Les contrevérités du Bloc

Élections fédérales - 2011 - le BQ et le Québec


Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a souvent connu des campagnes difficiles et celle-ci n'échappe pas à la règle.
Photo Graham Hughes, PC


Depuis sa fondation, le Bloc québécois a participé à sept campagnes électorales (celle-ci comprise). Il a récolté entre 37,9 et 49,3% des voix et a fait élire entre 38 et 54 députés en martelant un discours qui a peu changé et repose essentiellement sur quatre contrevérités.
La première de ces contrevérités veut que le Bloc soit le défenseur des «intérêts du Québec». C'est le coeur même du discours bloquiste, à deux dimensions. La première consiste en une interminable litanie des injustices de tous types dont le Québec aurait été victime (rapatriement de la Constitution en 1982, échec de l'accord du lac Meech, garantie de prêt accordée à Terre-Neuve, aide financière à l'industrie automobile ontarienne, etc.). Or, cette plainte ne vise pas à obtenir réparation pour ces «préjudices», mais à légitimer le discours souverainiste en noircissant le bilan des gouvernements fédéraux et en décriant le pacte fédératif.
La deuxième dimension consiste à soutenir inconditionnellement toute demande de fonds publics fédéraux qui émane du Québec, laquelle devrait être acceptée ipso facto par Ottawa quelle que soit sa valeur intrinsèque ou l'état des finances publiques. Or, cet appui irresponsable ne vise pas à favoriser la réalisation de ces projets, mais à démontrer que le gouvernement central est soit inique, soit impuissant. Contrairement à ses prétentions, le Bloc ne défend pas les intérêts du Québec: il cherche à générer de l'indignation.
Deuxième mensonge: la fédération canadienne est nuisible au Québec. Dans cette perspective, tout ce qui vient d'Ottawa ou du ROC est néfaste et le Québec n'est responsable d'aucune de ses difficultés. Ses gains, bien qu'ils aient fait l'objet d'interminables doléances, sont soit minimisés (reconnaissance de la nation), soit ridiculisés (l'UNESCO) sitôt acquis. Et les avantages de l'appartenance à la fédération (dont les 8 milliards annuels en péréquation et tous les investissements publics, en infrastructures) tenus pour des dus. Le Bloc a fait sien l'adage selon lequel un mensonge répété 100 fois devient une vérité.
Troisième fausseté: le Québec aurait des valeurs distinctes du reste du Canada. Cette duperie repose sur le fait indiscutable que le Québec possède une culture unique au Canada. Mais culture et valeurs font deux. En effet, si le Québec peut à juste raison s'enorgueillir de son originalité et de son dynamisme culturels, les valeurs que défend le Bloc (pacifisme, social-démocratie, écologisme, etc.) sont largement répandues dans le ROC et défendues par d'autres partis politiques, dont le NPD. Cet amalgame trompeur a pour objets de cultiver les sentiments d'altérité et d'aliénation et de tracer une frontière artificielle entre les Québécois et les autres Canadiens.
«Seul le Bloc peut stopper Harper». Cette rengaine, bien qu'absurde à sa face même, constitue le pain et le beurre électoral du Bloc. En 1993, 1997 et 2000, celui-ci a diabolisé Jean Chrétien, l'«éminence grise» du rapatriement de 1982, avec pour tout résultat un gouvernement libéral majoritaire chaque occasion. En 2004, il a surfé sur le scandale des commandites en éclaboussant sans vergogne le PLC, sans réussir à empêcher l'élection de Paul Martin (minoritaire). Puis, en 2006 et 2008, il a présenté Stephen Harper comme le dangereux yéti des Rocheuses, mais celui-ci a néanmoins fait passer le nombre de députés du PC de 99 à 124, puis à 143. Ce sophisme demeure néanmoins le mantra de la campagne du Bloc en 2011.
En somme, le discours du Bloc est jésuitique: sous couvert de la défense du Québec, il promeut le projet d'une minorité de Québécois, les indépendantistes. Les plus récents discours de son chef et la sortie de M. Parizeau dimanche en sont des aveux. C'est pourquoi sa présence sur la scène fédérale n'est qu'un leurre.
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Marc Simard
L'auteur est professeur d'histoire au collège François-Xavier- Garneau, à Québec.

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L'auteur enseigne l'histoire au Collège François-Xavier-Garneau.
Auteur de "Les éteignoirs - Essai sur le nonisme et l'anticapitalisme au Québec", publié aux Éditions Voix Parallèles





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