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Le Canada a tenté de commettre un « génocide culturel » visant les populations autochtones du pays aux 19e et 20e siècles, estime la juge en chef de la Cour suprême du Canada.
Dans un discours sur la tolérance prononcé devant le Centre mondial sur le pluralisme, Beverley McLachlin n'a pas mâché ses mots pour décrire cette période sombre de l'histoire canadienne.
Ses remarques ont été prononcées alors que le rapport de la Commission de vérité et réconciliation, qui a recueilli les témoignages d'ex-élèves des pensionnats autochtones, doit être publié la semaine prochaine.
« La tache la plus flagrante de notre histoire canadienne porte sur notre traitement des Premières Nations qui ont vécu ici au temps de la colonisation », a-t-elle affirmé. Après une période marquée par la cohabitation et l'égalité, a-t-elle ajouté, le gouvernement canadien a développé une « philosophie d'exclusion et d'annihilation culturelle ».
« L'objectif - je cite Sir John A. MacDonald, notre ancêtre vénéré - était de "sortir l'Indien de l'enfant" et de résoudre ainsi ce qu'on appelait le problème indien. L'"indianité" ne devait pas être tolérée; elle devait plutôt être éliminée. »« Dans le mot à la mode de l'époque, c'était de l'assimilation; dans le langage du 21e siècle, un génocide culturel. »
— Beverley McLachlin
La juge McLachlin a appuyé ses propos en rappelant quelques politiques qui ont été préconisées au fil du temps par le gouvernement canadien. Parmi celles-ci : les lois empêchant les Autochtones de quitter leur réserve, de voter, de pratiquer leurs traditions religieuses et sociales.
Elle est aussi revenue sur l'épisode des pensionnats autochtones, où l'on interdisait aux enfants de parler leur langue et de porter des habits traditionnels, et où on les forçait à suivre les traditions chrétiennes.
La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée en 1948 par les Nations unies, ne contient pas les termes « génocide culturel ». Elle stipule cependant que « des atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale de membres d'un groupe » peuvent constituer un génocide si elles ont été commises dans « l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
La juge McLachlin estime que le Canada a appris de ses erreurs depuis. Elle a notamment rappelé que le premier ministre Stephen Harper a présenté ses excuses aux Premières Nations en 2008 pour les sévices subis dans les pensionnats autochtones.
Il est peu fréquent que des responsables canadiens de si haut rang assimilent le traitement réservé aux autochtones à un « génocide culturel ». L'ex-premier ministre Paul Martin est l'un des rares à avoir utilisé l'expression lors de son témoignage devant la Commission de vérité et réconciliation, il y a deux ans.
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