce n’est pas une nouvelle Révolution tranquille à laquelle le public s’attend de la part des indépendantistes. La nouvelle équipe de Péladeau devra apprendre rapidement à se mettre à l’écoute et en contact avec les indépendantistes fervents et sincères, car ces derniers s’attendent à entendre autre chose qu’un discours de gouvernement en vue de la prochaine élection provinciale québécoise.
Il ne faut pas se leurrer sur le statut d’une fédération : deux thèses radicalement opposées se heurtent au sein d’un même État tel qu’en 1791, 1840, 1867, puis 1982. Le problème «fédéralisme et nationalités» est soumis aux règles de la majorité /minorité ou à la position entre majeur/mineur national dans la dynamique de toutes les sortes d’unions fédérales. De plus, la géopolitique joue autant pour le majeur que pour le mineur sur l’échiquier des relations intra-étatiques ou interétatiques mondiales. La propagande va de tous les côtés.
Le rêve indépendantiste doit être transformé en une fin-en-vue désirée majoritairement, démocratiquement et appuyée jusqu’au bout par un effort collectif de toute la société québécoise. Le pari est audacieux mais combien rassurant pour vivre son indépendance politique libre de toutes les contraintes et les exclusions des fédéralismes.
NOTE
(1) Maurice Séguin tenait ce discours, en 1963-1964, dans son cours télévisé portant sur l’Histoire de deux nationalismes au Canada. Dixit Séguin :
Gilles Verrier Répondre
28 décembre 2015Sans offense à Vigile que je remercie de m'accueillir dans ses chroniques, une version mieux formatée et comportant des changements mineurs est lisible sur mon blog personnel à :
http://gilles-verrier.blogspot.ca/2015/12/les-independances-et-leurs-limites-et.html
Merci à J-C Pomerleau et à Peter Benoit avec qui je suis parfaitement en phase. Je réagirai davantage sur ce fil sans trop de délai car les questions en cause sont importantes.
GV
Jean-Claude Pomerleau Répondre
28 décembre 2015Doctrine d'État et doctrine politique
M Verrier, merci pour cette contribution, qui a le mérite de nous sortir du cadre habituel. Lequel limite le champs d'action a produire un argumentaire visant à convaincre une majorité de voter oui et le tour est joué. L'idéal démocratique faisant foi de tout. Méchante erreur.
L'erreur historique, qui mène au cul de sac actuel et au déclin de notre nation, fut d'avoir abandonné l'édification de l'État pour partir en quête d'un pays fantasmé, qu'on obtient après avoir gagné un concours d'art oratoire et compter des bouts de papier. Rapport de forces en présence, connais pas.
Cette démarche, inscrite dans le registre de l'idéal plutôt que dans le registre de la realpolitik, était exactement celle souhaitée par le fédéral :
....
Jean Chrétien ( Dans la fosse aux lions, 1985 ) :
« Avec le recul, le référendum apparaît comme la plus grande erreur du Parti québécois. Jusque-là, sa stratégie avait été extrêmement efficace pour le Québec et extrêmement dangereuse pour le Canada. Claude Morin me l'avait décrite il y a longtemps : "Nous nous séparerons du Canada de la même manière que le Canada s'est séparé de l'Angleterre. Nous couperons les liens un par un, nous obtiendrons une petite concession ici, une petite concession là et, finalement, il ne restera plus rien." Dans un premier temps, c'est exactement ce que fit le gouvernement du Parti québécois. Il exigea de nouveaux pouvoirs, imposa sa présence internationale et, comme chaque demande paraissait raisonnable en elle-même et dans l'intérêt de la province, la population suivit. Avec le temps, le Québec serait devenu indépendant dans les faits et son indépendance juridique serait allée de soi. Mais le référendum cristallisa le débat et, en dépit de l'ambiguïté extrême de la question posée (le mot "indépendance" en avait été exclu), la population fut forcée de faire un choix. Elle dit Non à l'indépendance. »
...
La mission de l'Institut de recherche sur l'indépendance sera de dégager des stratégies ayant pour objectif le changement de statut de l'État du Québec, de province à État souverain.
Son champs d'action ne devra pas se limiter à produire un argumentaire mais , porter beaucoup plus largement sur l'ensemble des considérations que supposent le changement de statut de notre État dans notre contexte.
Donc nécessairement un penser l'État en profondeur : doctrine d'État. Incontournable pour produire une doctrine politique cohérente, absente du projet souverainiste depuis le début. D'où le cul de sac actuel... et le déclin de notre nation.
Jean Claude Pomerleau
Peter Benoit Répondre
28 décembre 2015Je souscris totalement à votre propos: Un référendum si nécessaire et pas nécessairement un référendum....