Le Québec doit se préparer dès maintenant aux changements climatiques afin de réduire autant que possible les risques d’impacts économiques négatifs, mais aussi de bénéficier des avantages qu’ils pourraient offrir, avertit Alain Bourque, le directeur général de l’organisme Ouranos.
« Le changement climatique, malheureusement, est déjà amorcé et il faudra apprendre à vivre avec une réalité climatique différente », prévient-il.
« Il y a une dérive dans les paramètres climatiques qui s’exprime dans les températures, les précipitations, la fréquence et la durée des événements extrêmes, la couverture de neige, les changements du cycle de l’eau, et cela a des impacts de plus en plus concrets sur les gens », a souligné le directeur du consortium qui réunit plus de 400 scientifiques et autres experts chargés, justement, d’étudier l’impact des changements climatiques, d’identifier les risques qu’ils représentent et de proposer des solutions pour s’y adapter.
« Le Québec n’a pas besoin de plus de rapports scientifiques qui s’accumulent sur les tablettes ; le Québec a besoin de plus de rapports scientifiques qui sont utilisés, qui sont transformés en décisions pour pouvoir mieux gérer les risques qui arrivent avec les changements climatiques », a-t-il déclaré en expliquant la mission d’Ouranos.
Il a souligné, par exemple, l’érosion beaucoup plus rapide des côtes du fleuve Saint-Laurent. « Il y a à peu près 15 ans, dans l’est du Québec, les taux d’érosion dans les zones côtières — soit la disparition de la zone côtière à la mer — se mesuraient en centimètres. Maintenant, de plus en plus, on la mesure en mètres. C’est du territoire perdu et certaines municipalités ont des cadastres de terrain qui sont rendus sous l’eau. »
Au-delà des impacts négatifs, toutefois, les chercheurs travaillent aussi activement sur les bénéfices potentiels du réchauffement, dont certains seront ressentis directement par les consommateurs. « Nous avons fait une étude économique qui démontre très clairement que le Québec va épargner beaucoup en coûts de chauffage. Dans ce cas-ci, il n’y a pas grand-chose à faire : les retombées positives vont se faire automatiquement en voyant concrètement les factures de chauffage diminuer », a indiqué M. Bourque.
D’autres secteurs présentent aussi des avantages potentiels, notamment les industries agricole et forestière, mais ceux-là exigeront une gestion de risque beaucoup plus serrée. « S’il y a suffisamment d’eau avec des températures plus chaudes, on pourra produire davantage, pour autant qu’on sache gérer les risques avec les maladies qui pourraient être plus fréquentes à cause des températures plus chaudes », a noté M. Bourque.
Cependant, il précise qu’il ne faut pas se laisser distraire par le rêve de profits à court terme, car ceux-ci risquent de tourner au cauchemar si les pouvoirs publics se détournent des objectifs de base.
M. Bourque tenait ces propos lors de l’annonce, vendredi, par le ministre de l’Environnement, David Heurtel, de deux subventions totalisant 4,1 millions de dollars à Ouranos.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
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