Les militants de Québec solidaire qui ont accepté d’entreprendre des discussions en vue d’une éventuelle alliance avec le PQ doivent aujourd’hui avoir la désagréable impression de s’être fait rouler.
Trois jours avant la tenue du conseil national de QS, ils avaient pu lire dans La Presse le compte rendu d’une entrevue dans laquelle Jean-François Lisée indiquait que les questions identitaires passeraient au second plan, même si elles avaient été omniprésentes durant la course à la succession de Pierre Karl Péladeau. Ses trois priorités seraient dorénavant l’économie, la santé et l’éducation. Un sondage qui reléguait le PQ au troisième rang à deux semaines des élections partielles a suffi pour que l’identité rapplique au galop.
On ne coince pas facilement un fin finaud comme le nouveau chef du PQ. « Il n’y a pas de contradictions, il y a des chapeaux », a-t-il expliqué. Ainsi, en plaçant la santé et l’éducation sous le chapeau de la solidarité, il est possible de réintégrer l’identité dans le trio prioritaire. Abracadabra et hop, le tour est joué.
M. Lisée croit sans doute que son agilité intellectuelle lui permettra de réaliser la synthèse de l’esprit qui animait la charte des valeurs de Bernard Drainville, dont il ne contestait en réalité que les modalités, et du principe d’inclusivité que défendaient ses opposants. Plusieurs parleront plus simplement d’un exercice de duplicité.
Le « rééquilibrage » qu’il avait annoncé au lendemain de son élection, afin que l’ensemble du caucus des députés se sente à l’aise avec la position du parti, avait laissé croire qu’il reviendrait plus ou moins aux recommandations du rapport Bouchard-Taylor, c’est-à-dire à une interdiction du port de signes religieux limitée aux juges, aux policiers et aux gardiens de prison, comme le préconisait Alexandre Cloutier.
Sa nouvelle politique va même plus loin que ce qu’il proposait durant la course. Le port de signes religieux par les enseignants et les éducateurs en garderie, dont il souhaitait faire l’objet d’une « discussion » au sein de la société québécoise, serait carrément interdit par un gouvernement péquiste.
Certes, les fonctionnaires demeureront libres d’en porter, mais le gouvernement fera la promotion de sa « nette préférence » pour l’abstention. C’est moins radical que ce que prévoyait la version Drainville, mais ceux qui choisiraient de ne pas tenir compte de cette préférence risqueraient de trouver le climat passablement lourd et devraient vraisemblablement se résigner à leur carrière au bas de l’échelle. Bonjour l’ambiance !
Il était assez divertissant de voir ceux qui, à l’instar de Maka Kotto, avaient reproché à M. Lisée de « chatouiller les parts sombres de l’âme » se rallier à une laïcité encore plus dure. « La course est loin derrière nous », a simplement dit le député de Bourget. M. Cloutier avalera-t-il cette couleuvre aussi goulûment ?
La porte-parole de la CAQ en matière de laïcité, Nathalie Roy, a eu beau jeu d’accuser le PQ de se comporter comme une girouette. Il est vrai que la nouvelle politique prévoit bien l’interdiction du tchador pour tous les employés de l’État, mais il avait voté pour le principe du projet de loi 62, qui l’autorise. L’amendement présenté par le PQ ne l’aurait interdit que pour les membres de la fonction publique, dont les enseignantes ne font pas partie.
Même si le PQ s’est donné un objectif de « francisation 100 % », il ne reconnaît aux nouveaux arrivants qu’un « droit » à la francisation, qu’ils seraient libres d’exercer ou non, tandis que la CAQ entend leur imposer l’« obligation » d’apprendre le français, sans quoi ils ne recevraient pas leur certificat de sélection.
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