Le sénateur Housakos poursuit RueFrontenac et ses journalistes pour 150 000$

L'affaire Housakos

Vincent Larouche - Se disant victime de diffamation et d’atteinte à sa réputation à la suite d’un reportage publié par Rue Frontenac, le sénateur conservateur Leo Housakos intente une poursuite en dommages de 150 000$ contre les journalistes Fabrice de Pierrebourg et Yves Chartrand ainsi que le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal et Raynald Leblanc, son président.
M. Housakos, dont le nom a été évoqué plusieurs fois par les partis d’opposition à la Chambre des communes cette semaine, en veut à l’article des deux reporters intitulé «Léo Housakos – Un proche de Stephen Harper bailleur de fonds pour plusieurs partis au Québec».
Selon le sénateur et ses avocats du bureau Fraser Milner Casgrain, l’article des deux journalistes d’expérience «rapporte plusieurs faits qui sont faux et qui constituent des allégations diffamatoires à l’égard du demandeur, entachant ainsi irrémédiablement la réputation de ce dernier».
M. Housakos inclut dans sa poursuite le président du Syndicat des travailleurs de l’information, Raynald Leblanc, en tant que «propriétaire» du site RueFrontenac.com, qui, rappelons-le, est publié par les 253 membres en lock-out du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal. Outre les 100 000$ en dommages moraux et les 50 000$ en dommages-intérêts punitifs et exemplaires, il demande à la Cour d’obliger les défendeurs à lui présenter des excuses publiques.


Il nie être proche d’Accurso
Dans une mise en demeure envoyée récemment aux journalistes, il précisait les propos qu’il juge inexacts et diffamatoires dans l’article. Il nie ainsi être un proche de l’entrepreneur en construction Tony Accurso, et il reproche à l’article de le présenter comme «l’organisateur» d’une récente soirée de financement pour le Parti conservateur, alors qu’il ne serait en fait qu’un des nombreux membres du comité organisateur.
Il déplore aussi qu’on le présente dans le texte comme le président de la filiale TerrEau de BPR, alors qu’il dit avoir quitté ce poste en octobre dernier.
Le plus jeune sénateur du pays affirme aussi que les journalistes ont manqué à leur devoir en négligeant de recueillir sa propre version des faits. Une allégation niée par le journaliste Fabrice de Pierrebourg, qui assure avoir parlé à trois reprises avec Housakos.
«Il m’a même dit de ne plus le rappeler sur son cellulaire personnel», a expliqué le journaliste mardi.
L’avocat de Rue Frontenac, Me Normand Tamaro, est surpris de constater que la poursuite vise aussi le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal et le président du syndicat en plus des auteurs de l’article.
«Il y a des défendeurs qui n’ont pas d’affaire là. Par exemple, c’est la compagnie propriétaire de Rue Frontenac qui devrait être visée par la poursuite, pas le syndicat», dit-il.
Sur les liens allégués de Housakos et Tony Accurso, l’avocat se surprend qu’on puisse y voir de la diffamation. «Je ne vois pas en quoi c’est un problème d’être ou non un proche de monsieur Accurso. Je ne vois pas en quoi c’est diffamatoire de dire que quelqu’un l’est.
«MM. de Pierrebourg et Chartrand ont fait un travail journalistique approprié selon moi. La question qu’on va demander à la cour, c’est est-ce qu’on peut encore être journaliste au Canada en 2009, ou alors doit-on seulement faire des textes sur la température des années passées pour éviter des poursuites?» poursuit Me Tamaro.
Rappelons qu’après Rue Frontenac, le quotidien Le Devoir a lui aussi publié des articles sur le rôle allégué de M. Housakos dans le financement politique. Ce mardi, le journal affirmait que trois proches du sénateur ont été nommés à des postes fédéraux.
Le chef démissionnaire de l’ADQ, Gilles Taillon, a aussi mis en cause M. Housakos dans des déclarations sur les raisons de son départ de la tête du parti.


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