Les demandes syndicales des enseignants sont exagérées. Les propos de certains leaders syndicaux aussi. C’est malheureux. Un mauvais départ pour une négociation importante.
Je précise que j’appuie l’idée générale que cette négociation permette des améliorations réelles à leurs conditions de travail. C’est connu, le gouvernement jouit de marges de manœuvre. Cette ronde de discussions devrait permettre d’améliorer autant le salaire que les conditions de pratique des professeurs.
Ils exécutent un travail exigeant. Plusieurs d’entre eux le font dans des conditions difficiles et dans des milieux qui présentent beaucoup de défis. Pour un gouvernement et pour une société qui met en priorité l’éducation, quoi de plus normal que de bien traiter ceux qui en ont fait leur carrière.
Trop loin
Cette semaine, la FAE a mis la barre tellement haute que j’en perds mon préjugé favorable. Le salaire de départ qui passerait de 42 000 $ à 56 000 $. L’échelon maximal qui serait atteint après seulement 11 ans, plutôt que 17. Cet échelon maximal qui passerait de 82 000 $ à 92 000 $. Les demandes représentent au total plus de 20 % d’augmentation sur trois ans. Énorme. !
D’ailleurs, je dois candidement avouer que je ne pensais pas qu’un enseignant gagnait présentement au-dessus des 80 000 dollars par année. J’ai aussi réalisé que la majorité des gens furent étonnés dans mon entourage.
Le métier d’enseignant est certes demandant, je trouve quand même pas mal grotesque d’entendre le président de la FAE parler d’exploitation à 82 000 $ par année. « Tout ce qui est excessif est insignifiant », disait Talleyrand. Je crois que cela s’applique bien à la notion d’enseignants québécois supposément « exploités ».
Si noir que ça ?
L’Institut du Québec, un institut de recherche économique, s’est penché sérieusement sur la situation des enseignants québécois. Sont-ils maltraités lorsqu’on prend la peine d’aller chercher des comparatifs ? La réponse est non. Y a-t-il place à l’amélioration ? La réponse est oui.
Voici l’extrait exact : « La rémunération des enseignants du Québec est comparable à la moyenne de l’OCDE. À parité de pouvoir d’achat, les enseignants québécois sont mieux payés que ceux de la Finlande, mais moins bien rémunérés que ceux des Pays-Bas, de Singapour, de l’Ontario et de la moyenne canadienne. »
Par contre, parmi les pays qui payent mieux les enseignants, bon nombre sont aussi plus exigeants, que ce soit en matière d’évaluation ou de formation continue.
Les syndicats d’enseignants aiment parfois rappeler que lors de la fondation de son parti, François Legault avait ouvert la porte à rehausser substantiellement leur rémunération. Il faut alors préciser que cela venait avec de nouvelles exigences en retour, notamment la formation d’un ordre professionnel. C’est un peu indécent de demander l’argent lorsqu’on a refusé catégoriquement les autres idées du nouveau pacte.
La présence de marge de manœuvre semble avoir enivré certains chefs syndicaux. Du calme, le gouvernement ne laissera pas les syndiqués du secteur public partir avec la caisse. Ceux qui garderont l’appui du public amélioreront leur chance d’avoir leur part.