Les étudiants et les élections

Tribune libre

Les étudiants et les élections

Le fait que la CLASSE demeure silencieuse au sujet des élections québécoises sur son site Internet témoigne du peu de cas qu’elle fait de cet exercice démocratique. Pire, dans le manifeste Nous sommes avenir qu’elle a rendu public le 12 juillet, on retrouve cette prise de position qui m’a fait tiquer :

« Leur vision, leur démocratie, ils et elles la disent représentative : on se demande bien qui elle représente. Elle ne se vit qu’une fois tous les quatre ans et ne sert trop souvent qu’à changer les visages. Élection après élection, les décisions restent les mêmes et servent les mêmes intérêts, préférant les doux murmures des lobbys au tintamarre des casseroles. » Cette démocratie qu’on devrait rejeter est opposée au type de démocratie qui prévaut à la Classe : « Notre vision, c’est celle d’une démocratie directe sollicitée à chaque instant. C’est celle d’un Nous qui s’exprime dans les assemblées : à l’école, au travail et dans les quartiers. »


Il y a un danger réel à trop vilipender le processus électoral québécois : celui de voir des milliers de jeunes bouder les élections parce qu’ils ont été convaincus par leurs leaders qu’elles ne sont que des pièges à cons et c’est précisément ce que souhaite le Parti libéral ! Et notre processus électoral est-il si mauvais ? Il y aurait certes peut-être lieu de l’améliorer en instaurant un "élément de proportionnelle", mais faites le petit exercice suivant : demandez à des citoyens russes ou chinois épris de liberté de porter un jugement sur notre affreuse démocratie représentative ; je suis persuadé qu’ils vous diront que nous sommes extrêmement chanceux.
La FECQ et la FEUQ ont adopté une stratégie beaucoup plus pragmatique par rapport aux élections québécoises. Ils viennent tout juste de mettre en ligne un site, votons.ca, qui vise spécifiquement les jeunes de 18 à 34 ans. On leur rappelle des choses essentielles : comment s’inscrire à la liste électorale, comment voter par anticipation, comment voter hors circonscription… On leur rappelle entre autres des faits accablants : aux dernières élections, seulement 36% des 18-24 ans et 41% des 25-34 ans se sont prévalus de leur droit de vote. Pourquoi la CLASSE n’a-t-elle pas participé à un tel site et à un tel exercice ? Est-ce encore une fois parce qu’elle regarde de haut le processus électoral québécois ? Alors que l’heure est grave et que chaque vote compte (pour une fois, ce n’est pas un cliché de le dire !) le mouvement étudiant apparaît malheureusement désuni. Lors du premier round de négociation avec le gouvernement, les leaders de la CLASSE avaient raison de dire que la ministre Beauchamp voulait les exclure pour des raisons futiles, mais, cette fois, ils se sont malheureusement exclus eux-mêmes. Et c’est dommage, car le Québec a besoin de leur passion et de leur intelligence pour avancer.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    3 août 2012

    Espérant que cette élection ne se limitera pas seulement à des guerres de chiffre et de statistique, la venue du très locace Jacques Duchesneau à la CAQ ou de l’ex-policier Robert Poëti avec ses gros bras chez les libéraux s’insèrent assez bien dans la volonté de ses deux partis de nous contraindre à ne parler que la corruption libérale ou du carré rouge.
    Ce que j’attend par-contre des Duchesne et Lisée au P.Q., c’est qu’ils nous plongent au coeur du débat fédéral provincial en nous mettant le nez dans le caca canadien de Stephen Harper et de Jean Charest.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 août 2012

    /…Il y a un danger réel à trop vilipender le processus électoral québécois : celui de voir des milliers de jeunes bouder les élections parce qu’ils ont été convaincus par leurs leaders qu’elles ne sont que des pièges à cons et c’est précisément ce que souhaite le Parti libéral !.../
    Les jeunes ont raison! Ce sont des pièges à cons! Ces jeunes sont lucides! Allons-nous maintenant leurs reprocher d’être trop éveillés? De détruire nos propres illusions sur la valeur que nous accordons encore à cette démocratie-là, qui dans le fond n’existe pas? Retournez dormir mes petits sacrements, vous nous dérangez, vous nous faites souffrir! Le danger ce n’est pas les jeunes c’est ce qui reste de cette démocratie falsifiées et du processus électoral québécois trafiqué? Les jeunes ont parfaitement le droit de refuser de jouer à ce jeu pipé d’avance! Ne nous occupons pas des jeunes, jusqu’à date, ils le fond très bien sans nous, nous n’avons pas de leçons à leurs servir, n’oublions pas que si la démocratie québécoise est dans cet état, il y a un peu de nous là-dedans, nous l’avons laissé s’insinuer, et aujourd’hui, nous en récoltons les fruits.
    /… parce qu’ils ont été convaincus par leurs leaders qu’elles ne sont que des pièges…/
    Charest donne la ligne de parti de l’establishment à ses députés, à ses membres; il les influence en quelque sorte, c’est la façon de faire de l’oligarchie : « Crois ou meurs! Tu es avec nous ou tu es contre nous! » Alors qu’au contraire, les leaders étudiants n’influencent personne, ce sont des porte-parole d’une démocratie véritable; ils n’expriment que ce qui vient de la base, en assemblées générales! Pourquoi croyons-nous encore, que sans leaders, nous sommes démunis, que nous sommes incapables de penser par nous-mêmes, et qu’il faut absolument des sauveurs, des leaders, au-dessus de notre tête, car nous, en bas, petites créatures du bon dieu, nous en sommes incapables.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    3 août 2012

    La CLASSE est noyauté par des trotskystes, qui considèrent le nationalisme comme la pire forme de racisme. Ils sont aussi présent dans les instances de Québec Solidaire et avaient un droit de veto sur le Pacte entre les partis, qui excluait le PQ au départ !
    Ces révolutionnaires de salon sont les alliés objectifs de Charest.
    JCPomerleau