Il y a trois ans, après les attaques terroristes contre la rédaction de Charlie Hebdo et du magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes, le gouvernement décida de lancer l’opération intérieure Sentinelle en mobilisant 10.000 soldats pour protéger 830 points sensibles sur le territoire national.
Cette opération ne manqua de susciter quelques critiques : son efficacité fut mise en question, de même que son utilité. « Aujourd’hui, quoi qu’en disent l’armée de terre et le ministère de la Défense qui essaient de convaincre du contraire depuis le début, ces militaires sont utilisés comme des supplétifs des forces de police […] avec des pouvoirs extrêmement limités, qui font de la présence et de la sécurisation à minima », a ainsi estimé Elie Tenenbaum, auteur d’une étude sur Sentinelle pour le compte de l’IFRI.
Par ailleurs, cette opération donna lieu à de fortes tensions au sein de l’armée de Terre, notamment au niveau de la préparation opérationnelle de ses unités. Et c’est sans parler des conditions d’hébergement des militaires sollicités ainsi que des sujétions inhérentes à cette mission. Cependant, le dispositif de Sentinelle a depuis évolué. Désormais, avec 7.000 soldats (plus 3.000 en réserve), il se veut « plus flexible et plus mobile ».
Cela étant, les enquêtes d’opinion se suivent et le confirment : Sentinelle est véritablement plebiscitée par les Français. Ainsi, selon un sondage qui, réalisé en octobre 2017 par l’IFOP, vient d’être rendu public par la Délégation à l’information et à la communication de la défense (DICoD), 83% des personnes interrogées approuvent cette opération intérieure. Soit une hausse de 8 points en un an.
Cette forte adhésion à Sentinelle est probablement due à plusieurs incidents ayant eu lieu en 2017, comme par exemple l’affaire du Carrousel du Louvre, où un terroriste présumé fut neutralisé par quatre militaires, ou encore celle du Hall 1 de l’aéroport d’Orly-Sud, où un individu « connu des services de police et de renseignement » tenta de s’en prendre à trois aviateurs avant d’être abattu.
L’on pourrait encore citer l’interpellation, grâce à une patrouille Sentinelle, d’un individu ayant brandi un couteau en criant « Allah Akbar » à la tour Eiffel (5 août 2017) ou encore le sang froid dont fit preuve un réserviste du 1er Régiment Étranger du Génie pour neutraliser l’assassin de deux jeunes femmes à la gare Saint-Charles, à Marseille.
L’année 2017 a également été marquée par l’attaque à voiture contre une patrouille Sentinelle à Levallois-Perret (6 blessés, dont 3 graves).
Toujours selon le même sondage évoqué par la DICoD, 84% des Français « font confiance aux armées pour intervenir sur le territoire national en cas d’attaque terrroriste ». Ce qui est cohérent avec l’adhésion à l’opération Sentinelle.
Par ailleurs, 92% des personnes interrogées estiment que la menace terroriste demeure élevée. D’où, également, le fort soutien à l’opération Chammal (88%). Les mission contre Daesh (État islamique ou EI) en Irak et en Syrie « sont soutenues par une part toujours croissante de l’opinion », souligne la DICoD. Et 84% des Français considèrent « qu’il faut les poursuivre jusqu’à ce que Daesh ne soit plus une menace. »