Reprise de ma chronique parue ce vendredi dans les pages du Journal de Montréal et du Journal de Québec.
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LES DESSOUS DE L’«AFFAIRE» BOLDUC
À la manière des poupées russes, l’essentiel pour comprendre l’« affaire » Bolduc est dans ce qu’elle cache. La première poupée est celle de l’argent.
Retourné à l’opposition en 2012, le député libéral et médecin, Yves Bolduc, encaisse une prime de 215 000 $ pour la prise en charge de 1500 nouveaux patients. La prime découle d’une entente paraphée sous sa garde lorsqu’il était ministre de la Santé.
En y ajoutant son salaire de député et une pratique médicale active, sur un an, la facture totale en fonds publics est de 450 000 $.
La deuxième poupée est celle de l’arrogance. En se disant «médecin avant d’être politicien», l’actuel ministre de l’Éducation a prouvé qu’il n’a plus sa place à l’Assemblée nationale.
La troisième poupée est celle de la vérité. En appelant à la démission d’Yves Bolduc, l’ex-ministre libéral de la Santé, Claude Castonguay, a mis le doigt sur les manquements graves du député. Un, pour avoir profité d’une prime négociée sous sa gouverne. Deux, pour avoir tiré le maximum de fonds publics en donnant le minimum. Trois, pour avoir donné le pire des exemples en plongeant à deux mains dans l’assiette à beurre collective.
Ajoutons l’abandon de ses 1500 patients et la négligence de son rôle d’élu pour cause de 25-30 heures/semaine en clinique. Incluant les week-ends où, comme médecin, sa rémunération gonflait de 30 %. Bref, Claude Castonguay a raison.
Or, Yves Bolduc ne démissionnera pas. Les dernières poupées russes expliquent pourquoi.
Patience et détermination
La quatrième poupée est celle du pouvoir. Après avoir banalisé le tout, mais poussé par l’effet-choc des invectives de Gaétan Barrette contre Claude Castonguay, Philippe Couillard bouge. Un peu.
Il dit maintenant constater l’imprudence d’Yves Bolduc. Il y aura une forme de remboursement de sa part et quelques «déclarations» sur les «circonstances» de sa pratique médicale. Pour faire diversion, M. Couillard dit voir les «vrais enjeux» dans le «mode de rémunération des médecins et autres sujets connexes».
La cinquième poupée est celle de la patience. S’il protège son ministre, ce n’est pas tant par corporatisme que parce qu’il a le luxe du temps.
Tablant sur un long mandat majoritaire, un seul objectif dominera tous les autres. Celui d’une redéfinition, peut-être même une réduction majeure, du rôle de l’État québécois. Il en connaît le détail. Les Québécois, eux, n’en savent encore rien.
La dernière poupée est celle de la détermination. Malgré la colère de nombreux citoyens provoquée à juste titre par l’affaire Bolduc, le premier ministre est déterminé à ne pas se laisser distraire de son but. Surtout pas par un scandale passager.
L’avenir dira s’il avait raison. Ou si, au contraire, la cupidité de son ministre aura ouvert une première brèche dans l’armure de Philippe Couillard.
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