Rien ne va plus au parti républicain au lendemain de ce que les médias américains qualifient de « débat le plus laid de l’histoire ». Ce qui sera peut-être perçu a posteriori comme le coup de grâce porté au pétulant Donald Trump n’est pas venu du parti démocrate, mais bien de son propre parti alors que le président de la Chambre des représentants, le républicain Paul Ryan, a largué Trump en fin de matinée.
La première salve a été donnée dès après le débat alors que différents sondages, la plupart tenus en ligne et non scientifiques, pointaient vers un match nul ou une victoire « molle » de la candidate démocrate Hillary Clinton. Des résultats mitigés, par ailleurs synchrones avec l’avis des commentateurs. Un sondage commandé par CNN et Opinion Research Corporation (ORC) met toutefois en relief une donnée en apparence paradoxale qui revient dans d’autres coups de sonde : ainsi, 63 % des 537 répondants, un échantillon certes peu élevé, estiment que Donald Trump a surpassé leurs attentes.
Mais celles-ci étaient très basses.
Dans le New York Times, on titrait à cet égard : « Trump parle au débat, mais plusieurs femmes n’entendent qu’un enregistrement de 2005 », une référence aux propos infâmes du candidat rendus publics le 7 octobre, et dont la teneur vulgaire, violente et misogyne a engendré une vague de défections républicaines sans précédent.
Un parti sous occupation ?
Qu’à cela ne tienne, la machine de Trump a tenté de récupérer les différents chiffres en insistant sur sa victoire. En vain. Lundi, la panique républicaine devenait un peu plus palpable à chaque heure.
Signe que le divorce entre le parti républicain et son candidat est peut-être en voie d’être consommé, Paul Ryan, qui, en tant que président de la Chambre des représentants, est l’élu républicain le plus haut placé, a laissé savoir à son caucus qu’il ne défendrait plus ni ne ferait désormais campagne avec Donald Trump. Il s’est cependant gardé de le désavouer publiquement, ce qui lui a valu les railleries du camp Clinton et les foudres du camp Trump.
Mais le chef républicain entend sauver les meubles au Congrès, qui sera renouvelé le même jour que la présidentielle. Il ne veut pas donner à Hillary Clinton un « chèque en blanc avec un Congrès contrôlé par les démocrates », selon une source de son parti.
M. Ryan « devrait consacrer davantage son temps au budget, à l’emploi et à l’immigration » plutôt que de « se battre contre le candidat républicain », a écrit Donald Trump sur Twitter.
La manoeuvre de Ryan ne fait pas l’unanimité chez les républicains, qui risquent à présent plus que la présidence.
« Des sondages privés ont plongé le parti dans la panique la plus complète […] On dirait qu’on n’aura pas juste une démocrate à la Maison-Blanche, mais aussi une majorité démocrate au Sénat. Tous ces républicains accommodants — des républicains de Vichy dans un parti républicain occupé — ont agi de la sorte parce qu’ils étaient carriéristes », a indiqué au site Politico le stratège républicain Steve Schmidt, qui fut directeur de campagne pour John McCain.
Des inquiétudes qui semblent fondées. Un sondage conduit pour le compte du réseau NBC et du Wall Street Journal durant la fin de semaine auprès de 500 répondants (marge d’erreur de 4,38 %) — donc après la divulgation des propos incriminants de Trump — donne les démocrates gagnants au Congrès à 49 % contre 42 % pour les républicains.
Le même sondage accorde une avance de 11 points à Hillary Clinton, qui obtient 46 % des intentions de vote contre 35 % pour Trump. Avec une telle avance, les analystes notent que les démocrates peuvent espérer récupérer la Chambre des représentants.
« Un nouveau bas »
L’équipe d’Hillary Clinton ne pouvait rêver d’un meilleur lendemain de débat. « Vous avez vu le débat hier soir ? Je ne crois pas que vous reverrez une chose pareille. En tout cas, j’espère », a plaisanté Hillary Clinton devant une foule record pour sa campagne — plus de 10 000 personnes, voire 18 500, selon son équipe — sur le campus de l’université Ohio State à Columbus.
Encore une fois, les déboires de Donald Trump ont occupé tout l’espace médiatique alors que peu d’attention a été accordée au scandale des courriels de la candidate démocrate.
Il faut dire que lors du débat, Trump a fourni de nombreuses citations-chocs, tels ses bons mots pour la Russie, que le clan Clinton s’est empressé de reprendre dans de nouvelles publicités. En roue libre, Trump a qualifié Clinton de « diable » incarné, le genre d’hyperboles qui ne plaît qu’à sa base. Dans ce que le Washington Post a déploré en éditorial être « un nouveau bas, même pour Trump », le candidat républicain a en outre laissé entendre qu’il ferait emprisonner Clinton s’il était élu président.
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Lendemain de veille républicain
Donald Trump se fait larguer par l’influent Paul Ryan au lendemain d’un débat présidentiel qui fera date pour les mauvaises raisons
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