Les ennuis d'André Boisclair

Boisclair - chef du PQ



Généralement, au Québec, le chef de l'Opposition est plus populaire dans le test des sondages que le premier ministre. D'abord parce que le chef du gouvernement a pris plusieurs décisions difficiles qui, chacune, lui a progressivement mis à dos une partie de l'électorat. Plus son mandat avance dans le temps, plus cette insatisfaction grandit.
La preuve de cette grogne se manifeste d'abord dans les élections partielles qui surviennent au fil du temps et qui ne constituent jamais un terrain propice pour le parti au pouvoir.
Le chef de l'Opposition devrait normalement profiter de ces mois et ces années pour faire le plein d'appuis, pour démontrer qu'il serait un meilleur leader aux yeux de ses concitoyens. Cela est facilité par le fait qu'il ne se met vraiment personne à dos parce qu'il ne prend aucune décision, en réalité. Il a beau jeu.
Dans le cas d'André Boisclair, nous assistons au phénomène inverse. Depuis son élection à la direction du Parti québécois, le 15 novembre 2005, l'appui populaire au PQ dans les sondages au Québec va étonnamment dans le sens inverse de la logique : au lieu de croître, il périclite. De 50 % de la faveur populaire, le PQ a dégringolé à 34 %. Une partie de ces intentions de vote, soit 6 %, ont transféré au Parti libéral.
Cette glissade est d'autant plus inquiétante que le gouvernement libéral de Jean Charest n'a pas multiplié les bons coups pendant ce temps. Rappelons que juste après le choix de M. Boisclair, le gouvernement s'est embourbé dans l'affaire du financement des écoles juives, puis s'est empêtré dans le dossier du mont Orford. Pour le reste, la situation du gouvernement est au beau fixe : la santé va un peu mieux, mais pas tant que ça, l'éducation connaît des ennuis de réforme, l'économie vogue lentement quand elle n'a pas carrément la pneumonie comme c'est le cas dans la forêt et l'industrie porcine où saignent les emplois sans espoir de remplacement.
Pas étonnant que Jean Charest a hésité tout l'automne à déclencher des élections au Québec : il savait bien que le climat ne lui était pas si propice que ça.
Depuis quelques semaines, les choses commencent à changer. Le gouvernement à Ottawa paraît résolu à bonifier le régime de péréquation en faveur des provinces plus pauvres, dont le Québec. Le temps a passé et les électeurs ont oublié un peu les mauvaises nouvelles économiques de 2006.
Et André Boisclair ne réussit pas à galvaniser l'appui populaire pour son camp.
Quand les Québécois ont commencé à oublier un peu les aspects négatifs de son passé - les histoires de cocaïne, les "raves", etc. -, d'autres affaires sont venues troubler l'image de M. Boisclair auprès de l'électorat. Il y a eu cette participation à une parodie vidéo du film Brokeback Mountain, la défection de certains piliers comme Louise Beaudoin et Jonathan Valois, que plusieurs voyaient au sein de la nouvelle "équipe du tonnerre" que M. Boisclair tente de monter. Puis, des commentaires sur les syndicats.
Le doute s'est tellement installé que même des militants convaincus comme Bernard Landry et les apôtres du site Internet "Le Québécois" hésitent quant à son leadership.
En entrevue à Radio-Canada, hier, M. Landry n'a pas lancé la pierre à son successeur, mais il ne l'a pas défendu non plus. Pour quelqu'un qui était dans ces souliers il y a deux ans, on se serait attendu à une parade bien plus musclée de la bouche de M. Landry.
Chez Le Québécois, on n'a pas mâché ses mots. André Boisclair "a multiplié les gestes maladroits" et leur confiance "est ébranlée". Le Québécois condamne son flirt pour séduire la droite néo-libérale de Mario Dumont.
De fait, M. Boisclair a démontré un net manque de flair politique au cours des derniers mois. Une campagne électorale se prépare. Une saine démocratie demande que les électeurs soient informés d'idées solides, de choix clairs ; une saine démocratie au Québec a besoin d'un Parti québécois en forme. C'est le contraire qui se matérialise depuis l'accession d'André Boisclair à la tête du PQ.
Souhaitons que le parti se redresse à temps pour offrir des options électorales aux Québécois.


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