Le président élu Donald Trump a annoncé que le Partenariat transpacifique (PTP) passerait à la moulinette dès le premier jour de son entrée en fonction. Les adversaires de l’accord ne devraient pas se réjouir trop vite : le congrès américain est loin d’y être aussi opposé que le futur maître de Washington. Si ce dernier fait le pari d’en faire son premier geste une fois au pouvoir, il devra être conscient que ce sera aussi son premier combat présidentiel. Or, nous savons que Trump est parvenu à gagner deux fois (pendant les primaires et pendant l’élection présidentielle) contre son propre parti. Ce premier pari sera une occasion d'évaluer les réels talents politiques de l'homme.
Le libre-échange est passé à une nouvelle étape de son développement. Il n’est plus tant question d’abaisser les barrières tarifaires, lesquelles sont déjà très basses, que de démanteler les barrières non-tarifaires. Les accords dits « de nouvelle génération » sont appelés à transformer radicalement le visage des nations. Les États devront s’effacer partiellement devant les volontés des corporations, voire se mettre à leur service dans les situations prévues par les ententes.
L’unanimisme de la classe politique, dont le degré de réseautage avec les intérêts privés concernés par les négociations est parfois indécent, est flagrant. Lors de l’annonce, en 2015, en pleine campagne électorale fédérale, du contenu du Partenariat transpacifique, le premier ministre Stephen Harper a affiché un enthousiasme sans borne pour cette « nouvelle norme de référence des accords commerciaux mondiaux au XXIe siècle ». Son principal adversaire, Justin Trudeau, se montrait bien sévère et promettait de s’interdire toute signature de l’accord sans un débat de fond, sans la tenue études indépendantes et sans renégociation des principaux irritants. Trudeau a été élu le 19 octobre 2015, et le peuple comme les médias canadiens ont été moins portés à le surveiller que son prédécesseur – la faute, sans doute, à son aura progressiste, à sa jeunesse, à sa coolitude. Le 3 février 2016, le Canada a signé le PTP en Nouvelle-Zélande. À peine trois mois et demi s’étaient écoulés depuis l’élection du PLC. Vous souvenez-vous du grand débat démocratique, transparent et ouvert qui a eu lieu sur la question ? Pas moi.
Avec les accords de libre-échange de nouvelle génération, on passe véritablement de l’économie de marché à la société de marché. Joseph Stiglitz l’a declare il n’y a pas si longtemps : « the TPP is not about "free" trade ». La question des tarifs douaniers, qui n’ont jamais été aussi bas, n’est plus l’enjeu central depuis belle lurette. Nous assistons en fait à la constitution d’un système de contraintes conçu pour administrer le commerce et les investissements des pays signataires à leur place de manière à contenter leurs lobbys financiers et industriels.
Pour l’intérêt supérieur du Québec, espérons que Donald Trump remporte son premier combat présidentiel.
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