Je suis «tanné» d'entendre dire qu'en votant pour les tiers partis, vous
allez diviser le vote.
La dictature est un régime politique dans lequel une personne ou un groupe
de personnes exercent tous les pouvoirs d’une façon absolue. Le dirigeant
n’est soumis à aucune loi ou institutions qui viennent limiter ses
pouvoirs. Le dictateur, c’est le tyran, le despote, celui auquel on se
soumet sans rien dire. En régime dictatorial, les élections n’existent que
pour la forme. Sur le bulletin de vote, il n’y a qu’un nom. Les électeurs
n’ont donc pas d’autre choix que de voter pour ce seul nom. Le XXe siècle
a connu plusieurs dictatures. Quelques dictateurs du dernier siècle :
Hitler, Franco, Kim II-sung et plus près de nous, les deux Duvalier
(Haïti). En régime dictatorial, le vote est indivisible. Il n’y a qu’un
candidat et l’électeur doit voter pour lui.
La démocratie, du grec ancien démokratia «souveraineté du peuple», est un
régime politique où le peuple est souverain. Le régime démocratique met
l’accent sur la possibilité pour le peuple d’exercer un certain contrôle
sur ses dirigeants et de les évincer du pouvoir sans recourir à la
révolution armée. Le citoyen n’a qu’à se présenter aux urnes le jour du
scrutin et manifester son choix.
Les Québécois, depuis la Confédération canadienne (1867), avaient le choix,
en principe, entre deux partis : les rouges ou les bleus. Depuis la
fondation, en 1968, du Parti québécois (né de la fusion des partis
indépendantistes) le vote se divisait toujours entre fédéralistes et
indépendantistes. Après le référendum de 1995, de nouveaux partis sont
apparus dans le décor politique québécois : Bloc pot, CAQ, Équipe
autonomiste, Mouvement équité au Québec, Option nationale, Parti
conservateur du Québec, Parti de la classe moyenne du Québec, Parti
égalité, Parti équitable, Parti indépendantiste, Parti marxiste-léniniste
du Québec, Parti nul, Parti unité nationale, Parti vert, QS, Union
citoyenne du Québec. Il y vingt-un partis politiques reconnus au Québec.
Jadis, les partis traditionnels se divisaient le vote populaire. Ce n’est
plus le cas.
Les fédéralistes, malgré quelques divergences internes, demeurent un bloc
monolithique. Les indépendantistes, incapables de se rallier autour d’un
projet commun bien articulé, ont recréé la division d’avant 1968 : il y a
maintenant plusieurs partis qui se disent souverainistes ou
indépendantistes et qui le sont selon l’humeur du moment.
En juin 2005, par exemple, les militants du PQ avaient adopté un «projet de
pays», en promettant de présenter à l’électorat un budget d’un Québec
indépendant, le tout accompagné d’un référendum rapide. Lors de l’élection
de 2007, le PQ-Boisclair mit de côté cet audacieux programme. Lors de
l’élection de 2008, le PQ-Marois en fit autant. En avril 2011, Pauline
Marois, bafouant les règles de son propre parti, fit approuver dans un
Conseil national (alors que seul un Congrès général peut modifier un
programme politique) un projet de gouvernance «souverainiste» et en
remettant un futur référendum, «au moment jugé opportun». Le PQ a engendré
lui-même, depuis des années, la division du vote «souverainiste». S’il y a
aujourd’hui plusieurs partis qui se disent «souverainistes», il n’y en a
que deux qui se disent «indépendantistes» : ON et PI.
Le 4 septembre 2012, les fédéralistes voteront sans doute libéral ou
caquiste. Quant aux indépendantistes, ils voteront soit pour le Parti
québécois (souverainiste à temps partiel), soit pour Québec solidaire (la
précision sur la question est à venir), soit pour Option nationale ou pour
le Parti indépendantiste. En ce sens, le vote souverainiste sera fortement
divisé entre des partis qui se disent plus ou moins indépendantistes et
deux formations qui ont opté carrément pour l’indépendance du Québec.
L’électeur indépendantiste n’a donc pas d’autre choix que de votre pour
l’un ou l’autre des partis indépendantistes. Et, ma foi, pourquoi ces deux
derniers ne se sont-ils pas fusionnés?
Voter, en démocratie, c’est forcément diviser le vote. Voter au Québec,
pour le moment, c’est diviser encore davantage. Les fédéralistes se
retrouvent devant deux choix. Les indépendantistes se retrouvent devant
plusieurs choix potentiels. Il est fort possible que le soir du scrutin,
le prochain gouvernement soit élu avec moins du tiers des voix populaires.
À ne plus savoir ce qu’on veut précisément, on risque de se retrouver avec
quelque chose qui ne rassemble plus la majorité.
NESTOR TURCOTTE - Matane
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
Le vote souverainiste sera fortement divisé
À ne plus savoir ce qu’on veut précisément, on risque de se retrouver avec quelque chose qui ne rassemble plus la majorité
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11 commentaires
Jean-François-le-Québécois Répondre
17 août 2012Souvenons-nous qu'en 2007, le PQ a vraiment perdu des plumes, et l'ADQ a réalisé une performance électorale que ce parti n'a jamais été capable de répéter (se faisant plus tard avaler par la CAQ)...
L'ADQ a ainsi rafflé beaucoup de votes qui autrement, seraient possiblement allés au PQ, mais sans toutefois permettre à l'ADQ de prendre le pouvoir.
Charest et sa bande de voyous ont ainsi pu former un gouvernement PLQ minoritaire, malgré leur relative impopularité. Et un an après, les libéraux ont déclenché d'autres élections (du jamais vu de mon vivant) pour «avoir les deux mains sur le volant»!
Soyons conscients que bien des «zindécis» et des souverainistes (très) mous, voteront possiblement pour la CAQ, la créature de Desmarais qui a avalé l'ADQ, et promet un peu n'importe quoi. Présentement, à Québec, Legault mène dans les sondages locaux...
Demandons-nous: voulons-nous vivre une expérience similaire à celle de 2007, et laisser Charest décrocher un autre mandat, après 10 années consécutives de sabotage du Québec???
Je m'excuse, mais je crois que cette fois-ci, si nous voulons conserver une chance d'avoir un jour un pays, et entretemps, une société qui nous ressemble encore, ça passe ou ça casse! John James MacDonald Charest ne peut pas demeurer premier ministre du Québec.
Nestor Turcotte Répondre
16 août 2012Madame Marois, cher Monsieur, a moins que vous ne sachiez pas lire, a mis au rancart l'indépendance du Québec pour le moment. C'est écrit noir sur blanc dans les documents officiels de son parti. Sauf, qu'elle n'a pas pris la peine de dire quand elle reprendra les hostilités. Elle passera sans doute tout son mandat, si elle est élue, à préparer les cinq années de turbulence qu'elle a elle-même annoncée.
Monsieur Legault a été clair: dix ans sans parler d'indépendance. Au frigidaire, la souveraineté. Il y a des choses plus importantes à régler.
QS mentionne dans son programme qu'il est souverainiste, sauf qu'il en parle très peu durant la campagne.
ON écrit noir sur blanc qu'il fait campagne pour l'indépendance du Québec. C'est rassurant et rafraîssant.
Pauline est un «croyante» non pratiquante. A quoi ça sert? C'est comme un joueur de hockey assis sur le banc qui dit aux autres joeurs comment jouer au hockey...
Au moins, avec ON, on est fixé. On veut faire l'indépendance et ON explique comment y arriver. Au pq, ON n'explique plus rien. Certains votent pour ce parti comme mon père votait rouge. On appelle ça des teindus.
NT
Archives de Vigile Répondre
16 août 2012M. Turcotte n'aime pas le PQ ni Québec solidaire, constate que le PI colle au fond et que l'ON présente un inconnu dans son comté. M. Turcotte, orphelin de candidat indépendantiste à son goût, comme citoyen dépité, nous propose de nous abstenir de voter, ce qui est un cadeau direct au PLQ Charest.
M. Turcotte en a profité, de nouveau, ce matin pour blâmer Mme Marois sur le Journal de Montréal.
Nestor Turcotte Répondre
14 août 2012Vous me demandez pour qui voter?
Franchement, je dois vous avouer que je ne peux pas voter PQ. Ce parti que j'ai fondé nous a tellement roulé dans la farine qu'il ne vaut plus la peine de le remettre au pouvoir.
Si on le fait, il nous refera le même coup déjà fait deux fois. Je n'en veux pas un troisième. C'est un parti qui est devenu purement électoraliste, ressemblant encore moins à l'ancienne UNION NATIONALE. Je suis, historiquement, davantage fier de DANIEL JOHNSON (père) que de Pauline Marois.
Alors, il me reste quoi pour exercer mon devoir de citoyen?
PI n'existe pas ici. QS me désole sur bien des points. Et ON a un candidat qui est totalement inconnu et qui, de surcrôit, demeure en dehors de notre circonscription.
Je penche pour la solution Chartrand. Si tous les indépendantistes annulaient leur vote, quelqu'un, quelqu'un part, arriverait peut-être à se réveiller.
Nestor Turcotte
Archives de Vigile Répondre
13 août 2012Monsieur Turcotte,
Je vous remercie pour cet article très intéressant. Vous soulevez une question très importante dans mon esprit. Devrais-je voter maintenant pour le PQ ou voter pour le PQ « au moment jugé opportun » pour un futur référendum ?
Archives de Vigile Répondre
13 août 2012Les élections telles qu'on les connaît sont une arnaque destinée à perpétuer le statu quo social, économique et politique.
C'est ce qu'a fait le PQ chaque fois qu'il a détenu le pouvoir.
Je réfère constamment à l'excellent texte de monsieur Michel Rolland:
"En lisant Monsieur Nestor...
Contre la dictature… Pour l’abstention !"
http://www.vigile.net/Contre-la-dictature-Pour-l
Ce qui arrive présentement, c'est que peu importe qui gagne, on est sûr que d'une seule chose: le bien commun sera desservi et le gouvernement élu servira strictement les intérêts de la riche élite capitaliste de la finance et des affaires peu importe que le gouvernement soit péquiste, libéral ou Caquiste.
Et de voter pour ON ou QS ou VERT, des partis qui n'auront pas au total 10% du vote ne donne rien sinon que de donner de la légitimité à ce processus électoral qui ne débouche qu'à perpétuer le pouvoir, les privilèges et la richesse des uns et la pauvreté et la misère des autres.
À part ça, à quand le revenu de citoyenneté universel promu par le grand Michel Chartrand afin que tous vivent décemment et heureux au Québec?
Entre vous et moi, si les élections étaient autre chose qu'un maudit spectacle, ne serions-nous pas à discuter d'un tel revenu pour tous les Québécois? Peut-il y avoir un sujet plus pertinent que celui-là, c'est à dire l'accès à une vie décente pour tous les Québécois sans exception?
Jean-Louis Pérez-Martel Répondre
13 août 2012Monsieur Turcotte,
Le Québec ne deviendra un pays indépendant qu’en limitant la mouvance souverainiste à un seul parti politique. Cette convergence des souverainistes se réaliserait si l’on arrivait à neutraliser les partis marginaux qui ne font qu’empêcher l’option d’une stratégie ouvertement indépendantiste provoquant ainsi la réinstauration du bipartisme, lequel obligerait l’électorat à se décanter pour la servitude fédéraliste ou pour la pleine liberté politique et un plus haut IDH.
Pourquoi Robert Bourassa avait-il eu l’opportunité politique, comme nul autre Premier ministre, de faire du Québec un pays libre de la tutelle d’Ottawa ?
Le bipartisme est pourtant essentiel pour réaliser l’indépendance du Québec, car l’actuel mode de scrutin électoral favorise encore la majorité francophone face à l’électorat anglo-allophone concentré à Montréal et Laval (95% sont pro-fédéralistes) qui votera toujours contre la liberté de ladite majorité.
Monsieur Turcotte, veuillez lire l’article d’Alain Dubuc Le chiffre de la semaine: 36% (la Presse, 11-08-2012) http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/alain-dubuc/201208/10/01-4564079-le-chiffre-de-la-semaine-36.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_alain-dubuc_3261_section_POS1
et vous constaterez comment l’atomisation de l’électorat de la majorité francophone est le grand problème. Nous devons convenir que pour arriver à réaliser l’indépendance du Québec, une forte union politique des souverainistes s’avère indispensable afin de faire face à la machine fédéraliste, aux traîtres et mercenaires politiques au Québec qui sont au service d’Ottawa.
JLPM
Archives de Vigile Répondre
13 août 2012Il ne faut pas trop s'en faire sur la division du vote. Si on se base sur Argenteuil et alors qu'en principe dans une partielle on se fait plaisir. QS:2,74%. ON: 350 votes. À 21h30, leur manif était encore légale à 45 votes.
Simplement sur cette base mais sur bien autres choses aussi, la sortie de Gilles Duceppe était innoportune. Sortie amère surement teintée par les deux claques sur la gueule coup sur coup. 2 mai 2011, et tentative ratée à la chefferie. On nous souhaite qu'il nous revienne avec plus de sérénité.
QS sera en force dans 2 ou 3 comtés de l'est de Montréal. PQ et QS, première et deuxième force. Que le meilleur gagne.
Ailleurs, pas vraiment de gros troisième faisant passer le libéral ou le caquiste. Sauf peut-être pour le cas particulier du comté de JMA.
Mario Boulet Répondre
13 août 2012Le vote souverainiste ne sera pas autant divisé que vous le présagez. Option Nationale récoltera 2% des voix environs. Québec Solidaire n'en récoltera pas davantage. Le Parti Vert est le plus grand adversaire.
Option Nationale est méconnu du grand public. Malgré un bon programme, les gens ne le connaissant pas, ne voteront assurément pas pour lui. De plus, voter Option Nationale, pour ceux qui connaissent ce parti, c'est enclenché la souveraineté du Québec illico dès le jour 1 du vote. Les gens sont tannés d'entendre parler de souveraineté car il manque de motifs pour plusieurs qui ne connaissent ni leur histoire, ni les tendances des anglophones hors-Québec lorsque vient le temps de négocier.
Québec Solidaire est en chute libre. Le fait que Amir Khadir ait joué à Che Guevara en défiant la justice et l'Assemblée Nationale pendant la crise étudiante n'a pas aidé sa cause. De plus, il a été emprisonné. On ne le voit pas non plus beaucoup. Son image est à la baisse. Il n'entre même pas dans le comté de Mercier à la lueur de certains sondages. C'est pourquoi que Françoise David tente de tout faire pour au moins avoir son siège.
Quant aux autres partis, ensemble, ils récolteront 1% environ.
Vous rêvez un peu en couleurs. Ne trouvez-vous pas?
Archives de Vigile Répondre
13 août 2012Vous avez raison. Nous excellons dans l'art de nous enfarger dans nos lacets de bottines!
En fin de semaine, Pauline parlait justement de stratégie référendaire.
Souverainiste ou indépendantiste? Ou l'art de nous enfarger dans nos lacets de bottines!
Gilles Jean
Archives de Vigile Répondre
13 août 2012Eh oui! Peut-être faut-il subir l'agressivité de l'économie de marché pendant encore quatre ans pour que les gens se réveillent. Triste humanité...