La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) est en négociation avec le gouvernement du Québec depuis août 2024, et rien ne laisse présager un quelconque règlement entre les deux parties. À cet effet, la dernière proposition du gouvernement déposée sur la table fait état d’une catégorisation par couleurs des patients selon la gravité de leur état de santé.
Ainsi la couleur verte serait attribuée aux utilisateurs avec une affection mineure ou qui ont des problèmes épisodiques, la jaune représenterait les patients avec affections mineures chroniques sans impact fonctionnel, l’orange serait associée aux affections modérées nécessitant un suivi régulier et la rouge serait attribuée aux personnes présentant des conditions complexes et des troubles de santé majeurs.
Questionnée pour savoir si elle accepterait de classer ses 500 patients par couleur, la Dre Louise Caron est catégorique : « Jamais! Chacun de mes patients mérite son inscription ». Elle donne l’exemple d’une patiente, jeune professionnelle et mère de trois enfants, qu’elle a reçue à son cabinet dernièrement. « Elle a établi un lien de confiance avec moi, explique la Dre Caron, qui dit avoir été en mesure de noter un trouble d’adaptation ou une dépression chez cette patiente. Si elle n’était pas suivie par un médecin de façon régulière, probablement qu’avec la pression sociale, elle ne serait pas capable d’admettre qu’elle a un problème. Ce sont des gens vulnérables, mais non vulnérables aux yeux de l’INESSS ».
De surcroît, l’omnipraticienne prétend que, si les médecins de famille ne continuent pas de voir régulièrement leurs patients jugés en santé, le système de santé va récolter les complications subséquemment. « Il y a énormément de prévention qu’on fait dans notre bureau », argue la Dre Caron, qui a accepté de prendre en charge environ 500 patients supplémentaires par l'entremise du guichet d’accès à la première ligne (GAP), « mais la durée des interventions est plus courte. C’est très serré, donc tu vas traiter une sinusite, une otite, un bébé qui a une amygdalite, des influenzas, mais le suivi régulier de nos patients demeure important. C’est vraiment ce qui permet d’éviter une catastrophe », conclut-elle.
Enfin, le patient de couleur verte ne risque-t-il pas de perdre son médecin de famille au détriment d’un patient rouge dans quel cas le problème d’admissibilité à un médecin de famille serait tout simplement déplacé? Une question qui suscite de vives inquiétudes auprès des médecins et des patients...en bonne santé !
Henri Marineau, Québec
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1 commentaire
François Champoux Répondre
26 avril 2025Bonjour M. Marineau,
Ce gouvernement est en faveur du retour au privé et manque de justes réflexions.
Vous n’osez pas vous prononcer, M. Marineau, sur cette façon de catégoriser les citoyens sur leur état de santé, mais la Dre Caron a raison : on ne fait que déplacer le problème avec ces codes de couleur.
Si une personne est en santé, qui dit que ce n’est justement pas à cause de notre système de santé qui doit (devrait) favoriser la prévention?
M. Dubé a abdiqué et il ne fait plus que chercher à sauver la face. Et les médecins ont perdu leur vocation d’antan : aider les citoyens à se garder en santé. Personne ne sauvera quiconque de la mort. Et c’est payant de le faire croire…
François Champoux, Trois-Rivières