Les politiciens fêtent sous la pluie
Beauchemin, Malorie; Chouinard, Tommy - QUÉBEC - Tous étaient invités à participer aux festivités du 400e anniversaire de la ville de Québec. Seul le soleil ne s'est pas présenté. Si la pluie diluvienne a cessé en après-midi, elle a tout de même chamboulé les activités, et calmé les ardeurs de la foule... et des manifestants.
Accueilli par Jean Charest en matinée, le premier ministre de France, François Fillon, a participé aux célébrations, saluant "le courage des Québécois qui ont su maintenir le fait français en Amérique". À quelques reprises, il a parlé du Québec comme d'un "pays francophone". Il a même évoqué la visite du président Charles de Gaulle en 1967, marquée par le fameux "Vive le Québec libre!".
"Depuis un peu plus de 40 ans, nous avons tissé une relation unique, spéciale, directe et privilégiée. C'est de cette relation si forte que je veux témoigner par ma présence", a-t-il affirmé.
Québec et Paris souhaitent conclure une entente sur la mobilité de la main-d'oeuvre. Cet accord aura une "vocation d'exemple", a affirmé François Fillon. "Il sera d'autant plus unique qu'il se déroule entre deux pays francophones", a-t-il ajouté.
Quelques heures plus tard, à la cérémonie du salut à Samuel de Champlain, François Fillon a affirmé que le 3 juillet 1608 marque la naissance d'une civilisation française en Amérique. "La France s'est agrandie sans se diviser, elle s'est étendue sans se rompre. Il n'y a qu'une France. Et c'est elle qui, depuis quatre siècles, est présente en Amérique", a-t-il lancé.
Pour le premier ministre canadien Stephen Harper, également présent aux cérémonies, "les graines semées ici il y a 400 ans ont fleuri pour créer cette ville magnifique, une nation québécoise confiante et fière, et un grand pays canadien fort et libre". Samuel de Champlain n'est pas seulement le fondateur de Québec, mais aussi le premier gouverneur général du Canada, a-t-il ajouté.
De son côté, le premier ministre québécois Jean Charest a souligné que la nation québécoise a su "faire fleurir pendant 400 ans" la langue que Samuel de Champlain "a apportée dans ses bagages". "C'est notre héritage le plus précieux", a-t-il ajouté.
Quant au maire de Québec, Régis Labeaume, il a voulu tourner la situation météorologique catastrophique en concordance historique. "Nous célébrons ces fêtes à l'identique: le 3 juillet 1608, il pleuvait à Québec, et le tout a cessé vers 14h", a-t-il affirmé, faisant sourire la foule de dignitaires massée sous les parapluies.
Protestataires
Au lieu des quelque 500 manifestants attendus, ils étaient tout au plus une centaine de militants pacifistes venus dénoncer le défilé militaire dans les rues de Québec.
Au passage des soldats vêtus des uniformes militaires d'époque, les manifestants les ont hués à grands cris, tout en scandant: "Quatre cents ans d'impérialisme, pas de quoi célébrer."
Lorsque les contestataires ont essayé de bloquer le défilé militaire, les forces policières, très nombreuses, les ont encerclés et confinés dans un espace restreint.
"On a réussi un des objectifs, de perturber les cérémonies, d'être visibles et de passer notre message", a souligné Maxime Fortin, du collectif Guerre à la guerre, groupe initiateur de la manifestation, qui réclame le retrait des troupes canadiennes en Afghanistan.
La manifestation s'est déroulée sans casse, l'averse aidant à disperser les protestataires. Seules quelques escarmouches se sont produites entre des militants et des passants venus appuyer les soldats.
La pluie a aussi gâché le "off-400e". Le spectacle organisé par le collectif Commémoration Québec 1608-2008 et animé par Luck Mervil a attiré une centaine de militants souverainistes. Les organisateurs en espéraient un millier. Selon des artistes présents, comme Biz de Loco Locass, tout caractère historique des fêtes du 400e a été évacué et Ottawa a la mainmise sur les célébrations.
La chef du Parti québécois, Pauline Marois, et le leader bloquiste Gilles Duceppe ont participé à l'événement après avoir assisté à la cérémonie du salut à Champlain. Mme Marois a répliqué à Mario Dumont, qui l'a accusée de prendre part à un spectacle de "casseux de party".
"Je trouvais que c'était mon devoir d'être là avec les gens qui croient à cet avenir de pays pour le Québec", a-t-elle dit. Selon elle, "c'est évident que le fédéral essaie de récupérer" les fêtes du 400e à son avantage. Elle trouve "triste" que le fleurdelisé n'apparaisse pas sur le logo et les articles promotionnels du 400e.
Le spectacle commémoratif du 400e anniversaire en après-midi a dû être reporté de plus d'une heure, en raison de la pluie. Au moment où il allait débuter, à 17h, quelques rayons de soleil perçaient le ciel de Québec. Mais le mal était fait: le spectacle allait se tenir sans les dignitaires, dont l'horaire chargé ne permettait pas ce retard.
Des milliers de personnes se sont entassées devant le parlement pour assister à ce spectacle grandiose, animé par Yves Jacques - qui incarnait Samuel de Champlain - et réunissant une brochette d'artistes, comme Diane Dufresne, Robert Charlebois et Claude Dubois.
Tard en soirée, des feux d'artifice "aux dimensions encore jamais vues" ont clôturé la journée. Selon l'organisation du 400e, il s'agit du plus important spectacle pyrotechnique de toute l'histoire canadienne.
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