La vidéo de l'ex-premier ministre et chef du Parti québécois Jacques Parizeau, d'une durée de près de 32 minutes dans laquelle il déclare que les souverainistes sont devant un «champ de ruine» et que «la dérive est complète» au Parti québécois, a été chaudement accueillie par les militants réunis au Théâtre l'Olympia, dimanche matin, dans le cadre de l'événement destiNation.
Plus tôt en semaine, la diffusion de quelques extraits de cette vidéo, véritable gifle à l'endroit des dirigeants du Parti québécois, avait fait grincer des dents Jean-François Lisée.
Dans cette vidéo, M. Parizeau ne passe pas par quatre chemins dans le diagnostic qu'il fait du mouvement indépendantiste. Il ouvre d'ailleurs son discours par un constat cinglant : «Les souverainistes sont aujourd'hui devant un champ de ruine».
Quelques rires se sont fait entendre lorsqu'il a déclaré que le débat sur la date d'un référendum est «ridicule». «On fait un référendum quand on est prêt et quand les circonstances s'y prêtent, ça va de soi [...] le débat sur la date est absolument sans intérêt».
L'ancien premier ministre s'est aussi montré critique quant à l'ambiguïté entretenue par le Parti québécois sur la question référendaire.
«On ne peut dans un pays très développé comme le nôtre dire aux gens voter pour nous et après on va voir, on est pas trop certain des prochaines étapes sauf qu'on ne fera pas de référendum avant une date aussi reculée que possible. On finit par passer pour des hypocrites», a-t-il dit, ce qui a été accueilli par des applaudissements bien sentis.
Il est également question dans ce discours de l'importance pour le Parti québécois de se rapprocher de sa base militante, ce qui a fait plaisir à la foule de militants qui a particulièrement applaudi ces déclarations.
«Il faut que le parti politique redevienne la propriété de ses membres, depuis quelques années, la dérive est complète, les organisations de comtés sont devenues des machines à ramasser de l'argent, a-t-il dit. On ne peut pas passer son temps à considérer les membres comme de la main-d'oeuvre pour envoyer des enveloppes.»
Au terme de ce discours de 30 minutes, plusieurs militants se sont dit enthousiastes et ont appuyé les propos de M. Parizeau. «C'est un discours inspirant, cohérent et ferme», a déclaré Jean-Jacques Nantel, membre du conseil d'administration de l'organisation Cap sur l'indépendance.
«On assiste en ce moment à une révolte de la base contre les leaders. Ce n'est pas la souveraineté qui a perdu aux dernières élections, mais la stratégie du PQ», a-t-il poursuivi.
Mathieu Roy, 19 ans, qui participait à l'événement croit que le Bloc québécois s'était aussi éloigné de sa base et voit d'un bon oeil l'arrivée du nouveau chef Mario Beaulieu à la tête du parti. «Le départ d'André Bellavance et de Jean-François Fortin [deux ex-députés bloquistes] est une bonne chose. Les masques tombent. Les apparatchiks étaient loin de leurs membres. Ils ne se reconnaissent pas dans Mario Beaulieu, mais la population ne se reconnaissait pas leur discours», croit-il.
«Les militants ont besoin de se faire respecter», a ajouté Maxime Laporte, président de la Société de Saint-Jean-Baptiste. Le jeune homme de 27 ans est convaincu que la jeunesse s'est senti interpellée par le discours de Jacques Parizeau. Il met également en garde contre l'idée que les jeunes ne seraient pas intéressés par le projet d'indépendance. «On ne s'est jamais fait poser la question», souligne-t-il.
Quelques citations de Jacques Parizeau
- «Il faut un parti du monde ordinaire [...] il faut que le monde ordinaire se retrouve dans le parti.»
- «On a vu s'éloigner tous ceux qui avait une contribution à apporter [...] depuis déjà un bon bout de temps, il n'y a pas beaucoup d'idées qui circulent à l'intérieur de ce parti [PQ]. Il y en avait davantage chez Option nationale, c'est sûr. Il y en a à Québec solidaire... d'un autre genre. Mais le bateau amiral lui en a pas beaucoup.»
- « Il faut que tous ensemble, on redonne l'image de winners, à l'heure actuelle, nous sommes des losers dans l'esprit de bien de gens. Il faut retrouver le goût des victoires, peut-être petites en commençant, mais qui indiquent qu'on est prêt à une sorte de résurrection»
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