Le jour de la mort du «bon roi» Abdallah d'Arabie Saoudite, les bulletins de Radio-Canada à Ottawa n'ont jamais cessé de nous répéter la désinformation du gouvernement Harper sur le règne de cet homme. « Le roi était connu comme un ardent défenseur de la paix au Moyen-Orient», a répété tout au long de la journée Marc Godbout, le perroquet de service de la télé fédérale, en citant le premier ministre.

Comme si le Canada venait de perdre un ami très cher, Godbout nous a ensuite entretenu le plus sérieusement du monde des grandes politiques du défunt. « Le roi a entrepris une vaste gamme d'importantes initiatives liées à l'économie, la société, l'éducation, la santé et à l'infrastructure dans son pays », a-t-il noté en reprenant les mots de Stephen Harper.

On peut imaginer les raisons pour lesquelles Harper ose dire que ce dictateur corrompu, misogyne et barbare était un réformateur, mais on comprend moins que le journaliste de Radio-Canada répète tout ça sans souffler un mot du sort des millions de personnes qui subissent l'oppression de ce régime moyenâgeux. C'est comme si personne à la SRC n'avait jamais entendu parler de ce qui se passe dans ce royaume obscurantiste .

Il est pourtant assez facile de consulter en ligne divers rapports des Nations Unies sur le sort des neuf millions de femmes de ce pays dont les droits sont bafoués quotidiennement. De lire les dossiers d'Amnistie internationale sur les millions de travailleurs étrangers traités comme des sous-hommes ou des centaines de personnes condamnées à des peines cruelles et sauvages sans procès véritable.

Sous le règne du bon roi tellement apprécié dans les officines fédérales, l'Arabie Saoudite a décapité 79 personnes en 2014. Les organisations comme Human Rights Watch et Amnistie critiquent durement le système judiciaire de ce pays. Souvent les prévenus ne sont pas informés des crimes dont ils sont accusé et n'ont pas accès à un avocat. Sans compter qu'ils soumis à des traitements abusifs et à la torture s'ils refusent d'avouer. La plupart des procès ont lieu à huis-clos sans que l'accusé puisse examiner les preuves contre lui.

Comme nous le rappelle la condamnation récente du blogueur Raif Badawi a 1000 coups de fouet et à 10 ans d'emprisonnement pour avoir critiqué le régime, les tribunaux ont la main lourde. Ils semblent recourir aux châtiments corporels plus fréquemment que le Groupe armé État islamique en multipliant les décapitations, lapidations, amputations ou flagellations.

Si Godbout ne nous a pas expliqué pourquoi Stephen Harper avait délégué son ministre des Affaires étrangères au funérailles du roi, la presse britannique a, pour sa part, levé le voile sur les motifs du premier ministre Cameron. En effet, l'Arabie Saoudite est une fidèle cliente des fabricants d'armes du Royaume Uni et elle vient d'ailleurs d'acheter 72 avions de chasse Typhoon à Londres, un juteux contrat de 7 milliards de dollars US. D'autres, comme François Hollande, s'inclinent devant le nouveau roi du pétrole.