Depuis mars 2008, à titre de chroniqueur de Vigile.net, j’ai eu le privilège de suivre et commenter l’actualité politique québécoise. Le PQ, sa chef, Pauline Marois, et la question nationale ont donc été l’objet de plusieurs de mes chroniques où j’ai pu faire part à mes lecteurs de nombreuses observations qui semblent avoir résisté à l’épreuve du temps. Je vous propose aujourd’hui des extraits de quelques-uns de ces articles écrits en 2010.
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Le temps de l’enlisement
La lutte pour la survie de la planète commence dans notre cour, ici au Québec, avec notre peuple. L’indépendance du Québec est le premier pas, une première bataille à gagner. Si nous perdons ici, chez nous, comment pourrions-nous alors prétendre objectivement vouloir défendre le sort de la planète ailleurs et vaincre les mêmes forces impérialistes anglo-saxonnes qui nous empêchent de devenir souverains ? L’indépendance est le seul chemin vers le plein exercice de la souveraineté politique, l’outil privilégié pour influencer le destin de notre planète. Libre à nous de ne pas vouloir l’exercer, nous en vivrons alors les conséquences. Mais si nous voulons vraiment que nos enfants changent le monde, si nous sommes sincères dans notre désir de nettoyer la planète, nous n’aurons pas le choix, nous devrons leur donner la liberté et la possibilité de le faire en devenant un pays souverain. Espèces menacées. Le 8 janvier 2010.
Je n’ai pas l’intention de me convertir aux idées de droite parce que Pauline Marois a décidé d’adopter le credo néolibéral des Pratte et Dubuc de la grosse Presse sous le bon conseil des Bouchard, Facal et Legault, plutôt que celui de ses alliés de gauche qu’elle souhaite voir taire, parce que leur discours ne ferait pas son affaire. La fin ou le début des haricots ? Le 14 mars 2010.
Ce qui a fait historiquement la force du parti québécois, ce sont tous ces petits 5 dollars qu’il récoltait. René Lévesque le disait, 1 million de Québécois qui donnent 5$, ça fait 5 millions$. C’était à la base de la Loi sur le financement des partis politiques, redonner confiance aux électeurs dans la démocratie. Le gouvernement élu sera redevable aux citoyens, pas au service des entreprises. L’indépendance se fera par le peuple et pour le peuple, elle ne sera pas l’otage des riches donateurs. C’est pour cela qu’il faut d’abord ramasser des 5$, des millions de 5$, pas des 3000$. Opération 1 million de Québécois pour l’indépendance. Le 17 mars 2010.
Étrangement, si les Québécois peuvent accepter que les Canadiens perdent les séries chaque année, continuant d’espérer les voir gagner l’année suivante, il est paradoxal de constater qu’ils refusent l’idée même de subir à nouveau les affres d’un autre référendum sur la souveraineté. On peut encore espérer gagner la coupe Stanley, mais pas notre indépendance, un troisième référendum étant considéré comme une vaine tentative qui risquerait de se solder par un échec si l’on se fie à l’opinion exprimée par une majorité de Québécois. Si leurs idoles doivent souffrir dans les coins de patinoire pour boire à la coupe Stanley, nos compatriotes refusent obstinément de faire les mêmes efforts pour connaître le Grand soir. Une majorité de Québécois croient que l’indépendance ne se fera pas. Que dirait-on des Canadiens de Montréal s’ils refusaient de faire les séries par peur de perdre ? L’étoffe des héros. Le 4 mai 2010.
Si les chefs indépendantistes ne font pas ces deux démonstrations hors de tout doute raisonnable, l’urgence et la solution, l’indépendance, nous n’atteindrons pas collectivement ce point de rupture. Voilà pourquoi la stratégie des gestes de souveraineté du Parti Québécois est un échec. Voilà pourquoi le PQ ne réussit pas à profiter de la morosité des Québécois dans la faveur populaire. Voilà pourquoi il ne réussit pas à convaincre que l’indépendance est la seule solution. On ne peut pas à la fois dire que l’indépendance est la solution à tous nos maux et prétendre en même temps qu’on peut aller chercher plus de pouvoirs à Ottawa en attendant l’arrivée du grand soir. Il s’agit d’un message ambigu qui suggère que le Canada peut encore être réformé. Le point de rupture. Le 10 mai 2010.
Nous connaissons tous la chanson. Étant un parti de masse, le PQ prétend viser l’électorat le plus large possible afin de prendre le pouvoir, se réservant la possibilité de faire l’indépendance lorsque les conditions favorables seront réunies. Cela signifie de ne pas en parler avant les élections comme le PQ nous y a habitués depuis longtemps. Demain le bâton de pèlerin ! Nous sommes déjà nombreux à penser que la gouverne provinciale mènera à un cul-de-sac, s’il fallait que le PQ mette également la question linguistique sur la glace par pur électoralisme, cela enlèverait définitivement toute crédibilité à ce parti, achevant ainsi le long travail de déconstruction du PQ amorcé il y a 15 ans au lendemain du référendum de 1995. La barrière de la langue. Le 24 juin 2010.
Pendant que les Facal, Legault et Bouchard mettent les freins sur l’indépendance, leurs bons amis fédéralistes appuient sur l’accélérateur afin de réduire le poids démocratique et économique du Québec dans la fédération canadienne, leur façon à eux de régler le problème québécois. (...) Pendant que François, Joseph, Lucien et les autres font diversion au sujet de la nécessaire indépendance du Québec, leurs amis fédéralistes de centre-droit s’occupent des vraies affaires, la marginalisation du Québec au sein de la Fédération canadienne. L'opportuniste. Le 7 octobre 2010.
Dans les faits, l’éventualité annoncée d’un retour de François Legault en politique n’a presque pas eu d’effets sur le degré de popularité de Pauline Marois qui varie peu depuis 2 ans, 25 %, sauf à l’époque de son retour où il avoisinait les 45 %, comme c’est le cas aujourd’hui pour François Legault. Rappelons-nous, André Boisclair avait lui aussi dépassé les 40% dans la faveur des Québécois lorsqu’il avait annoncé la fin de sa retraite. On connaît la suite. Reconnaissons-le, c’est surtout l’attrait du renouveau qui fait monter la popularité de ces anciens politiciens qui font un retour en politique comme ces vedettes d’Hollywood qui reviennent à la vie publique après avoir maigri, changé leurs implants mammaires ou s’être fait effacer quelques rides. La trêve dure le temps que le public s’habitue à leur nouveau look jusqu’à ce qu’il redécouvre finalement tous leurs vieux défauts. Un tiens vaut peut-être mieux que deux tu l’auras. Le 25 octobre 2010.
Malheureusement, au fil des années, le Parti Québécois a beaucoup négligé la dimension poétique et onirique de la souveraineté. Sommes-nous encore capables de rêver de ce pays ? Lettre à Bernard Landry et à Pauline Marois. Le 1er novembre 2010.
Si Joseph Facal fait le bon diagnostic lorsqu’il évoque la fatigue des Québécois, il se trompe de cible lorsqu’il met de côté l’indépendance et vise les acquis sociaux. Ajourner les actions du seul mouvement qui offre encore une résistance organisée aux forces ultralibérales du Québec pour privilégier des solutions proposées par un mouvement dont le seul objectif est précisément de diminuer ces acquis sociaux, loin de faire avancer la liberté et la justice au Québec, risquerait, au contraire, d’annihiler tout espoir pour l’individu de vivre en homme ou en femme libre. Le pessimisme de Joseph Facal. Le 3 novembre 2010.
Si j’étais Pauline Marois, je me méfierais. Elle a peut-être enlevé Kamouraska-Témiscouata aux mains des libéraux, mais elle n’a pas réussi à faire le plein de votes chez les indécis et les mécontents dont plusieurs ont préféré rallier l’ADQ. (…) Ces résultats quelque peu décevants pourraient bien signifier que les indécis n’ont pas suivi le courant de grogne populaire qui prévaut actuellement au Québec et ont préféré voter dans une importante proportion avec le PLQ, alors qu’une moindre part de ceux-ci est allée rejoindre le vote de contestation qu’a réussi à drainer l’ADQ. L’énigme de Kamouraska-Témiscouata. Le 1er décembre 2010.
À l’image des romans de Zola et de Dickens, pendant que les riches ergotent au salon au sujet de l’indigence et de l’inculture des misérables, les pauvres besognent au charbon. Mais cette fois-ci, il n’y aura pas de révolution, c’est la consommation qui mène le monde. Après ça, on se demande pourquoi la démocratie est en danger. La réponse est pourtant évidente. Plus personne n’a le temps de s’en occuper sauf les plus riches qui veillent à leurs intérêts. Les pauvres ont trop d’ouvrage et de comptes à payer ! Si Socrate vivait encore aujourd’hui, il conclurait certainement que les inégalités sociales nuisent aux affaires de la Cité. Les méprisables. Le 16 décembre 2010.
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
23 janvier 2012Je ne comprends pas que tous les observateurs sous estiment le pouvoir des médias.
J'ai observé ce phénomème à Québec. Depuis 20 ans que j'y suis et j'ai vu tranquillement l'opinion publique de Québec suivre certaines radios poubelles qui jour après jour cognent
sur les péquistes les associant à la gauche, soit des gens qui profitent du système, des gens grassement payés par le gouvernement.
A tous les jours, ces animateurs massacrent les indépendantistes tellement que la région de Québec qui pourtant était divisée assez également auparavant est maintenant la région la plus réfractaire.
Je n'y vois l'explication de l'influence des médias pro fédéralistes.
Vous contrôlez le message, vous allez gagner la guerre des mots et de l'influence sur la population. Les gens croient ce qui est écrit.