Voilà une annonce de nature à rassurer ceux qui, à outre-Atlantique, s’inquiétent de l’influence que peuvent avoir certains conseillers de Donald Trump. Ainsi, afin de remplacer le sulfureux général Michael Flynn, contraint à la démission pour avoir eu des contacts non autorisés avec l’ambassadeur russe en poste à Washington, le général Herbert Raymond « H.R. » McMaster a été désigné pour diriger le stratégique Conseil de sécurité nationale (NSC) à la Maison Blanche. Et cela, alors qu’il est encore en exercice.
Cette décision, annoncée le 20 février par le président Trump depuis sa résidence de Mar-a-Lago en Floride, a été saluée par le sénateur républicain John McCain, très attentif aux orientations prises par la nouvelle administration américaine en matière de politique étrangère.
« Le général HR McMaster est un excellent choix pour le poste de conseiller à la sécurité nationale. J’ai l’honneur de le connaître depuis plusieurs années. C’est un homme authentiquement intelligent et compétent. Il sait comment réussir. Je donne au président Trump un grand crédit pour cette décision […] Je ne pouvais pas imaginer une meilleure équipe pour la sécurité nationale que celle que nous avons en ce moment », a en effet réagi M. McCain, en évoquant implicitement les généraux Mattis (Défense) et Kelly (sécurité intérieure).
Plusieurs noms pour succéder au général Flynn ont circulé ces derniers jours, comme celui de John Bolton, un ancien ambassadeur des États-Unis auprès des Nations unies du temps de l’administration Bush Jr. Mais deux personnalités semblaient tenir la corde : le général David Petraeus et l’amiral Robert Harward. Mais les deux hommes ont décliné l’offre. Le premier, par ailleurs ancien directeur de la CIA, n’aurait pas eu assez de garanties sur la composition de son équipe. Quant au second, il n’a pas donné dans la langue de bois : pas question, aurait-il confié, selon CNN, de reprendre un « bâton merdeux ».
Il faut dire que la présence, au sein du Conseil de sécurité nationale (NSC), de Stephen Bannon, l’éminence grise – et controversée – de Donald Trump, fait polémique. D’autant plus que le chef d’état-major interarmées et le Directeur national du renseignement n’y siégeront plus de façon permanente.
La carrière du général McMaster, 54 ans, est exemplaire, hormis un accroc en 2006, quand, probablement à cause de son franc parler et de sa liberté d’esprit, il ne fut pas inscrit au tableau d’avancement pour obtenir ses étoiles de général, ce qui, à l’époque, avait étonné la presse, au vu de ses états de service.
Diplômé de l’Académie militaire de West Point, le général McMaster s’illustra en tant que capitaine au sein du 2nd Armored Cavalry Regiment, lors de l’opération « Tempête du Désert », en Irak (1991). À la tête de son escadron, il avait détruit plus de 80 chars de la Garde républicaine irakienne sans perdre un seul de ses M1 Abrams, au cours d’une manoeuvre qui fait désormais partie des manuels. Ce qui lui vaudra la Silver Star ainsi que les honneurs du livre Armored Cav: A Guided Tour of an Armored Cavalry Regiment, de Tom Clancy.
En 1997, le général McMaster fit de nouveau parler de lui sur un tout autre terrain. Cette année-là, il publia « Dereliction of Duty: Johnson, McNamara, the Joint Chiefs of Staff, and the Lies That Led to Vietnam
« , un livre qui, salué par la critique, s’interessait au manque d’audace et de courage du commandement militaire américain face au pouvoir politique lors de la Guerre du Vietnam. Ce qui peut toujours être utile actuellement…
Par la suite, le général McMaster alterna les postes en état-major, en particulier à l’US Centcom, et le commandement d’unité. À ce titre, à la tête du 3rd Armored Cavalry Regiment et dans le cadre de l’opération Restoring Rights, il contribua à réduire les bastions insurgés à Tal Afar, en Irak. Les tactiques alors employées permirent à l’armée américain de remporter l’un de leurs premiers succès significatifs face à l’insurrection.
Plus tard, il fera partie de l’équipe chargée de conseiller le général David Petraeus, artisan de la défaite des groupes terroristes irakiens en 2007, puis il sera affecté à l’Army Capabilities Integration Center (ARCIC), un organisme chargé d’élaborer la doctrine de l’armée américaine, avant de partir en Afghanistan au titre d’adjoint au commandant de la planification à la Force internationale assistance à la sécurité (ISAF).
Affecté à l’Army’s Manoeuver Center of Excellence (MCoE) de Fort Benning, dont il prit le commandement en 2014, le général McMaster fut considéré par le magazine Time comme faisant partie des 100 personnes les plus influentes du monde, notamment parce qu’il passait pour être « l’architecte de la future armée américaine ».
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