Pauvres libéraux provinciaux !

Ça fait des mois qu’ils essaient d’ériger un mur entre Jean Charest et eux.

« L’ère Charest ? Ah ! non, non, c’est du passé... Ça n’a rien à voir avec notre gouvernement, le parti a tourné la page, on est tous rendus ailleurs... Ça fait des années qu’on ne lui parle plus... »

Or, qui sera la vedette principale du gros pow-wow libéral, ce week-end ?

Jean Charest lui-même.

En chair et en os.

« Salut, les petits amis ! Vous vous souvenez de moi ? Je vous ai apporté des bonbons pour votre fête ! Venez, on va se rappeler de bons souvenirs... »

UN WEEK-END À VEGAS

D’un côté, les libéraux doivent se dire : « Ah non... Le revoilà ! »

De l’autre, ils doivent penser : « Enfin, le revoilà ! »

Parce que Jean Charest, c’est comme la blonde rock’n’roll avec qui tu sortais avant de te marier.

T’sais, la fille délurée avec qui t’avais un fun noir ?

Tu n’as jamais voulu la présenter à tes parents parce qu’elle avait mauvaise réputation, mais maudit que tu t’éclatais avec elle !

Rire pour mourir ! Oui, elle avait des relations douteuses, eh oui, elle te mettait parfois dans le trouble, mais avec elle, au moins, tu t’amusais ! Tu scorais !

Alors qu’aujourd’hui, t’es rangé. T’as marié une neurochirurgienne respectable, qui brille en société et qui ne te fait jamais honte...

Mais Dieu que tu te fais chier !

Un long dimanche de pluie...

C’est ça, le pow-wow libéral de ce week-end.

T’es assis tranquille avec ta femme bourgeoise, à écouter Radio classique en cognant des clous, et qui sonne à la porte ?

Ton ex ! Avec une bouteille de cognac dans une main et un sac d’argent dans l’autre, qui te dit : « Aye, bébé, j’ai deux billets aller-retour pour Vegas, ça te tente-tu ? »

LE BON VIEUX TEMPS

D’un côté, tu te dis : « Mets-en, que ça me tente ! Ça fait trois ans que je vis cloîtré dans un couvent avec bobonne ! »

De l’autre, faut pas que t’aies l’air trop content de voir ton ex, sinon ta femme va être en simonac.

Alors, tu gigotes dans l’entrée, ne sachant trop quoi dire...

« Ah, salut, c’est l’fun de te voir ! T’aurais dû prévenir... Vegas ? Ah, ça serait ben plaisant, vraiment, j’aimerais beaucoup t’accompagner, mais j’avais prévu de jouer à Quelques arpents de piège avec ma femme et mon beau-frère... »

Qui, selon vous, va soulever les militants libéraux, ce week-end ?

Qui va les faire rire, qui va les faire rêver, qui va les prendre par les tripes ?

Johnny Boy.

Pendant quelques heures, les libéraux vont oublier les allégations, les rumeurs et l’enquête de l’UPAC, et ils vont juste penser au bon vieux temps où le boss faisait ce qu’il avait à faire pour gagner.

Et puis dimanche, quand Philippe Couillard va prendre la parole pour clore le party, ils vont revenir lentement à la réalité...

Oui, on est plus propre. Oui, on est plus respectable, plus fréquentable.

Mais à quoi ça sert, si nos chances de gagner ne cessent de diminuer ?