Le président américain Donald Trump a lancé de nouvelles attaques vendredi contre les démocrates, intensifiant une confrontation déjà envenimée par sa guerre des mots sans merci avec la cheffe de l’opposition parlementaire Nancy Pelosi.
«C’était un coup d’État manqué», a accusé, sans fondement, le président des États-Unis en référence à une enquête conduite par la police fédérale (FBI) lors de sa campagne présidentielle en 2016.
Le milliardaire a ainsi expliqué l’ordre donné à son ministre de la Justice Bill Barr d’enquêter sur «l’espionnage» de sa campagne, afin de déterminer si cette surveillance était justifiée.
Le directeur du FBI Christopher Wray a récemment refusé d’employer le mot «espionnage» pour qualifier l’enquête ouverte dès juillet 2016 sur les ingérences de Moscou dans la campagne présidentielle, et qui s’est ensuite intéressée aux contacts entre l’entourage du candidat républicain et Moscou.
Attisant la colère des démocrates qui l’accusent d’«abus de pouvoir», il est passé à la vitesse supérieure jeudi en octroyant à son ministre «le pouvoir absolu» de déclassifier toute information pertinente.
Dans cette ambiance tendue, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, tente de calmer les démocrates, encore minoritaires, qui exhortent à lancer une procédure de destitution contre le républicain.
Une option qui provoquerait de «profondes divisions», met-elle en garde. Et risquerait de brouiller le message des démocrates à l’approche des élections présidentielle et parlementaires de 2020.
Pour l’instant, cette femme politique aguerrie âgée de 79 ans parvient à tenir ses troupes.
Et elle semble avoir été aidée en cela par la spectaculaire escalade des tensions personnelles avec Donald Trump, 72 ans, qui lui a valu le soutien public de démocrates pro-destitution.
«Des choses horribles»
Le ton est spectaculairement monté jeudi, lorsque les deux dirigeants ont chacun mis en doute l’équilibre mental de l’autre.
Depuis, le président des États-Unis a retweeté un montage vidéo de Nancy Pelosi rassemblant des extraits d’une conférence de presse où elle semble bafouiller.
Mais c’est une autre vidéo, manipulée pour donner l’impression que la démocrate était ivre ou s’exprimait avec grandes difficultés, qui a fait scandale.
Partagée des millions de fois sur les réseaux sociaux, y compris, brièvement, par l’avocat de Donald Trump Rudy Giuliani, cette vidéo a été ralentie à environ 75% de sa vitesse normale.
Donald Trump a refusé de commenter cette vidéo mais a justifié ses propos contre Mme Pelosi, qu’il a surnommée «Nancy la folle», en affirmant qu’il n’avait fait que lui répondre: «elle a dit des choses horribles».
Le président américain s’est ensuite envolé pour le Japon. Les parlementaires ont eux aussi quitté Washington pour une semaine de vacances, qui pourrait aider à faire retomber les tensions.
Le duel Pelosi-Trump s’inscrit dans le contexte de la tentaculaire enquête russe qui a empoisonné la première moitié du mandat du républicain.
Dans un long rapport publié fin avril, le procureur spécial Robert Mueller fait état de l’ingérence russe dans la présidentielle de 2016 mais conclut que l’équipe de campagne de Donald Trump n’a pas coopéré avec Moscou.
M. Mueller se garde en revanche de blanchir le président des soupçons d’entrave à la justice.
Forts de leur majorité à la Chambre, les démocrates multiplient donc les investigations parlementaires pour suivre cette piste.
Un «harcèlement», dénonce Donald Trump, qui s’estime totalement blanchi par l’enquête Mueller. Il a refusé de répondre à plusieurs injonctions du Congrès.
Ce sont ces blocages à répétition qui ont soufflé cette semaine sur les braises du débat de la destitution du côté de l’opposition.
Au point que plusieurs démocrates affirment que Donald Trump --habile «animal politique» qui brigue un second mandat-- pousse en direction d’une procédure de destitution qui leur nuirait probablement dans les urnes.
Le républicain s’applique en tout cas à décrire un parti démocrate obsédé par les enquêtes, qui ne «fait rien» pour les électeurs.
«Ne vous laissez pas duper», a répliqué Nancy Pelosi sur Twitter vendredi, en publiant une liste des lois approuvée par la Chambre, pour renforcer le contrôle des ventes d’armes, étendre l’accès au vote, défendre le système de santé ou lutter contre les discriminations... Des lois qui sont vouées à s’échouer sur un Sénat républicain.