LEAP - Quelques paragraphes dans le numéro du 15 novembre dernier

Crise du capitalisme - novembre décembre 2011


Ainsi le Royaume-Uni est tout simplement définitivement « mis à la porte » des réunions de l'Euroland (13). Et les autres pays membres de l'UE hors zone Euro se sont à nouveau regroupés derrière l'Euroland en refusant de soutenir la proposition britannique d'un droit de véto des 27 sur les décisions de l'Euroland. La dérive du Royaume-Uni connaît donc un coup d'accélérateur illustré par les tentatives accrues des Eurosceptiques britanniques (qui sont généralement les fantassins de la City (14)) pour tenter de couper au plus vite le maximum de liens avec l'Europe continentale (15). Loin d'être une preuve du succès de leur politique, c'est au contraire un aveu d'échec complet (16) : après vingt ans de tentatives ininterrompues, ils n'ont pas réussi à briser le processus d'intégration européenne qui reprend de plus belle sous la pression de la crise. Ils tentent donc de « larguer les amarres » par crainte (fondée d'ailleurs (17)) de voir le Royaume-Uni obligé de se fondre dans l'Euroland d'ici la fin de cette décennie (18).
Sur le fond, c'est une fuite en avant désespérée qui, comme le souligne Will Hutton dans un article remarquable de lucidité paru dans le Guardian du 30/10/2011, ne peut conduire le Royaume-Uni qu'à l'éclatement avec une Ecosse qui veut revendiquer non seulement son indépendance (19) mais également son ancrage européen, et à une situation socio-économique de marché financier off-shore sans protection sociale (20) ni base industrielle (21) : en résumé, un Royaume-Désuni à la dérive (22) !
Et l'allié américain étant dans un état aussi désespéré, la dérive peut s'éterniser pour le plus grand malheur du peuple britannique qui se montre de plus en plus agressif avec la City. Même les anciens combattants commencent à rejoindre le mouvement Occupy the City (23) : visiblement, sur ce point, il y a une étonnante convergence de points de vue entre l'Euroland et le peuple britannique !
Pour se consoler, les financiers britanniques pourront se dire qu'ils détiennent la plus grande proportion d'actifs publics japonais hors Japon … mais au moment où le FMI met en garde de plus en plus fermement le Japon sur le risque systémique de sa dette publique qui dépasse les 200% du PIB (24), est-ce bien une consolation ?




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